Le Theatre Francais

7/27/2019 Le Theatre Francais

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2006

Program postuniversitar de conversie profesionalpentru cadrele didactice din mediul rural

LE THTRE FRANAIS AUX XVIIET XVIII SICLES

Diana Carmen RNCIOG

SpecializareaLIMBA I LITERATURA FRANCEZ

Forma de nvmnt ID - semestrul III

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Ministerul Educaiei i Cercetrii

Proiectul pentru nvmntul Rural

LIMBA I LITERATURA FRANCEZ

Le thtre franais aux XVIIe et XVIIIesicles

Diana Carmen RNCIOG

2006


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2006 Ministerul Educaiei i CercetriiProiectul pentru nvmntul Rural

Nici o parte a acestei lucrrinu poate fi reprodus fracordul scris al Ministerului Educaiei i Cercetrii

ISBN 10 973-0-04568-2;ISBN 13 978-973-0-04568-0.


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Table des matires

Proiectul pentru nvmntul Rural 1

TABLE DES MATIRES

Unit dapprentissage Titre Page

Introduction 5

1 Repres historiques et culturels 6

Les objectifs de lunit dapprentissage 1 61.1 Caractrisation gnrale du XVIIe sicle 71.2 Latmosphre culturelle dans un sicle agit par les vnements

historiques ; lvolution des ides 7

Test dautovaluation 111.3 Le statut de lcrivain au sicle du classicisme 11Les cls du test dautovaluation 14Rfrences bibliographiques 15

2 Baroque /vs/ classicisme dans le thtre du XVIIe sicle 16

Les objectifs de lunit dapprentissage 2 162.1 Dfinition du courant et ses particularits franaises 172.2 La vision de lhomme et du monde dans le baroque 182.3 Lesthtique baroque 19

Test dautovaluation 202.4 Lesthtique classique ; LArt potique de Boileau 202.5 Tableau de textes thoriques et darts potiques 24Les cls du test dautovaluation 26Test de contrle 2 27Rfrences bibliographiques 27

3 Lhrosme et la noblesse des passions dans les tragdies de Corneille 28Les objectifs de lunit dapprentissage 3 283.1 Vers la tragdie classique 29

3.2 La polmique des rgles 303.3 Le spcifique du thtre cornlien 32Test dautovaluation 343.4 La moralit cornlienne 363.5 Le style des tragdies de Corneille 37Les cls du test dautovaluation 38Test de contrle 3 39Rfrences bibliographiques 40

4 tude littraire : Le Cidde Corneille 40Les objectifs de lunit dapprentissage 4 404.1 Le spcifique de la tragdie cornlienne 414.2 Lhistoire du Cid 41


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Table des matires

2 Proiectul pentru nvmntul Rural

4.3 Conclusions sur le chef-doeuvre cornlien, Le Cid 46Test dautovaluation 474.4 Les personnages et le rapport dramatique 484.4.1 Rodrigue 484.4.2 Chimne 484.4.3 Don Digue 49

4.4.4 Don Gormas, le comte 494.4.5 Le roi Fernand 494.5 Considrations finales sur le thtre cornlien 50Les cls du test dautovaluation 51Test de contrle 4 51Rfrences bibliographiques 52

5 La violence des passions et la peinture de lamour chez Racine 53Les objectifs de lunit dapprentissage 5 535.1 Rappel de la thorie du thtre classique 54

5.2 Jean Racine un classique exemplaire 555.3 Les thmes fondamentaux de loeuvre racinienne 565.4 La peinture de lamour chez Racine 58Test dautovaluation 605.5 La complexit des mes et des caractres 615.6 Racine et la socit du XVIIe sicle 64Les cls du test dautovaluation 65Test de contrle 5 66Rfrences bibliographiques 66

6 La potique des tragdies raciniennes 67

Les objectifs de lunit dapprentissage 6 676.1 Simplicit de lintrigue 686.2 Les sujets bourgeois et communs 696.3 La vrit des passions : la faiblesse humaine 706.4 La posie du thtre racinien (mlodie et pittoresque) 72Test dautovaluation 73Les cls du test dautovaluation 76

Test de contrle 6 76Rfrences bibliographiques 77

7 Le gnie de Molire : vrit et comique 78Les objectifs de lunit dapprentissage 7 787.1 La personnalit de Molire ; son succs 797.2 La vision de Molire sur le rle du thtre 817.3 Lhypocrite chez Molire 827.4 Le spcifique du thtre de Molire 84Test dautovaluation 86

7.5 Les critiques du thtre de Molire 86Les cls du test dautovaluation 88Rfrences bibliographiques 88


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Table des matires


8 tude littraire :lAvare de Molire 89Les objectifs de lunit dapprentissage 8 898.1 Le contexte de lcriture de la representation de lAvare 908.2 Analyse de la pice 91

8.3 Le sujet de lAvare 948.4 Laction dans lAvare 96Test dautovaluation 988.5 Les caractres dans lAvare 988.6 La morale dans lAvare ; le comique et le style 100Les cls du test dautovaluation 102Test de contrle 8 102Rfrences bibliographiques 103

9 Lactualit des types crs par Molire 104Les objectifs de lunit dapprentissage 9 104 9.1 Molire, peintre de murs 105 9.2 Lart de peindre des caractres 106 9.3 Le comique de Molire 107 Test dautovaluation 108 9.4 Les ides de Molire 109 Les cls du test dautovaluation 113 Test de contrle 9 114 Rfrences bibliographiques 114

10 Repres historiques et culturels du XVIIIe sicle 115

Les objectifs de lunit dapprentissage 10 11510.1 Un nouveau climat politique et social 11610.2 Les moeurs et les ides du sicle des lumires ; science, beaux-arts et

littrature117

10.3 Le rationalisme et la sensibilit prromantique 118Test dautovaluation 119

10.4 Conclusions 120 10.5 Le cadre historique 121 10.6 Le cadre littraire 122 Les cls du test dautovaluation 123 Rfrences bibliographiques 123

11 Marivaux et le marivaudage 124

Les objectifs de lunit dapprentissage 11 12411.1 La carrire de Marivaux 12511.2 Le Jeu de lAmour et du Hasard 12711.3 Loriginalit de Marivaux ; le marivaudage 131Test dautovaluation 13211.4 Conclusions critiques sur le thtre de Marivaux 134

Les cls du test dautovaluation 135Rfrences bibliographiques 136


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Table des matires


12 Beaumarchais et la comdie des moeurs 137

Les objectifs de lunit dapprentissage 12 137 12.1 Beaumarchais, le grand crivain du classicisme finissant; sa vie, sa

personnalit138

12.2 Beaumarchais, auteur de comdies 139

12.3 Les traits caractristiques du thtre de Beaumarchais, son originalit 141 Test dautovaluation 142 12.4 Limportance du moment Beaumarchais dans le renouveau de la

comdie143

Les cls du test dautovaluation 145 Test de contrle 12 145 Rfrences bibliographiques 146

13 tude littraire: le Mariage de Figaro 147

Les objectifs de lunit dapprentissage 13 14713.1 Gense et fortune du texte; loriginalit du personnage de Figaro 14813.2 La Folle journe, une comdie en cinq actes 14913.3 Lanalyse du monologue de Figaro 152Test dautovaluation 15313.4 Les ides politiques et sociales dans le Mariage de Figaro 15413.5 Conclusions 155Les cls du test dautovaluation 157Test de contrle 13 157Rfrences bibliographiques 158

14 Limpact esthtique et social du thtre au XVIIIe sicle 159Les ojectifs de lunit dapprentissage 14 15914.1 Le rle du thtre au XVIIIe sicle; atmosphre fin dpoque 16014.2 Lesthtique du XVIIIe sicle; une invention de lpoque:le drame 161Test dautovaluation 16314.3 Panorama final du XVIIIe sicle 164Les cls du test dautovaluation 166Rfrences bibliographiques 166

Rfrentiel : Jugements critiques sur le thtre du XVIIe sicle 167

Bibliographie 177


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Introduction


INTRODUCTION

Le module Lethtre franais aux XVIIe et XVIIIe sicles faitpartie du programme dtude, domaine : langue et littraturefranaises. Il a le statut de cours optionnel de spcialit.

Son objectif est de mettre votre porte des informations et descommentaires concernant les auteurs reprsentatifs de la littraturefranaise qui ont jou un rle dterminant dans lvolution du genredramatique. Le but est de faire valoir la contribution de la doctrineclassique, de mettre en relief les particularits structurales etstylistiques de la tragdie et de la comdie au XVIIe sicle et de faire

comprendre les implications esthtiques et politiques de la comdieau XVIIIe sicle.

Le module comprend quatorze units dapprentissage dontchacune commence par la prsentation des objectifs.

Des Tests dautovaluation sont insrs dans chaque unitdapprentissage. Les espaces blancs prvus lintrieur de ces testssont rservs votre intervention crite. Pour vrifier vos rponses,vous devez consulter la rubrique Cls du test dautovaluation.

Les rubriques Ides retenir et Distinguez vous aideront faire le point sur les connaissances acquises.

La plupart des units dapprentissage contiennent, la fin, unTest de contrle. Des instructions concernant la transmission destests de contrle (tudiant tuteur) figurent en tte de chaque test.Vous y trouverez aussi des indications concernant le nombre depoints que vous pouvez accumuler.

Une annexe vous fournit des informations supplmentaires surles jugements critiques notables en ce qui concerne les crivainstudis.

Lvaluation de vos comptences, dans ce module dtude distance, domaine langue et littrature franaises, comporte deuxvolets: le contrle continu et lpreuve administre lors de lexamensemestriel. Dans la note finale, le contrle continu compte pour 40%.Le poids rserv lexamen final est de 60%.

Bon travail !


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Le XVIIe sicle: Repres historiques et culturels


Unit dapprentissage 1

LE XVIIe SICLE : REPRES HISTORIQUES ET CULTURELS

Sommaire page

Les objectifs de lunit dapprentissage 1 61.1 Caractrisation gnrale du XVIIe sicle 71.2 Latmosphre culturelle dans un sicle agit par les vnements

historiques ; lvolution des ides7

Test dautovaluation 111.3 Le statut de lcrivain au sicle du classicisme 11Les cls du test dautovaluation 14Rfrences bibliographiques 15

Les objectifs de lunit dapprentissage 1

Vous vous prparez pour connatre les principaux aspects concernant le phnomnethtral en France au cours de deux sicles : le XVIIe et le XVIIIe sicles. A la fin decette introduction, vous serez capables de reprer les traits caractristiques pour lesicle du classicisme :

lvolution des ides, les figures historiques notables, les vnements politiquesimportants ;

le cadre culturel avec ses manifestations spcifiques (livres, salons, journaux,etc.) ;

les dbats religieux et leur influence dans la littrature ; le statut de lcrivain au XVIIe sicle.


