Precis de Sintaxe Francais-J. Draghicescu

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JANETA DRĂGHICESCU PRÉCIS DE SYNTAXE FRANÇAISE I

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JANETA DRĂGHICESCU

PRÉCIS DE SYNTAXE FRANÇAISE I

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© Editura Fundaţiei România de Mâine, 2007

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UNIVERSITATEA SPIRU HARET FACULTATEA DE LIMBI ŞI LITERATURI STRĂINE

JANETA DRĂGHICESCU

PRÉCIS DE SYNTAXE FRANÇAISE

I

Editura Fundaţiei România de Mâine Bucureşti, 2007

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SOMMAIRE

Première partie – La phrase ………………………………………..

7

1. Définition de la phrase …………………………………………

9

2. Critères de classification des phrases …………………………. 23Deuxième partie – Les constituants immédiats de la phrase simple

27

1. Le Constituant Propositionnel (Cprop.) ………………………..

29

1.1. La phrase interrogative ………………………………….. 311.2. La phrase exclamative ……………………………………

40

1.3. La phrase impérative …………………………………….. 441.4. La phrase négative ………………………………………. 471.5. La phrase passive ………………………………………... 531.6. La phrase impersonnelle ………………………………… 551.7. L’emphase ……………………………………………….. 58

Troisième partie – Les constituants du noyau ……………………..

61

1. Le Groupe Nominal premier (GN1) …………………………... 632. L’accord du verbe avec le sujet ……………………………….. 693. L’ordre des termes dans la phrase minimale ………………….. 804. Le Groupe Prédicatif (Gpréd.) …………………………………

82

4.1. Le prédicat nominal – le groupe prédicatif de la phrase ternaire …………………………………….……………... 844.2. Le Groupe Verbal (GV) de la phrase binaire …………….

92

4.2.1. Le GN2/COD (complément d’objet direct) ………. 98

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4.2.2. Le GN3/COI (complément d’objet indirect, au datif) 1124.2.3. Le Gprép (groupe prépositionnel/complément (d’objet) prépositionnel) ……………………………………

115

5. Le Groupe Adverbial (Gadv) – les circonstants ……………….. 1285.1. Le circonstant de lieu ……………………………………. 1305.2. Le circonstant de temps …………………………………. 1365.3. Les caractérisants du procès ……………………………...

142

Bibliographie ………………………………………………………..

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PREMIÈRE PARTIE

LA PHRASE

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1. DÉFINITION DE LA PHRASE

Le terme de phrase est utilisé pour désigner des réalités relativement différentes suivant les principes sur lesquels repose le modèle adopté pour la description.

• En grammaire traditionnelle on opère, en général, avec les termes de proposition et de phrase qui s’opposent partiellement.

La proposition est «soit un ensemble de mots grammaticalement liés, soit même, parfois, un seul mot exprimant un fait, une idée, un jugement, un sentiment ou une volonté». La proposition peut former une phrase complète ou n’être qu’une partie de la phrase1.

La grammaire Le Bon Usage de Maurice Grevisse (les éditions antérieures à 1986) propose la même définition pour la proposition: un mot ou tout système de mots au moyen desquels nous manifestons un acte de notre vie psychique2. Mais il est précisé que la phrase peut s’identifier à la proposition et, dans ce cas, il s’agit d’une phrase simple, ou qu’elle peut regrouper dans sa structure un système de propositions et c’est la phrase complexe3.

• En linguistique moderne (conception à laquelle se rattache aussi Le Bon Usage dans sa variante renouvelée (l’édition de 1986) le concept de phrase est généralisé à toute unité de communication linguistique la suite phonique minimale par laquelle le locuteur adresse un message à un auditeur”4), à la proposition étant réservé le statut de membre (à fonction déterminée) dans la phrase.