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1.1 Caractrisation gnrale du XVIIe sicle

Le XVIIe sicle franais est connu sous le nom du classicismepour la littrature et de Louis XIVpour lhistoire, tant le symbole dela grandeur, de lordre et de lautorit. Mais jusquau sommetreprsent par le rgne de Louis XIV, dit le Roi Soleil (fig. 1.1.1), la

France a connu aussi des priodes troubles. Pour le critique et pourlhistorien le sicle stend de 1610 (mort de Henri IV) 1715 (mortde Louis XIV), comprenant la rgence de Marie de Mdicis, le rgnede Louis XIII, la domination de Richelieu, la rgence dAnnedAutriche et le pouvoir de Mazarin (combattu par la Frondeparlementaire, la Fronde des princes). Lpoque du Roi Soleil estlillustration parfaite de la monarchie de droit divin, o le roi nestresponsable que devant sa conscience et devant Dieu.

Versailles devient le centre qui capte tous les regards, toutes lesambitions, tous les talents. Pour devenir fameux en France, il faut

attirer lattention du roi, tre remarqu par lui. Cest la cour quiimpose la mode, le got, le bon ton. Cest toujours la cour qui vaimposer lidal de lhonnte homme , cultiv, distingu, discret,galant, ayant une lgance extrieure et morale aussi. Il possde lanoblesse du coeur, malgr son origine modeste quelquefois (il neressemble jamais aux parvenus dcrits par Molire). Lcrivainclassique sera, lui aussi, un honnte homme qui crit pour leshonntes gens. Louis XIV va encourager ce type dcrivain et parmises favoris seront Racine, Boileau, Bossuet. Il a lintuition quelcrivain ne doit pas tre uniquement soumis son protecteur, quilfaut admirer son gnie, mme si on ne laime pas (cest le cas pour

La Fontaine que Louis XIV naimait pas du tout ; cest pourquoi le roiva se limiter retarder llection du fabuliste lAcadmie franaise).

1.2 Latmosphre culturelle dans un sicle agit par les vnementshistoriques ; lvolution des ides

En effet, du dernier tiers du XVIe sicle au milieu du XVIIesicle, linstabilit rgne dans tous les domaines. Du point de vuepolitique, on constate la tendance de la monarchie dunifier et de

centraliser, tandis que les parlements parisiens et provinciauxessaient de simposer en limitant ou contrlant le pouvoir royal ; lesprotestants, depuis ldit de Nantes (1598), se sont regroups etdtiennent des troupes et des villes, telle La Rochelle, dont Richelieubrisera la scession en 1628. Enfin, lpoque est guerrire : outre lesFrondes, la France est mle divers conflits, la guerre de TrenteAns surtout ( partir de 1635). Ce monde agit se reflte dans lart,dans ce quon nomme lge baroque.

Llan optimiste de la Renaissance est tomb. Lexemple deMontaigne a t assimil par les crivains de lpoque, ce qui a

provoqu une vraie rvolution intellectuelle : les grandes dcouvertesde civilisations inconnues ont oblig reconsidrer les thoriestraditionnelles de lorigine de lhumanit et ont accentu la relativit

Louis XIV, fils deLouis XIII et AnnedAutriche.A la mort de sonpre, Louis XIVnavait que 5 ans.Sa mre, AnnedAutriche, devintrgente et pritMazarin pourgouverner. Le jeuneroi souffrit destroubles de laFronde. Il fut sacr Reims en 1654. En

1660, il pousalinfante dEspagneMarie-Thrse. Sonrgne personnelcommena la mortde Mazarin (1661)

Louis XIV (1638-1715)


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des croyances religieuses. Quant ltude du Cosmos, il fautmentionner la contribution de Copernic (1473-1543) qui a ruin legocentrisme, tout comme lexemple de Giordano Bruno ( brl vifen 1600) qui a imagin une thorie des univers muliples; son tour,Kepler (1571-1630) dfinit les lois de lattraction et les orbiteselliptiques des plantes. Lhomme est par consquent immerg dans

un infini spatial en extension qui le dpasse en nature et en mesure :les auteurs vont ragir en ironisant sur toutes les certitudes, telCyrano de Bergerac ou en sinterrogeant sur le mystreincomprhensible de notre condition, comme le fait Pascal, dans sesPenses :

Que lhomme tant revenu soi considre ce quil est au prix dece qui est, quil se regarde comme gar, et que ce petit cachot o ilse trouve log, jentends lunivers, il apprenne estimer la terre, lesroyaumes, les villes, les maisons et soi-mme, son juste prix./.../

Car enfin quest-ce que lhomme dans sa nature ? Un nant

lgard de linfini, un tout lgard du nant, un milieu entre rien ettout, infiniment loign de comprendre les extrmes ; la fin deschoses et leurs principes sont pour lui invinciblement dans un secretimpntrable.

Lunit est donc mise en cause : celle dun pouvoir centralcomme celle dun univers dont lhomme serait le centre. Cettefragmentation favorise et explique la libert de cration : le dbut dusicle est caractris par la fantaisie, limagination, lirrgularit.Richelieu, Mazarin, Louis XIV vont essayer de matriser ce dsordre,chose qui sera accomplie par le Roi-Soleil, vers 1680. On peut

distinguer trois tapes dans ce processus: jusquen 1630 (Henri IV,rgence de Marie de Mdicis, dbut du rgne de Louis XIII) cest unepriode de troubles la littrature baroque exalte lexcs,lindividualisme et lostentation.

De 1630 1661 (fin du rgne de Louis XIII, domin parRichelieu, rgence dAnne dAutriche qui sappuie sur Mazarin) lavolont unificatrice se prcise : rpression sanglante de la Fronde,rduction progressive des pouvoirs des parlements locaux. Richelieuveille sur lorthodoxie et cre lAcadmie franaise en 1635. En cettepoque cohabitent un burlesque comme Scaron (alliant une sorte dejoyeuse trivialit une peinture, bouffonne mais trs lucide, de lasocit), des inventeurs logiques, comme Descartes ou Pascal, oudes gnreux comme Corneille, attachs au culte de lhonneur etde la matrise de soi.

Enfin, de 1661 1680, la monarchie absolue de Louis XIVinfluence profondment la littrature par la cration des acadmies,destines fixer des normes dans tous les domaines. En ce quiconcerne la pense de Richelieu, elle est fonde sur le principe dupouvoir unique de lEtat, de lautorit absolue du roi, laquelle doit

se soumettre tout: arme, finances, littrature. Par une ordonnancede 1629, le cardinal de Richelieu soccupe de lexamination de tousles ouvrages destins limpression, avant de leur accorder le

Jules Mazarin,prelate et hommedEtat franaisdorigine italienne(1602-1661) devientprincipal ministre dela rgente Anne

dAutriche etdemeurera jusqusa mort le matreabsolu du royaume,possdant uneimmense fortune etde trs richescollections dart.

Richelieu (1585-1642)


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privilge du roi , cest--dire lautorisation de paratre. Il encourageaussi Vaugelas, lun des premiers acadmiciens, rdiger LeDictionnaire de lAcadmie, dont le langage va simposer commemodle du bon usage pour toute llite et pour ceux qui formentlentourage du roi. Voici comme Vaugelas (1585-1650) dfinit le bon usage pour la France qui comportait environ dix millions

dhabitants vers 1650: cest la faon de parler de la plus saine partiede la Cour, conformment la faon dcrire de la plus saine partiedes Auteurs du temps. (Remarques sur la langue franaise, prface,1647)

Cest toujours grce Richelieu quon comprend limportance etle pouvoir des priodiquespar exemple, il autorise la publication deLa Gazette, un journal hebdomadaire qui relatait les vnementsconformment aux opinions du pouvoir). La Gazette sannonaitcomme le journal des rois et des puissants de la terre , contenantdes informations politiques et diplomatiques, chose qui va provoquer

la raction vhmente des anti-gazettes .

Richelieu a donc exerc une action sur les lettres franaises,contrlant et encourageant la fois, avec la conviction quenabsence de la presse et des livres, un pouvoir nest jamais sr de sastabilit.

La vie littraire de la premire moiti du sicle est intense,anime par des querelles et des dbats. La querelle du Cid nestquun exemple fameux parmi beaucoup dautres, lorsque le succsprodigieux de la pice de Corneille fut contest par ses adversaires.

En effet, entre 1620 et 1660 la littrature a connu lagitation, la satire,qui ne sont plus visibles la fin du sicle, sous le rgne de LouisXIV. Jusquau Roi Soleil, la France connat toute une littraturepopulaire (par exemple, sous le rgne de Louis XIII, il y a eu plus dequatre mille ouvrages dopposition, des pamphlets, de petits romansmoqueurs, etc.) Avec la Fronde et Mazarin, ces textes sont distribusmme dans la rue sous forme de mazarinades , contenant desmessages trs virulents : en matire de soulvement, on nestcoupables que davoir eu trop de modration.

A Paris, on voit se dvelopper toute une bohme littraire, desgens qui frquentent les cabarets ; ils ont une pense libertine etsont nomms burlesques ou grotesques . Dautres opposantssont groups dans les salons des milieux aristocratiques, o lonregrette lpoque des Valois, o lon exalte la politesse et leraffinement (dailleurs, cest dans ces salons que va se former lespritprcieux, qui aura une forte influence sur le classicisme).

A ce climat historique et culturel des annes 1630-1660 il fautabsolument ajouter les dbats religieux. Il y a un premier grandprocs fait un crivain, celui de Thophile de Viau, vnement

dmontrant limpossibilit de la libert religieuse. Cet crivain (1590-1626) tait n dans une famille protestante, mais tait considr unathe, un insoumis au pouvoir, ayant une rputation de pote

Richelieu, hommedEtat franais, n Paris (1585-1642).Ladministrationintrieure ducardinal de

Richelieu futsignale par dutilesrformes dans lesfinances, larme, lalegislation (codeMichau). Il fut lecrateur delabsolutisme royal,brisa les privilgesprovinciaux par lacentralisationadministrative etlinstitution desintendants. Il fondalAcadmiefranaise.


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vulgaire ; il sera accus dimpit, dimmoralit et sera condamn tre brl vif. Mme si sa peine sera commue en banissement,Thophile de Viau mourra peu aprs, par chagrin. Sa faute a t, eneffet, la rvolte contre les normes (La rgle me dplat, jcrisconfusment/ Jamais un bon esprit ne fait rien aisment.)

En tout cas, le conflit entre le monde moderne et le catholicismeest vivement ressenti par les croyants. Les jsuites (adeptes dunedoctrine proposant la tolrance religieuse, dans le sens que Dieupeut donner tous sa grce) cherchent des conciliations possibles,mais seront accuss par leurs ennemis, les jansnistes (ceux quicroyaient, au contraire, que la grce divine nest offerte qu un petitnombre dlus, malgr les efforts des autres dy aboutir ; cette foisans concession tait lie labbaye de Port-Royal, un foyer littraireessentiel pour lpoque). La doctrine jansniste, illustre brillammentpar Pascal, va lutter pour liminer le pittoresque, le dsordre, lesexagrations de la prciosit, en proposant en change la logique de

la grammaire, la profondeur de la pense, la sobrit du style.

La bourgeoisie, son tour, tait attache la tradition morale etdogmatique du catholicisme, ralit trs visible dans le thtre deMolire. Molire, comme La Fontaine, ont subi linfluence du courantlibertin, essayant une conciliation de la philosophie sceptique et duchristianisme tolrant les faiblesses humaines. Tous les deux onttudi attentivement les vices de leurs contemporains, avec lespoirde pouvoir les corriger, car, comme dira Pascal, il faut tirer profit dumal qui est beaucoup plus frquent que le bien ! Leur conclusionporte sur lide que lhomme nest pas compltement corrompu, quil

y a la possibilit dcarter les vices, par une lucide connaissance desoi-mme.

Chez dautres crivains nous rencontrons une vision plusamre, pessimiste. Racine et La Rochefoucauld croient au pouvoirmalfique des passions; selon eux, lhomme est la victime de sonamour-propre, de son orgueil, de son manque de volont et deraison.

Bref, les trois directions importantes sur lesquelles sappuie lalittrature classique vers le mileu du sicle sont : la dlicatesse de laprciosit, laspiration un ordre moral prudent et clair chez lesbourgeois et la lucidit rigoriste de Port-Royal. Ds 1637, LeDiscours de la Mthode de Descartes a cr les prmisses dundoute systmatique, suggrant la bonne voie de lattitudeintellectuelle et morale (obir aux lois et aux coutumesdu pays, lareligion de la famille, accepter que la pense est la grande fortune dechacun).

Blaise Pascal (1623-1662),mathmaticien,philosophe etcrivain franais,auteur desProvinciales et desPenses.


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Test dautovaluation

Vous avez parcouru la premire unit dapprentissage vousprsentant latmosphre socio-culturelle du XVIIe sicle.Vrifiez si vous avez bien retenu certains dtails. Consultezensuite la rubrique Les cls du test dautovaluation .

1. Quelle a t la contribution de Richelieu dans lvolution dela culture en France son poque ?

2. Formulez quelques apprciations sur les dbats religieuxdes annes 1630-1660.

3. Prsentez brivement la contribution du roi Louis XIV dansle domaine de la littrature.

1.3 Le statut de lcrivain au sicle du classicisme

En ce qui concerne le statut de lcrivain, nous pouvonsconstater que le dveloppement des salons, lapparition de la presseet linfluence du pouvoir sur les lettres sont des facteurs qui ontchang sa condition sociale; il nest plus oblig rester ferm dansson cabinet de travail, il peut se mler la bonne socit et gagnersa vie de sa plume de manire dcente. Les trois sources principalesde gain pour lcrivain de lpoque sont les ddicaces (usage deflatter les Grands), les pensions et les droits dauteur. Corneille, parexemple, sera bien pay pour avoir ddi sa pice Cinna ; pourtant,

ce genre de mcnatrisque de transformer lcrivain en domestiquelaudatif, appartenant en quelque sorte son protecteur (commeMolire, ses dbuts, et La Fontaine qui sont protgs par Fouquet).

Cest Louis XIV qui cre un mcnat officiel, une vritableclientle littraire. Il va charger Colbert, partir de lanne 1662, dereprer les meilleurs crivains pour les protger. Avec laide deChapelain, Colbert fait dresser une liste dune centaine de gens delettres , dont le troisime est Corneille (gratifi lt de 1663 par lasomme de 2000 livres, une livre ayant la valeur de 12 grammesdargent ou de 1,1 grammes dor, la monnaie conservant une valeur peu prs fixe de 1640 1690). Chapelain, lui, occupait la deuxime

position est avait la fonction de ministre des lettres . Pendant plusde trente ans les crivains seront pensionns, les sommes tant


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importantes, chose qui va changer aprs 1660, car les constructions(celle de Versailles, par exemple) ont vid les caisses.

En dehors des rtributions royales, les crivains commencent toucher des droits dauteur, mme si la proprit littraire est encoremal protge. Lcrivain vendait en gnral son manuscrit au libraire-diteur qui lexploitait ensuite a son profit. Par exemple, Molire vend

la pice Tartuffe pour 2000 livres. Les tirages restaient pourtantlimits : de 1000 1500 exemplaires. Dans sonArt potique (1674),Nicolas Boileau (v. fig. 1.1, portrait de lcrivain) faisait allusion toutes ces ralits et conseillait aux crivains dcrire dabord parvocation :

Travaillez pour la gloire, et quun sordide gainNe soit jamais lobjet dun illustre crivain.Je sais quun noble esprit peut, sans honte et sans crime,Tirer de son travail un tribut lgitime ;Mais je ne puis souffrir ces auteurs renomms,

Qui, dgots de gloire et dargent affams,Mettent leur Apollon aux gages dun libraire,Et font dun art divin un mtier mercenaire...

Colbert, hommedEtat franais, n Reims (1619-1683).Recommand Louis XIV parMazarin, dont il taitlhomme de

confiance, Colbertexera son activitdans tous lesdomaines deladministrationpublique. Par desmesuresprotectionnistes, ilfavorisa lindustrie etle commerce, fitveniren France desartisans deltranger, multipliales manufacturesdEtat, rorganisales finances, lajustice, la marine. Ilencouragea les artset les lettres.Membre delAcadmiefranaise, il fonda en1667 lAcadmie

des sciences.

Figure 1.1


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A la fin de ce chapitre introductif vous trouverez un tableauhistorique et culturel du XVIIe sicle.

1610Assassinat dHenri IVRgence de Marie de Mdicis

1616 Le cardinal de Richelieudevient secrtaire dEtat.1618-1648 Guerre de Trente

Ans1624 Richelieu entre au

Conseil du RoiLouis XIII fait construire le

premier Versailles1626 Edit contre les duels1628 Prise de La Rochelle,

dernire place de sret dfendue

par les protestants.1629 Richelieu principalministre

1635 Fondation de lAcadmiefranaise

1639 Rvolte des va-nu-pieds en Normandie

1642 Mort de Richelieu,remplac par Mazarin

1643 Mort de Louis XIII.Rgence dAnne dAutriche.

Condamnation du jansnisme parle Pape.

1650 Dbut de la Fronde desPrinces.

1643-1715 Rgne de Louis XIV1653 Fin de la Fronde1661 Dbut du rgne

personnel de Louis XIVArrestation de Fouquet,

surintendant des Finances, etprotecteur des nombreux artistes.

Le Vau commence construire le nouveau Versailles

1665 Colbert devient contrleurgnral des Finances.

1669 Louis XIV signe avec lepape Clment IX un accord quiassure la paix de lEglise .

1670 La France occupe laLorraine

1672 Dbut de la guerre de

Hollande.Louis XIV sinstalle Versailles.

1596 Naissance de Descartes1602 Shakespeare : Hamlet

1605 Malherbe devient poteofficiel.Mort de Cervantes

1606 Naissance de Corneille1619 Naissance de Cyrano de

Bergerac1621 Naissance de La Fontaine1622 Naissance de Molire1623 Emprisonnement de

Thophile de Viau : les libertins sont pourchasss.

1628 Mort de Malherbe.Descartes sinstalle enHollande.

1629 Mlite, premire pice deCorneille.

1630Apoge du salon de Mme deRambouillet

1633 Les thses de Galile sontcondamnes par le Saint-Office.

1636 Naissance de Boileau.1637 Descartes : Le Discours de

la Mthode.Corneille : Le Cid.

1639 Naissance de Racine1640 Corneille : Horace, Cinna.1641 Descartes : Mditations

mtaphysiques1642 Corneille : Polyeucte1644 Dbuts de Molire1647 Vaugelas : Remarques sur

la langue franaise.1650 Mort de Descartes,

Stockholm.1656 Pascal : premire

Provinciale.1659 Molire de retour Paris :

Les Prcieuses Ridicules.1660 Oedipe marquele dbutde

la seconde carrire de Corneille.1662 Mort de Pascal. Molire :

LEcole des Femmes1664 Maximes de La

Rochefoucauld ; interdiction deTartuffe de Molire.1666 Boileau : premires Satires.

Le XVIIe sicle,

une poque degrandeeffervescencepolitique,sociale etlittraire


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1678 Paixde Nimgue :apoge de la puissance de LouisXIV, qui annexe La Franche-Comt .

1679 Perscution contre lesJansnistes et contre les

protestants (dragonnades).1681 Entre triomphale deLouis XIV Strasbourg

1685 Rvocation de lEdit deNantes

1689 Achvement deVersailles.

1709 Destruction de Port-Royal.

1715 Mort de Louis XIV

1667 Racine :Andromaque ;Corneille :Attila

1670 Premire dition(posthume) des Penses de Pascal.Racine : Brnice ; Corneille : Tite etBrnice ; Molire : Le Bourgeois

gentilhomme.1672 Racine : Bajazet. Molire :Les Femmes savantes.

1673 Mort de Molire.1674 Racine : Iphignie ;

Corneille : Surna.Boileau :Art Potique.

1677Racine :Phdre ; Boileau etRacine sont nomms historiographesdu roi.

1678 Mme de La Fayette : La

Princesse de Clves. La Fontaine :second recueil de Fables.1683 Boileau et La Fontaine

entrent lAcadmie franaise.1684 Mort de Corneille.1688 La Bruyre : Les

Caractres.1689 Racine : Esther.1690 Dictionnaire de Furetire.1691 Racine :Athalie.1694 Dictionnaire de lAcadmie

1699 Mort de Racine. Fnelon :Tlmaque.

1711 Mort de Boileau.


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Les cls du test dautovaluationRponses et commentaires :

1. La contribution de Richelieu dans lvolution de la culturefranaise est fonde sur le principe du pouvoir unique de ltat,de lautorit absolue du roi, laquelle doit se soumettre tout:arme, finances, littrature. Lordonnance de 1629, initie parRichelieu, fait le contrle de tous les ouvrages destins limpression, avant de leur accorder le privilge du roi , cest--dire lautorisation de paratre. Vaugelas, lun des premiersacadmiciens, encourag par Richelieu, rdige Le Dictionnairede lAcadmie, dont le langage va simposer comme modle du bon usage pour toute llite et pour ceux qui formaientlentourage du roi.

2. Le meilleur exemple des dbats religieux est le conflit entreles jsuites et les jansnistes concernant la grce divine : lespremiers croyaient quelle est offerte tous, tandis que lesautres taient srs quelle tait rserve seulement une lite, un petit nombre dlus. Labbaye Port-Royal a t un vrai centrejansniste, dont lillustre reprsentant littraire fut Pascal.

3. La cration des acadmies, grce la monarchie absoluede Louis XIV, a favoris lpanouissement de la littrature. Louis

XIV a cr aussi un mcnat officiel, avec laide de son hommede confiance, Colbert. Il y avait donc une liste dune centaine degens de lettres qui taient des favoris (le troisime en ordre danscette hirarchie tait Corneille) ; au-del des rtributions royales,les crivains commencent toucher des droits dauteur. Engnral, le mrite de Louis XIV a t de croire au gnie delcrivain, mme sil ne ladmirait pas (ctait le cas pour LaFontaine).

Rfrences bibliographiques :

DARCOS, X., TARTAYRE, B. , Le XVIIe sicle, en littrature,Paris, Hachette, collection Perspectives et confrontations , 1987.

GA, F., RINC, D., Textes franais et histoire littraire, XVIe,XVIIe, XVIIIe sicles , Paris, Fernand Nathan, 1981, pp.82-84.


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Baroque/vs/ classicisme dans le thtre du XVIIe sicle



BAROQUE /VS/ CLASSICISME DANS LE THTRE DU XVIIe SICLE

Les objectifs de lunit dapprentissage 2 162.1 Dfinition du courant et ses particularits franaises 172.2 La vision de lhomme et du monde dans le baroque 182.3 Lesthtique baroque 19

Test dautovaluation 20

2.4 Lesthtique classique ; LArt potique de Boileau 202.5 Tableau de textes thoriques et darts potiques 24Les cls du test dautovaluation 26Test de contrle 2 27Rfrences bibliographiques 27


Quand vous aurez parcouru cette unit dapprentissage et effectu le testdautovaluation, vous serez capables de :

dfinir le baroque, en distinguant ses particularits franaises ; caractriser le baroque (la vision sur lhomme, lesthtique) ; prsenter la doctrine classique et les ides de LArt potique de Boileau.

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2.1 Dfinition du courant et ses particularits franaises

Le baroque est un courant europen, universel dont lesmanifestations les plus nombreuses sobservent surtout en Italie, enEspagne, mais aussi en France, au Portugal, en Angleterre, enAllemagne, en Roumanie.

La cration baroque cible notamment leffet sur le lecteur ou lespectateur, cest--dire provoquer la surprise et ladmiration par larvlation dun monde nouveau, o tout serait apparemmentpossible, comme par magie. A son tour, le spectateur accepte avecmerveillement lillusion (ralise par la technique du trompe-loeil etdes jeux de miroirs).

Par consquent, les artistes baroques exploitaient le pouvoir delimagination, lintelligence, lingniosit. Le thme favori tait la viephmre (la vie est un songe, une goutte de rose, une vapeur, un

arc-en-ciel, le monde est toujours changeant, etc). Lun des potesles plus fameux lpoque, Tristan LHermite (1601 ?-1655)choisissait les sujets les plus bizarres, les plus accidentels (Pour unebelle main cache, Apologie de la main tmraire, pitaphe dunpetit chien, etc.).

Le baroque emploie beaucoup de figures rhtoriques parmilesquelles la mtaphore, le paradoxe, loxymoron, lhyperbole.Comme dit Jean Rousset, la mtaphore peut tre multiple ou mme prolonge . Un autre procd frquemment utilis est le paradoxe( la vie est une mort ou mourir cest vivre ) Quant lhyperbole,

elle est une figure de prdilection : ses pleurs ressemblent untorrent , ses cris de tonnerre clatent

Le thtre baroque est un trs bon exemple de manifestationdu baroque. Concentre dans une seule journe, la pice abonde enlments (le jour de merveilles), lintrigue tant toujours surcharge,complique. Il y a aussi un grand nombre de personnages, beaucoupdentres et de sorties imprvues; le hasard intervient souvent, toutcomme lequiproquo, les fausses apparences, les malentendus. Bref,le baroque met en scne le jeu de ltre et du paratre. Lespersonnages sont des fes, des magiciens, des hommesmtamorphoss, etc. Le but est de rendre relle lillusion,denchanter le spectateur.

Souvent nous avons le thtre dans le thtre (dont le XXesicle - par la mise en abme de Gide - fera un procd de choix):les acteurs jouent des rles dacteurs, ils font des rptitions,arrangent les dcors, etc. Un sujet inpuisable dinspiration est lafolie (v. La Folie du sage de Tristan LHermite). On a donc beaucoupde dguisements, de masques, de mensonges, etc. Leffet esprtait de produire le vertige du spectateur, afin quil ne puisse

distinguer lapparence de lessence. De cette manire, le baroquesoppose au classicisme (le dernier cultivant, au contraire, lasobrit, la discrtion).

Lecture supplmen-taire: Barocul ca tip

de existendeEdgar Papu(BPT, Minerva,1977).


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Dans son livre Du baroque au classicisme (Editura Babel iEditura Universitii Bucureti,1993), Dolores Toma mentionne : onappelle baroque la culture europenne qui sest manifeste, avecdes prludes ou des survivances, entre 1550-1650. Certains laconsidrent comme une crise de la culture , en mettant aupremier plan le raffinement fin du sicle et la recherche de

lextravagance, aussi bien que le tragique et langoisse qui succde la joie et lidalisme de la Renaissance .

Il y a aussi dautres thories, cest--dire il y a des critiques quiappellent baroque toute la priode, tandis que dautresappellent manirisme la premire phase dubaroque, parce que lespeintres avaient commenc crer chacun sa manire. Le rococosera la dernire phase, au XVIIe sicle, et ses caractristiquessontune ornamentation excessive, avec des volutes et des coquillages,visibles surtout dans les meubles et la dcoration.

Pour vous, il est important de retenir que le baroque ne signifiepas seulement un style, mais toute une culture avec une visionparticulire sur le monde, avec certaines attitudes devant la vie,devant la mort.

2.2 La vision du monde et de lhomme dans le baroque

Le baroque est attir par linconstance et par linconsistance desformes, aux mtamorphoses (des crations dformes, des

monstres grotesques, des tres protiformes comme Prote ou desobjets qui svanouissent comme leau, les nuages, le vent). Ce quiest spcifique du baroque, cest la coexistence des contraires et leparoxysme de ces contraires.

Vous trouvez ci-dessus (fig. 2.1) une image suggestive pour lebaroque : les jardins de Versailles. Dailleurs, limage la plusfrquente dans le baroque est le labyrinthecomme expression des

sentiments ambigus lgard du monde, de la religion etc. Lebaroque emploie aussi la reprsentation du monde comme unthtre (theatrum mundi), en insistant sur lphmre de la vie et

Baroque (portug.Barroco); style quisest dvelopp auXVIe sicle, XVIIe etXVIIIe sicle,dabord en Italie et

puis en Bohme, enAutriche, enAllemagne, enEspagne.

Fi ure 2.1

Lphmre est unleitmotif de

lesthtique baroque


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des gens (elle nest quun rle, les gens sont des acteurs qui serontremplacs par les autres), tout est illusion.

Si, lpoque de la Renaissance, lhomme tait considr lamesure de toutes les choses, le centre du monde, le baroquepourrait tre considr anti-humaniste. Lanthropocentrisme

antrieur, affirme Dolores Toma dans le cours Du baroque auclassicisme,(Editura Babel i Editura Universitii Bucureti,1993,p.14), apparaissait comme une illusion ou une navet. Si pourlAntiquit la stabilit et la constance taient toujours valorises, pourle baroque cela compte aussi, mais plutt pour mettre en vidence lecaractre phmre de lhomme ( il ny a rien de constant quelinconstance ). Mme pour Montaigne lhomme semblait toujoursau milieu entre le natre et le mourir.

Lhomme baroque parle avec fascination de son anatomie etmme de la mort, pour expliquer lamour passionn de la vie. Do

lobsession de la mort, attitude qui suggre le dsenchantement pourcette vie phmre, fragile. Les historiens des mentalits ontremarqu chez lhomme baroque un dsir extraordinaire de vivre,une sorte d lan dionysiaque, dextase mystique ( Dolores Toma,Du baroque au classicisme, op.cit., p.18). Deux images trsfrquentes de lhomme baroque sont le camlon et Prote(le dieucapable de prendre des formes diverses). Lhomme baroque est plusintress sa propre individualit, ses mtamorphoses, auxpossibilits de devenir un autre, de se transformer par lamour, par lafolie, par un sortilge.

Il y a des critiques qui ont affirm que le drame a t dcouvertpar le baroque (v. A. Ciornescu, Barocul sau descoperireadramei, Cluj-Napoca, Editura. Dacia, 1980). On vous recommandecomme lecture supplmentaire le livre de Jean Delumeau, Le pchet la mort (Pcatuli frica, Iai,Polirom, 1998).

2.3 Lesthtique baroque

Lhomme baroque croyait aux valeurs de lostentation et desartifices, de la dissimulation et de la duplicit, il veut tre Dieu, crerdes choses inexistantes jusqu lui. Le monde baroque est un jeu deltre et du paratre, tant domin par les fictions, les illusions, lesmirages, les artifices, etc.

Pour lhomme baroque, lart est le but suprme de la vie, lescrations doivent blouir. Par exemple, il y avait des jardinsamnags dont les alles se transformaient en canaux ou enruisseaux; il y avait aussi des grottes artificielles, des jets deau quise multipliaient linfini, des statues, parfois gigantesques. Lesconstructions baroques sont toujours monumentales, richement

dcores de statues, qui semblent suggrer la mtamorphose, unvrai style pittoresque.

Montaigne(1533-1592), auteurdes clbresEssais

Images physiquesviolentes broient ethypnotisent lasensibilit duspectateur, priscomme dans un

tourbillon de forcessuprieures.


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Les artistes baroques ne voulaient pas imiter, mais tre uniques,inventer des formes curieuses, chose qui explique la fascination duXXe sicle pour cette poque. Lidal de luvre baroque est deprovoquer de grandes surprises, des effets inous. Lart baroque sevoulait violemment pathtique.

Test dautovaluation

Vous avez parcouru une unit dapprentissage vousprsentant le baroque. Vrifiez si vous avez bien retenu lesexplications fournies. Consultez ensuite la rubrique Les clsdu test dautovaluation .

1. Le courant baroque est-il dorigine franaise ?

2. Quels sont les thmes spcifiques du baroque?

3. Enumrez les moyens du thtre baroque.

2.4 Lesthtique classique; Lart potique de Boileau

Cette esthtique tout fait oppose au baroque sinstalle enFrance aprs 1640. Le classicisme simpose rapidement, favorispar ses normes autoritaires; en plus, il est peru comme unrenouveau national, par rapport au baroque qui tait une tendanceeuropenne et qui stait perptue aprs 1640 par des genres

mineurs (lopra ou les ftes royales).

Le texte qui rsume lessence de lesthtique classique est LArtpotique crit par Boileau en 1674. Ce texte reprsente le guide pourtous les auteurs de la littrature classique, en fixant les canonsformels, les rgles auxquelles ils doivent obir.

Tout doit tendre au bon sens cest le mot dordre pour les potesclassiques. Mais pour arriver cet idal de mesure, dquilibre il y aune longue route parcourir, nous avertit le thoricien Boileau : poury aboutir / Le chemin est glissant et pnible tenir. La tnacit,

lexercice de volont et de lucidit sont les ingrdients essentiels dela gense du pome ; sans le rappel constant de la raison, lcrivainconnat le doute, le dsquilibre :

Nicolas Boileau(1636-1711),thoricien duclassicisme, a critaussi une oeuvrepotique(Satires, ptres, LeLutrin).


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Pour peu quon sen carte, aussitt on se noie.La raison pour marcher na souvent quune voie.Aimez donc la raison : que toujours vos critsEmpruntez delle seule et leur lustre et leur prix.

Le grand danger, le pril imminent - si lcrivain scarte desnormes formules par Boileau - , cest le manque de clart,lambigut, les ornements excessifs des vers. Dailleurs, lauteur deLArt potique parle dune abondance strile des crivains qui nesavent pas censurer leur lan crateur. Chaque dtail inutile nuit llaboration du pome (Tout ce quon dit de trop est fade et rebutant/ Lesprit rassasi le rejette linstant).

La conclusion quon peut tirer du texte de Boileau est formuledans le vers : Qui ne sait se borner ne sut jamais crire.A remarquerle jeu des temps verbaux : saitet sut, suggrant la diffrence entre

la littrature exemplaire et ce qui ne reprsente que les modesphmres. Ce qui compte, cest le dtail, la nuance, sans perdre lavision densemble :

Souvent la peur dun mal nous conduit dans unpire

Un vers tait trop faible, et vous le rendez dur ;Jvite dtre long, et je deviens obscur ;Lun nest point trop fard, mais sa muse est trop

nue ;Lautre a peur de ramper, il se perd dans la nue.

Voil le principe de lesthtique classique : parfois peu signifie beaucoup . Andr Gide disait que le classicisme tend toutentier vers la litote. En effet, quelle sublime dclaration damour dansla rplique de Chimne, lhrone du Cid: Va, je ne te hais point.

La doctrine classique recommandait aux crivains nonseulement dimiter les Antiques, considrs le modle dans lart,mais aussi de cultiver la logique du discours au dtriment delimagination. On condamnait toute emphase, toute exagration detype burlesque ou prcieux. Le travail du pote doit tre laborieux, lefruit dune longue rflexion, dans le pur esprit cartsien :

Avant donc que dcrire, apprenez penser :Selon que votre ide est plus ou moins obscure,Lexpression la suit, ou plus nette, ou plus pure ;Ce que lon conoit bien snonce clairementEt les mots pour le dire arrivent aisment.

Nous avons soulign dans les vers ci-dessus le quatrime vers,celui qui reprsente lessence de la doctrine classique annonce par

le texte de Boileau. A son tour, Malherbe, auquel Boileau accordaitune grande importance, avait propos en 1605 (Commentaire surDesportes le premier manifeste de la doctrine classique) une vraie

La litote estemploye pourattnuer une idepar une tournuremoins forte, souventla forme ngative.


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censure des mots et des syllabes. Mais lanalyse que Malherbefaisait, partir des pomes de Desportes, tait celle dun puriste,dun esprit intransigent ; dans sa vision, chaque vers devaitreprsenter une unit logique, chaque terme devait tre choisirigoureusement. LArt potique de Boileau reprend donc certainsdes principes de Malherbe, en russissant rendre populaires ces

normes, dans une expression trs estime mme de nos jours pardes gnrations entires dlves et de matres, aspect qui dmontrela vocation didactique du thoricien. Comme tous les moralistes duXVIIe sicle, Boileau cherche la vrit, lauthentique. Pour y aboutir ilfaut que le langage soit adquat au sujet, ce qui suppose unperptuel travail des mots :

Htez-vous lentement, et, sans perdre courage,Vingt fois sur le mtier remettez votre ouvrage :Polissez-le sans cesse et le repolissez ;Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Distinguez :

Par dfinition, le classicisme exprime

les sentiments qui sont partags par tout lemonde(comme les sentiments des hommes et des animaux dans lesfables de La Fontaine)

et parle seulement

des sujets dintrt gnral(par exemple Le Cid deCorneille)

La littrature classique est exclusivement mondaine. Onveut plaire la socit polie. Tous les genres font appel dessentiments communs, contiennentune morale gnrale, vitantles cas particuliers.

Le classicisme montre la nature choisie, des rois, desprinces, des hommes parfaits, la beaut. Le romantisme, parcontre, nous peint aussi la classe moyenne et mme leshommes vilains. Par exemple, dans Notre Dame de Paris, VictorHugo oppose une personne dune laideur atroce (Quasimodo)aux belles personnes du classicisme.

Les genres sont spars. La tragdie est toujourssrieuse, on ne fait que pleurer, il nest pas permis dy mler deslments gais (comme la essay plus tard Diderot dans sondrame bourgeois, avant le romantisme). Les romantiques ont

commenc mler les genres. (Dans Hernani de V. Hugo nousvoyons le roi Charles jaloux, dans une armoire : cette scneprovoque le rire dans une tragdie).


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La comdie est toujours gaie :on ne fait que rire ; il nestpas permis dy mler des lments srieux, ni de moraliser, nidattendrir.

Dans chaque genre, lauteur doit respecter les rgles queles anciens ont tablies. Dans les drames, par exemple, il faut

observer lexposition, la division en 4 ou 5 actes, le noeud, lednouement, avant tout les trois units (les rgles dAristote).a) lunit de temps: Laction doit se drouler dans 24

heures ; laction des drames romantiques embrasse dj unespace plus ou moins long, dans le ralisme et le thtre de nosjours laction peut embrasser la vie entire dun homme et mmedes gnrations.

b)lunit de lieu: Le spectacle doit avoir lieu au mmeendroit, dans le mme difice ou, au moins, dans la mme ville,comme laction du Cid. Chez les romantiques, au contraire, il yavait un changement continuel et voulu de lieu (laction

dHernanise droule tantt en Espagne, tantt en Allemagne).c) lunit daction: une seule action et une seule intriguedramatique principale, les intrigues de second ordre doivent sesubordonner la principale. Un seul hros doit attirer notreintrt principal et passer par une seule crise (point culminant)qui se dnoue vers la fin de la tragdie.

Par les units de temps et de lieu, les crivains se sentaientappesentis dun joug, serrs dans une camisole de force et ilscherchaient sen dbarrasser. Dj Corneille nobit lunitde lieu que faiblement.

Leffet thtral(le sentiment tragique) est provoqu par:a) la piti (provenant du malheur et des douleurs

quprouve le hros injustement).b) la peur de voir les mchants punis pour leurs vices

manifests.Corneille, cependant, provoque leffet thtral par

ladmirationque nous inspirent ses hros cause de la droiturede leur caractre et de leur ferme volont de suivre la voix dudevoir.

La langueest trs riche, mais ingale chez Corneille. ChezRacine et Boileau elle est plus choisie, un peu appauvrie, maisfixe.

La beaut de la formeLe style classique est la mesure, ladaptation de

lexpression lide. Il est lexpression la plus directe dessentiments. Sous linfluence de Descartes, les ides sont bienordonnes. Le tout est bien proportionn, harmonieux et chaquedtail soigneusement travaill, comme un ouvrage de mosaque.

Les normes duclassicisme sont unrepre de clart etde discipline dans letravail des crivainsfranais.


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2.5 Tableau de textes thoriques et darts potiques, de laRenaissance la fin du XVIIIe sicle

1392 : DESCHAMPS, Lart de dictier 1405-1525 : Recueil dArts de seconde

Rhtorique 1548 : SEBILLET, Art potique franoys 1549 : DU BELLAY, Deffence et illustration de la

langue franois 1555 : PELETIER, LArt potique 1560 : RONSARD, Abrg de LArt potique

franois 1574 : VAUQUELIN DE LA FRESNAIE, Art

potique 1605 : MALHERBE, Commentaire sur Desportes

1610 : DEIMIER, LAcadmie de lart potique 1674 : BOILEAU, LArt potique 1716 : FNELON, Projet de potique (crit en 1714) 1744 : VICO, Scienza Nuova 1758 : DIDEROT, Discours sur la posie

dramatique 1787 : MARMONTEL : lments de littrature.

CHNIER, LInvention 1798-1800 : Athenaeum (revue des frres

Schlegel).

Ides retenir :

Traits gnraux du classicisme :

Limitation originale des modles grco-latins. Onconsidrait les anciens comme matres dans lart dcrire parcequils ont cr des oeuvres parfaites. Il faut alors les imiter etsinspirer de leurs oeuvres qui ont notre admiration mmeaujourdhui.

Le christianisme. Les potes usent du merveilleuxpaen (la mythologie de lantiquit), ils refusent le merveilleuxchrtien (la religion chrtienne) comme incompatible avec laposie (Boileau). Mais ils ny voient quune concession potique :par le coeur, ils sont chrtiens.

La littrature est psychologique. Soccupant de lhommeintrieur, elle analyse le coeur comme sige des passions et detous les sentiments joyeux ou tristes. On ignore la nature


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extrieure, la prend seulement comme cadre. La nature duclassicisme est toujours la nature morale de lhomme. Avant leclassicisme, le sujet des pices de thtre ne se composait quedvnements extrieurs (courage physique, combats, le sabre la main). Le classicisme ne reprsente pas ces vnementsextrieurs sur la scne. Lintrt est fix sur la lutte intrieure,

des combats qui se donnent dans lme des hros entre dessentiments (lhonneur, la religion, le devoir, etc.) et des passions(lamour, la jalousie, la haine, etc.) ou bien entre plusieurspassions.

La littrature du XVIIe sicle est ltude de lmehumaine, lobservation intrieure, lanalyse morale, parce quil yavait un sentiment religieux profond. Que la nature (morale) doncsoit votre tude unique, disait Boileau.

Dans cette littrature, on trouve lcho des

proccupations de thologie, de philosophie et de morale et,avant tout, linfluence du Jansnisme. Cest ce courant qui acontribu lvolution morale, la fermet des caractres, lattachement, aux fermes convictions et aux rsolutionsinbranlables. Le jansnisme pntra dans la littrature et cra ladignit, la droiture de Boileau, de La Rochefoucauld, de LaBruyre :Aimez donc la vertu, nourissez-en votre me. (Boileau)

Jansnisme: nomm d aprs son fondateur, Jansnius,vque dYpres. Chaque homme commet des pchs ; il ne peutpas faire son salut de ses propres forces, il a besoin du secours

de Dieu (la grce). Mais il nest jamais sr de mriter cette grce.Cest pourquoi il doit mener la vie la plus austre, tre trs durpour lui-mme et, pourtant, trembler tout le temps de ne pas tresauv. De l, la droiture et la fermet des caractres deCorneille, de Racine.

Racinetait jansniste, sorti du couvent de Port Royal. Corneille, par contre, tait Jsuite.Le Jsuitisme (courant catholique, comme le jansnisme)

tait un ordre religieux fond pour la conversion des hrtiques. Il

fut combattu par le jansnisme parce quil avait une moralerelche.

Cette qualit dominante est la raison. La raison - quisignifie le bon sens, la facult de juger, de distinguer le faux duvrai, le bon du mauvais - est inne en chaque homme normal.Cest la raison qui rgle limagination (la facult de crer,dinventer)pour empcher un excs dimagination (comme il yen a dans les descriptions interminables de Victor Hugo, deZola). Cest la raison qui rgle la sensibilit (le don de sentirvivement, dtre facilement mu, touch, impressionn) pour

empcher les dbordements de la sensibilit (comme dans leseffusions sentimentales de Lamartine, de Rousseau).

Le dbat religieuxest la source dunelittrature centr surla place de lhommedans lunivers et sonrle dans la socit.


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Aimez donc la raison ; que toujours vos critsEmpruntent delle seule et leur lustre et leur prix.(Boileau)

Lobjectivit ou limpersonnalit. Toute cette littrature estimpersonnelle, objective. Lauteur ne nous communique pas ses

propres joies, ses propres douleurs ni sa propre force de penser;il ne met pas son propre moi comme sujet de ses oeuvres(cest le cas des romantiques, surtout de Lamartine dans sesMditations, expression du lyrisme subjectif).

Les cls du test dautovaluationRponses et commentaires :

1. Le baroque est n en Italie. Il sest manifest en Europe,surtout en Italie, en Espagne, en France, au Portugal en Autriche,et mme en Roumanie.

2. La vie phmre ; la magie de lillusion ; la folie ; limage dumonde comme un thtre ; limage du labyrinthe ; lobsession dela mort ; la fascination pour lanatomie du corps humain.

3. Le jeu de ltre et du paratre ; le got du paradoxe ; lesquiproquos ; les dguisements, les dcors excessifs ; les effetssurprenants (ponges imbibes dans le sang, masques, etc.)


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Test de contrle 2

Ce test est administr lissue de lunit dapprentissage 2.Pour raliser ce test, il vous est conseill de relire lunit et de

faire des annotations. Ne manquez pas de transmettre ce test votre tuteur. A cet effet, il convient de marquer votre nom,votre prnom et votre adresse personnelle sur la premirepage de votre copie. Noubliez pas de mentionner aussi lenumro du test. Vous tes supposs le recevoir, aprscorrection, avec les commentaires de votre tuteur.

Bon travail !

1. Prsentez les principales ides que vous avez retenues deLArt potique de Boileau.

(3 points; 1-2 phrases)

2. Lesthtique classique aspects fondamentaux ( revoirles ides retenir).(3 points; 3 phrases)

3. Dgagez les diffrences notables entre le baroque et leclassicisme.(4 points; 3-4 phrases )


TOMA, Dolores, Du baroque au classicisme, Bucureti,Editura Babel i Editura Universitii, 1993, pp.7-31.

GA, F., RINC, D., Textes franais et histoire littraire, XVIe,XVIIe, XVIIIe sicles , Paris, Fernand Nathan, 1981.


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Lhrosme et la noblesse des passions dans les tragdies de Corneille



LHROSME ET LA NOBLESSE DES PASSIONS DANS LES TRAGDIESDE CORNEILLE

Sommaire page

Les objectifs de lunit dapprentissage 3 283.1 Vers la tragdie classique 293.2 La polmique des rgles 303.3 Le spcifique du thtre cornlien 32

Test dautovaluation 343.4 La moralit cornlienne 363.5 Le style des tragdies de Corneille 37

Les cls du test dautovaluation 38Test de contrle 3 39Rfrences bibliographiques 39


Cette unit dapprentissage est conue dans le but de vous prsenter les tapes

parcourues par la dramaturgie classique jusquau moment Corneille : la tragi-comdie et la pastorale ; la rgles des trois units ; le vraisemblable dans le thtre ; la tragdie cornlienne: aspects gnraux ; le message optimiste du thtre de P. Corneille.


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3.1 Vers la tragdie classique

Cest sans doute le renouvellement et le dveloppement de latragdie qui permettent le mieux de mesurer combien le classicismefranais fut arriv, autour de lanne 1630, se dtacher fortement

de linfluence du baroque europen. Le reprsentant majeur de cettenouvelle dramaturgie fut Pierre Corneille (dont vous voyez ci-dessous limage en buste dans la figure 3.1) Au moment o le publiccommence sennuyer de lacadmisme strile dun devancier endclin - il sagit dAlexandre Hardy (1572-1632) -, Corneille sauraexploiter et concilier les tendances changeantes quil remarque dansle got de la jeune gnration. En scartant donc de loeuvre

thtrale de Hardy, fidle lhritage de lhumanisme du sicleprcdent (qui privilgiait comme source dinspiration la mythologie

ou lhistoire ancienne), la dramaturgie de lpoque se dirige vers latragi-comdie et la pastorale.

Figure 3.1


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La tragi-comdie est un genre dramatique pratiqu danslAntiquit chez les Latins, puis repris au XVIe sicle en Italie etdiffus en France partir de 1620. Le terme ambigu dsigne engnral une tragdie dont le dnouement est heureux ; plusieursintrigues parallles permettent difficilement de distinguer quel est lepersonnage principal. Les units de temps et de lieu, respectes ds

lAntiquit, sont encore conserves dans la tragdie humaniste duXVIe sicle.

La pastoraleest lie aux premires crations apparues la findu XVIe sicle, en Italie et en Espagne. Dans un dcor de merveilleset de chimres, peupl de satyres, de magiciens et de nymphes, lesamours impossibles des bergres sont des occasions propices pourcomprendre le mystre du sentiment amoureux.

De lItalie venaient les productions de tragi-comdie et depastorale qui avaient, pour un temps, clips en France le succs de

la tragdie rgulire. Paradoxalement, cest dItalie encore queviendra loccasion de rendre la tragdie franaise sa lgitimit et sagloire. A un moment o, en France, la frontire entre la tragi-comdie et la pastorale reste floue, et alors que chacun de ces deuxgenres refuse les contraintes dramaturgiques (surtout le respect destrois units de lieu, de temps et daction) tablies ds lAntiquit linitiative du philosophe grec Aristote (384-322 av. J.-C.), la faveurdu public aristocratique se porte vers des pastorales italiennes datantde la fin du sicle prcdent, comme Aminta du Tasse (1582) ouPastor Fido de Guarini (1587) Or ces deux pastorales sesoumettaient scrupuleusement aux rgles dfinies par les Grecs et

les Latins.

Ainsi y avait-il un effort de conciliation entre les prceptes de latradition antique et le got qui stait manifest dans les esprits dsle dclin dAlexandre Hardy. En 1630, la demande de deuxpersonnages influents le cardinal de La Valette et le comte deCramail -, Mairet donnait une pastorale rgulire, Silvanire qui fut untriomphe; en 1634, il fait jouer Sophonisbe, tragdie rgulire. En1636, suivent dautres tragdies rgulires : La Mort de Csar deScudry et La Marianne de Tristan LHermite.

3.2 La polmique des rgles

Dsormais une polmique oppose les adeptes de la tragi-comdie aux partisans de la tragdie rgulire. Ces derniers vontrapidement imposer un certain nombre de critres impratifs quifixent la structure de la tragdie classique. Par consquent, la tramedramatique sera dpouille de tout apport romanesque ; lactionreprsente sur scne trouvera sa matire seulement dans dessources historiques reconnues; la sobrit du style, la retenue du

langage, la majest des sentiments interdisent dinsrer despisodes relevant dun registre comique ou familier. Toute violencephysique est proscrite sur scne. Enfin, la loi des trois units

Satyres (fam.) =individus qui selivrent desmanifestationslubriques, desattentatscontre la pudeur.


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(daction, de lieu et de temps) nadmet aucune drogation. Toutcomme Boileau va le dire quelques annes plus tard :

Quen un lieu, quen un jour, un seul fait accompliTienne jusqu la fin le thtre rempli.

Lorsque, vers 1640, la tragdie classique et les rgles qui ladfinissent semblent stre dfinitivement imposes, leur succs estd moins aux attentes du public quaux orientations dogmatiquesproposes par quelques thoriciens dont stait entour Richelieu.Parmi eux, labb dAubignac occupe une place majeure. A lademande du cardinal, il rdige vers 1640 un ouvrage ambitieux, dontlobjet est de prciser ce que sera lesthtique nouvelle retenue parlart dramatique. Publie seulement en 1657, La Pratique du thtrefonde dsormais sur la raison et sur lexprience les grands principesdramaturgiques prconiss nagure par des humanistes commeScaliger (1484-1588) ou Heinsius (1580-1665) au nom de lautorit

inconteste dAristote.

Comme Aristote, dAubignac a essay de prciser quellestaient les exigences imposes par la vraisemblance. Lavraisemblance est, sil le faut ainsi dire, lessence du pomedramatique, et sans laquelle il ne se peut rien faire ni dire deraisonnable sur la scne. Cest une maxime gnrale que le vrainest pas le sujet de thtre, parce quil y a bien des chosesvritables qui ny doivent pas tre vues, et beaucoup qui ny peuventpas tre reprsentes. Il est vrai que Nron fit trangler sa mre. /.../Mais cette barbarie, bien quagrable celui qui lexcuta, serait non

seulement horrible ceux qui la verraient, mais mme incroyable cause que cela ne devait point arriver. /.../ Le possible nen sera pasle sujet, car il y a bien des choses qui se peuvent faire, ou par larencontre des causes naturelles, ou par les aventures de la morale,qui pourtant seraient ridicules et peu croyables si elles taientreprsentes. /.../ Il est possible quun homme meure dun coup detonnerre, mais ce serait une mauvaise invention au pote de sedfaire par l dun amant quil aurait employ pour lintrigue dunecomdie. Il ny a donc que le vraisemblable qui puisseraisonnablement fonder, soutenir et terminer un pomedramatique. (La Pratique du thtre)

La renaissance de la tragdie aux dpens des succsconfirms de la tragi-comdie tmoigne, sa faon, de laconcurrence de deux esthtiques opposes : le baroque et leclassicisme. Loeuvre de Pierre Corneille portera durablementlempreinte de ces deux esthtiques parallles.

La trame= ensemble

de dtails quiconstituent commeun fond, un toutcontinu sur lequel sedtachent desvnementsmarquants (la tramedun rcit).


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3.3 Le spcifique du thtre cornlien

Son tragique est diffrent de celui de la tragdie grecque. Ledestin ne se rapporte pas au divin, la souce dinspiration nest pas lamythologie antique, mais lhistoire de lEspagne, comme dans son

chef-doeuvre, Le Cid. Pierre Corneille vient avec la grandenouveaut de la tragdie ayant une fin heureuse (le modle esttoujours Le Cid). Le tragique cornlien est d la situation. Lemcanisme du sort se manifeste sous la forme du hasard, qui metles hros dans des situations critiques, apparemmentinsurmontables. Le bonheur personnel sobtient aprs une dcisiondifficile, opposant des valeurs gales (amour /vs/ honneur, espritcivique).

La beaut du thtre de Pierre Corneille rside dans ses hros.Ceux-ci ne sont ni coupables ni fatalistes. Tout au contraire, ils sont

dous dune grande nergie et ont une personnalit trs forte. Ils nerestent jamais passifs, mais agissent toujours. Cest par laction quilsgagnent leur propre libert. Rodrigue sengage dans la lutte avec lesMaures, et conduit larme espagnole vers la victoire. La grandeurdes hros cornliens signifie agir sur lhistoire, linfluencer, voirelinventer! Cela veut dire modifier lhistoire, les mentalits, proposerde nouvelles valeurs. La fin du Cid laisse voir un nouvel ordre,monarchique et centralis.

Dans la pice Horace, le hros voit la ville de Rome entrer danslhistoire. Cinna, le personnage du texte homonyme, inaugure unepriode dharmonie et de reconciliation. Polyeucte sachve par letriomphe du christianisme. Ce type de hros, qui impose denouvelles valeurs, a t repris au XXe sicle par le dramaturgeHenry de Montherlant.

En mme temps, il faudrait dire que la fin heureuse, laconciliation des contraires, les hros qui se sauvent sont des aspectsqui approchent le thtre cornlien du drame, indiquant aussicomme point de dpart la tragicomdie de la Renaissance.

Quant la morale du thtre de Pierre Corneille, elle est unedimension constante du classicisme franais en gnral. Il sagitdune morale suprieure, dun message optimiste, dune thiquegnreuse (v. Justin Ceuca, le chapitre ddi Corneille, dans sonouvrage Evoluia formelor dramatice, Cluj-Napoca, Ed. Dacia, 2002,p.123). La fin du Cida t construitecontre la morale habituelle, encontredisant les contemporains de lauteur, qui pourraientcomprendre mal leur confrre. La mme chose dans les textesHorace et Pompe, dinspiration romaine: une situation tragiquespare les personnages, en leur provoquant un profond dsarroiintrieur, mais travers cette crise spirituelle, ils arivent devenir

plus solidaires. Par exemple, dans la pice Pompe, Csar,Cleoptre, Cornlie sont acharns les uns contre les autres pour desraisons politiques, mais ils aboutissent une admiration rciproque,

Principales oeuvres

1637, Le Cid1640, Horace1642, Cinna1643, Polyeucte1645, Rodogune

1660, trois Discourssur lart dramatique1674, Surna


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due leurs actions. Mais cest seulement Pompe qui sassume lerle de changer le destin de son pays.

Un cas spcial est reprsent par les personnages monstres,ayant des traits horribles, qui apparaissent dans des textes commeRodogune, Thodore, et qui seront vaincus jusqu la fin de la pice,

dans lesprit dune morale conformiste et dune justice toutepuissante. Par cela, on ralisait une sorte de purification intrieure,on touchait un quilibre thique, chose qui voquait la catharsisdAristote.

Pierre Corneille propose dans ses pices une suite dactions,lune prpare par lautre, dans une sorte de gradation. Il privilgiepar-dessus tout la description des tats intrieurs provoqus par cesactions, dmontrant finalement une volution morale du personnage,ce qui donne au thtre cornlien un dramatisme supplmentaire. Enguise de thoricien, Corneille formule dans son Discours des trois

units deux principes valables aussi prsent. Il sagit de lasuspension et de la prparation. La suspension est quivalente aususpense contemporain. Selon le dramaturge franais, cettetechnique signifie laisser lvnement envelopp dans le mystre,jusqu son claircissement du final. On annonce au dbut de lapice un vnement issu du commun - ce qui veille, bien sr, lacuriosit du spectateur -, laissant lambigut rgner jusquaudnouement. La prparation cest lintroduction dune action pour uneraison prtablie, qui soit en troite liaison avec le dsir de cultiverleffet de surprise (un procd maintenu dans la dramaturgiemoderne).

Les situations dramatiques de Corneille sont des dilemmes, quirattachent le thtre cornlien une partie de la tragdie grecque,mais aussi au thtre moderne (v. Ibsen, Cehov, Sartre). Dhabitudeil y a deux alternatives, apparemment insurmontables. Lepersonnage doit ncessairement opter pour une de ces alternatives,choix extrmement difficile, mais qui assure sa libert. Rodrigue doitchoisir entre lamour de sa fiance et lhonneur de sa famille. Lessituations dramatiques se construisent, au-del du conflit intrieur,par des confrontations directes des personnages. Ces luttes directessignifient lopposition verbale, vhiculant des principes morauxdiffrents. Il y a donc des confrontations des attitudes visant lesprincipes de la morale, de lthique.

Par consquent, les personnages de Corneille sont des hros,qui ont un orgueil issu du commun, formant une sorte d aristocratiede la vertu . (J. Ceuca, Evoluia formelor dramatice, Cluj, Ed. Dacia,2002, p.123) Ce sont des personnages qui affirment avec beaucoupde courage leurs ides, cherchant la vrit, dans une socit o laprudence inspire plutt des actions secrtes (de ce point de vue, leshros cornliens sont paradoxaux). Par exemple, Antiochus de

Rodogune soppose sa mre, juste au moment o ltat colriquede Cloptre avait atteint le paroxysme.

Catharsis=purification;selon Aristote, effetde purgation despassions produitsur les spectateursdune reprsentationdramatique


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En vrais hros tragiques, les personnages cornliens nont paspeur de mourir, car ils situent au-dessus de la mort leurs idaux.Ces hros sont trs lucides et leur raison a une force de dcisionexceptionnelle, trait qui les apparentent aux hros des tragdiesgrecques, mais chez Corneille on a une analyse plus pousse. Lamanire dont ces personnages prennent des dcisions, aprs avoir

examin tous les volets du problme, est presque juridique ; onpourrait dire que Pierre Corneille, qui avait des tudes de droit maismanquait compltement dloquence, avait pris sa revanche par sespersonnages qui parlent tous brillamment ! Les hros cornliens nefont rien sans examiner avec lucidit et froideur la situation,lobstacle surmonter. Le mot raison nest jamais absent de leurdiscours. Mme sil sagit dune attitude apparemment illogique, elleest toujours le fruit de la rflexion sur la meilleure solution.Lapparent manque de logique est, en effet, lexpression dune raisonsuprieure, inaccessible tous les humains.

Il faut ajouter que le thtre de Corneille prsente aussilexemple des anti-hros (Cloptre de Rodogune, Marcelle deThodore), cest--dire des monstres qui ont une ambitiondmesure, menant des actes criminels. Leur passion violenteexplique le courage fou quils manifestent dans leurs actions de nierlordre communment accept, nobissant qu leur propre loi. Cesont des personnages qui nous font penser ceux deShakespeare (Richard III, Jago), et mme ceux de Racine(Pyrrhus, Phdre).

Mais au-del de toutes ces nuances qui rendent les pices de

Corneille plus complexes, plus profondes dans leur signification leshros cornliens sont dune beaut morale exemplaire, de vraismodles utopiques. Une telle grandeur humaine reste singuliredans lhistoire du thtre et explique le succs de ces textes, mme lheure actuelle.

Test dautovaluation

Vous avez parcouru une unit dapprentissage sur lespcifique du thtre cornlien. Vrifiez si vous avez bienretenu certains dtails. Consultez ensuite la rubrique Lescls du test dautovaluation .

1. Expliquez le concept de la vraisemblance dans le thtreclassique.

N Rouen, filsdun avocat, avocatlui-mme en 1624,aprs de bonnestudes dans uncollege jsuite. Siila peu plaid, cause de sa timiditet dun dfautdloquence, il abrillamment utilis larhtorique judiciairedans ses pices. Lediscours de sespersonnagesressemble parfois

de vritablesplaidoyers devant lejury, ayant lesmarques de lalogique et delargumentation.


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2. Do vient le tragique cornlien ?

3. Caractrisez gnralement les hros cornliens. Par quoise distinguent-ils des autres humains ? Et les anti-hros ?

4. Y a-t-il des ressemblances avec le thtre contemporain ?

Ides retenir :En 1660, dans trois Discours, Corneille rpond ceux

qui critiquent son thtre : cest pour lui loccasion de prciserdes impratifs qui seront repris dans les rgles de la tragdie.

Le pome dramatique est une imitation, ou pour enmieux parler, un portrait des actions des hommes; et il est horsde doute que les portraits sont dautant plus excellents quilsressemblent mieux loriginal. La reprsentation dure deuxheures, et ressemblerait parfaitement, si laction quelle

reprsente nen demandait pas davantage pour sa ralit. Ainsine nous arrtons point ni aux douze, ni aux vingt-quatre heures ;mais resserrons laction du pome dans la moindre dure quilnous sera possible, afin que sa reprsentation ressemble mieuxet soit plus parfaite. Ne donnons, sil se peut, lune que lesdeux heures que lautre remplit. Je ne crois pas que Rodoguneen demande gure davantage, et peut-tre quelles suffiraientpour Cinna. Si nous ne pouvons la renfermer dans ces deuxheures, prenons-en quatre, six, dix, mais ne passons pas debeaucoup les vingt-quatre, de peur de tomber dans ledrglement, et de rduire tellement le portrait en petit, quil nait

plus ses dimensions proportionnes, et ne soit quimperfection.

Corneille, Troisime Discours


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3.4 La morale cornlienne

Sans doute, le thtre cornlien nous offre-t-il une grandevarit de types humains: les hros gnreux (Rodrigue, Chimne,Polyeucte), mes romaines (Horace), mes sduites par la grandeur

(Cinna) ou mes faibles (Chimne lest parfois). La morale deCorneille est optimiste, mettant laccent sur la grandeur de lmehumaine, sur son dsir de libert (do le ncessaire conflit intrieurpour choisir une certaine valeur, en faveur de lautre, galementpuissante). En gnral, les personnages cornliens ont des passionsnobles et veulent forger eux-mmes leur destin, matriser donc leuresprit, ne pas permettre aux sentiments daveugler la raison (commeon a dj dit, le mot raison est trs frquent dans ces pices dethtre). Ainsi, lhomme cornlien devient-il son proprePromthe (Jules Michelet). Cest ici que Corneille se distinguenettement de Racine, dont les personnages se montrent impuissants

devant la fatalit du sort.

Pourtant, les hros cornliens ne sont pas des schmasthoriques, utopiques ( peints comme ils devraient tre, selon LaBruyre), mais des caractres exceptionnels, dous dune grandeforce spirituelle, qui savent lutter contre leur vulnrabilit naturelle. Ilssont des hommes exemplaires, mais pas surhumains. Cest ainsiquon explique les dnouements heureux, puis dans loptimismecornlien. Et mme si le hros meurt, sa disparition nest pastragique, mais admirable, exemplaire, elle aussi. Comme le hrosdes chansons de geste, Roland, le personnage cornlien meurt pouraccder une gloire surnaturelle, ternelle (v. Cinna, Surna,Polyeucte).

Un lment de cette morale optimiste, qui caractrise les picesde Pierre Corneille, serait linfluence du stocisme : le hrosdoit sematriser, dompter ses passions (cest pourquoi il fait souvent lechoix le plus difficile, comme pour prouver lui-mme quil nest pasfaible !). La tendresse nest point de lamour dun hros, disait lepersonnage Surna. Ou bien : Un peu de duret sied bien auxgrandes mes. Ces assertions, dvoilant le got dune profonde

austrit, comportent des nuances dhsitation, qui rendentbeaucoup plus sensibles les personnages de son chef doeuvre, LeCid.

Une autre explication pour cet optimisme cornlien seraitlinfluence de la morale jsuite: il faut avoir confiance dans lhomme,en dpit du pch originel. En outre, cest le libre arbitre quicaractrise le comportement des hros de cette dramaturgie. Silsprennent toujours une dcision aprs un profond jugement, les hroscornliens doivent tre compris comme des personnages quiessaient de se connatre mieux travers leurs rflexions. Il faut dire

que Corneille ntait pas ladepte de la morale cartsienne, donc laraison et la volont sont pour ses personnages des outils quiprparent laction, et non pas des voies purement philosophiques.

Jules Michelet(1798-1874),historien etessayiste,personnalitimportante duromantismefranais.


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Les hros cornliens sont des tres pleins denthousiasme, desmes bien nes , formant une sorte dlite morale, des gens pourqui la noblesse du coeur est plus importante que celle donne par lahirarchie sociale. De ce point de vue, le rle de lducation,lhritage moral ont une place de choix (par exemple, les pres deChimne et de Rodrigue, tant eux-mmes des personnalits issues

du commun). Chez Corneille il ny a pas, comme chez Racine, uneprdestination au mal, si dans la famille des hros existent des casde personnes immorales. Donc, par lducation, on peut transformer le mauvais sang .

Par consquent, loeuvre de Corneille est fonde sur une moralegnreuse et exaltante. Il y a un sentiment de joie, un grandenthousiasme, une vitalit issue du commun ; ses hros sont mmecapables daccepter le sacrifice ultime, pour aboutir leur idal.tant un mlange de raison et de passion, de prudence etdimptuosit, le hros cornlien incarne finalement le type de

beaut humaine, qui a des vertus chevaleresques et chrtiennes,actuelles mme prsent.

3.5 Le style des tragdies de Corneille

Ayant la formation davocat, Corneille donne ses pices lclatdu dbat oratoire. Il organise mme de vritables procs, commecelui de Rodrigue devant le roi Don Fernand, avec le rquisitoire deChimne et le plaidoyer de Don Digue. On trouve un pareil procsdans Horace. Dans Cinna, nous avons un dbat politique concernant

les avantages de la rpublique ou de lempire. Corneille emploie delongues tirades pour construire le dialogue des personnages. Cetteloquence tmoigne de la lucidit des personnages qui ne fatiguentpas en soutenant leurs arguments. .

On peut parler dune posie hroque dans les tragdiescornliennes. Parfois, le texte prend lallure de lpope. Au-del deces caractristiques de style, il y a eu des reproches quant aumanque de mesure ou quant ses mtaphores baroques, commedans le fragment ci-dessous tir du Cid (o nous avons soulign lesformulations charges, typiquement baroques):

Son flanc tait ouvert, et pour mieux mmouvoir,Son sang dans la poussire crivait mon devoir;Ou plutt sa valeur en cet tat rduiteMe parlait par sa plaie, et htait ma poursuite ;Et pour se faire entendre au plus juste des rois,Par cette triste bouche elle empruntait ma voix.

Dailleurs, dans Le Cid la mtaphore sang gnreux est unecl de vote de la pice, signifiant lexigence de dfendre lhonneur

de la famille (Don Digue sadresse son fils avec ses mots : Viens,mon fils, viens, mon sang...) Tragdie du sang gnreux , Le Cidest aussi la tragdie des pes (pe de Don Digue, pe de


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Rodrigue, que Chimne prend lacte V pour celle de Don Sanche).A travers les mtaphores, on trouve des symboles qui offrent auxtragdies de Pierre Corneille un clat hroque.

Il ne faut pas oublier les stances, qui sont des passageslyriques, o le hros cornlien exprime son motion arrive au

comble. Des thoriciens formalistes, comme labb d Aubignac,condamnaient ces insertions de fragments lyriques, voquant leprincipe de la vraisemblance, mais Corneille ny avait renoncquaprs 1660. Les stances de Rodrigue, par exemple, sontdevenues clbres, marquant des moments de suspension dans letexte : la fin de ses stances, Rodrigue est prt prendre sadcision, le doute tant entirement clairci. Parfois, lauteur utilise larptition pour insister sur une ide-cl du texte (Faut-il punir le prede Chimne ?).

En conclusion, on pourrait dire que le style de Corneille est

sublime, ce qui reprsentait un idal pour le XVIIe sicle, dfini parLa Bruyre de la manire suivante : Le sublime ne peint que lavrit, mais en un sujet noble ; il la peint tout entire, dans sa causeet dans son effet ; il est lexpression ou limage la plus digne de cettevrit. (Les Caractres). Et le mme crivain ajoutait : Pour lesublime, il ny a, mme entre les grands gnies, que les plus levsqui en soient capables.

Les cls du test dautovaluation

Rponses et commentaires :

1. Le vrai et le possible ne sont pas des sujets de thtre,seulement le vraisemblable, ce qui pourrait tre reprsent sur lascne (v. la citation tire dAubignac).

2. Le tragique cornlien est diffrent de celui de la tragdiegrecque, car la source dinspiration nest pas la mythologieantique, mais lhistoire de lEspagne. Chez Corneille, le destin nese rapporte plus au divin. Cest la situation dans laquelle lauteurmet les personnages qui engendre le tragique. Corneille vientavec la nouveaut de la tragdie ayant une fin heureuse (Le Cid).Le hros doit choisir entre des valeurs gales, chose qui rend lechoix difficile, voire tragique.

3. Par ses hros, Corneille a le mrite dimposer de nouvellesvaleurs (la capacit de choisir des voies difficiles, le libre arbitre,lenthousiasme, le manque de peur devant la mort, une grandenergie, une vitalit exceptionnelle, etc.); les anti-hros sontpousss par des passions violentes accomplir des actescriminels.

4. Oui. Quelques repres : Sartre, Cehov, Ibsen, Montherlant

Stance = pomelyrique composdun certainnombre de strophes.


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Test de contrle 3

Ce test est administr lissue de lunit dapprentissage

3. Pour raliser ce test, il vous est conseill de relire lunit etde faire des annotations. Ne manquez pas de transmettre cetest votre tuteur. A cet effet, il convient de marquer votrenom, votre prnom et votre adresse personnelle sur lapremire page de votre copie. Noubliez pas de mentionneraussi le numro du test. Vous tes supposs le recevoir, aprscorrection, avec les commentaires de votre tuteur.

Bon travail !

1. Quels sont les lments qui expliquent la morale optimistedes pices cornliennes ?(4 points ; 7-8 lignes)

2. Dcrivez les composantes du style du thtre de Corneille.(3 points ; 5-6 lignes)

3. Quel est le rle des stances ?(3 points ; 3-4 lignes)


CEUCA, J., Evoluia formelor dramatice, Cluj-Napoca, Editura Dacia,2002, pp.123-126.

GA, F., RINC, D., Textes franais et histoire littraire, XVIe,XVIIe, XVIIIe sicles , Paris, Fernand Nathan, 1981.


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Etude littraire: Le Cid de Corneille



TUDE LITTRAIRE : LE CID DE CORNEILLE

Sommaire page

Les objectifs de lunit dapprentissage 4 404.1 Le spcifique de la tragdie cornlienne 414.2 Lhistoire du Cid 414.3 Conclusions sur le chef-doeuvre cornlien, Le Cid 46

Test dautovaluation 47

4.4 Les personnages et le rapport dramatique 484.4.1 Rodrigue 484.4.2 Chimne 484.4.3 Don Digue 494.4.4 Don Gormas, le comte 494.4.5 Le roi Fernand 49

4.5 Considrations finales sur le thtre cornlien 50Les cls du test dautovaluation 51Test de contrle 4 51Rfrences bibliographiques 52


A la fin de cette unit, vous aurez une perspective gnrale sur la pice la plus lue, laplus connue de Corneille : Le Cid. Vous serez mme de :

dgager le spcifique de la tragdie cornlienne (dualit devoir/vs/passion ,fin heureuse, mystre) ;

montrer quelle est loriginalit du texte de Corneille par rapport aux sourcesdinspiration ;

faire des commentaires sur le style de la pice.


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Etude littraire: Le Cid de Corneille


4.1 Le spcifique de la tragdie cornlienne

Le tragique de Corneille, dont vousvoyez le portrait ct (fig. 4.1), estdiffrent de celui de la tragdie grecque.Ce nest pas la mythologie la source

favorite dinspiration, ce nest pas le destindorigine divine qui intervient, mais lecanevas gnral de la pice estdhabitude lhistoire. Dans le cas du Cid, ilsagit de lhistoire de lEspagne. La grandenouveaut des tragdies cornliennes estla fin heureuse(le modle est toujours LeCid). Le tragique qui caractrise le thtrede Pierre Corneille est celui de situation.Le sort se manifeste par des situations,

apparemment insupportables, que les hros doivent surmonter. Par

exemple, de telles circonstances seraient la mort du pre deChimne, ou bien la lutte du Cid avec les Maures.

La beaut du thtre de Pierre Corneille rside dans la maniredagir de ses hros qui sont trs nergiques, comme celle deRodrigue, qui mne au combat larme espagnole et remporte lavictoire. Rodrigue est le modle de hros qui fait lhistoire, quichange le cours des vnements par la qualit de ses dcisions, deses actions. De la mme sorte, les autres personnages sont crateurs dhistoire et de valeurs morales : Horace assure lagloire de Rome, Cinna instaure une priode de calme et derconciliation, Polyeucte annonce le triomphe du christianisme.

Une chose qui rend moderne le thtre de Corneille cest leprincipe (formul dans lessai Discours des trois units) de lasuspension, cest--dire la technique (valable au

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