L’analyse critique de la relation qui s’établit entre les étiquettes de «proposition» et de «phrase» et la réalité désignée, de même que la prise

1 M. Rat, Grammaire française pour tous, Paris, Editions Garnier,

1955, p. 313 2 M. Grevisse, Le Bon Usage, Paris-Gambloux, Duculot, 1980,

chap.249 3 M. Grevisse, Op. cit., chap. 250, rem.2 4 M.Grevisse, Op. cit. 1988, chap. 210

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en compte des critères de contenu, de structure et de fonction ont permis5 de retenir le seul terme de phrase.

•• En grammaire structurale, on opère avec le concept de phrase appliqué à toute construction centrée sur un ou plusieurs noyaux verbaux. Les différentes orientations qui se sont développées à partir du structuralisme ont décrit la phrase en partant des principes de base du modèle.

••• En grammaire générative, la phrase est conçue comme une construction qui obéit à certaines règles. L’analyse de chaque phrase engage, en égale mesure, la structure profonde (les relations abstraites qui existent entre les constituants) et la structure supperficielle (la représentation phonétique/graphique ou la manifestation linguistique concrète). Au niveau de la structure profonde, la phrase est décrite comme une structure hiérarchique dont les constituants immédiats sont représentés par des symboles. Il s’agit d’un schéma abstrait capable de permettre d’engendrer tous les énoncés de la langue.

La phrase peut être représentée par un graphe, appelé aussi arbre génératif.

≠ Ph ≠

CProp. Noyau Type Matériau

GN1 GPréd. MN Dt. GV GAdv.

Pd. N MV Dt. rel GN

ø ø ø [+assertif Olivier ø regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc

5 M. Wilmet, Grammaire critique du français, Louvain-la-Neuve, Hachette-Duculot, 1997, chap. 554/p. 436.

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Dans cette représentation, la structure hiérarchique, appelée «phrase», est mise en évidence par la ségmentation systématique des parties élémentaires constitutives, parties qui ont le statut de constituants immédiats (CI)6. Ces constituants sont représentés par des symboles, appelés symboles catégoriels ou inventaire syntagmatique de base (ils représentent les fonctions syntaxiques de base de la phrase).

On distingue plusieurs niveaux dans la constitution de la phrase. À chaque niveau sont identifiés les CI de l’unité immédiatement supérieure et les relations qui s’établissent entre ces constituants immédiats: # Ph #

1-er niveau • choix du type et du matériau C.Prop.(Type) Noyau

(Matériau linguistique) réalisé en structure de surface par des morphèmes spécifiques: d’assertion Vous travaillez. d’interrogation Vous travaillez?

Travaillez-vous? d’injonction Travaillez! d’exclamation Comme vous travaillez bien! Tiens! Vous travaillez!

6 Les constituants immédiats sont les éléments délimités par des

découpages successifs opérés sur la phrase à chaque niveau en respectant la hiérarchie des éléments. Le point de départ de l’analyse est constitué par la phrase–unité maximum de la langue – et le point d’arrivée le morphème-unimé minimale pourvue de sens. A chaque niveau de l’analyse on distingue deux constituants, appelés constituants immédiats parce qu’ils «constituent immédiatement» l’unité immédiatement supérieure (ils sont indispensables pour l’existence et le fonctionnment de l’unité immédiatement supérieure). Le concept a été introduit en linguistique par R. Bloomfield et les linguistes américains. Cf. N. Ruwet, Introduction à la grammaire générative, Paris, Plon, 1967; J. Dubois et F. Dubois-Charlier, Analyse distributionnelle et structurale, in Langages nr.20.

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de négation Vous ne travaillez pas. Ne travaillez-vous pas?

Tiens! Vous ne travaillez pas! d’emphase Lui, il ne travaille plus.

C’est Marie qui vous appelera. de passif Ce texte a été traduit par Marie. Le C.Prop. (types obligatoires – l’assertion, l’interrogation,

l’injonction et l’exclamation – et types facultatifs – la négation, l’emphase, le passif et l’impersonnel) et le Noyau sont des CI de la Phrase, dominés par le symbole Ph.

Les types obligatoires s’excluent réciproquement. Chaque phrase est marquée par un seul type obligatoire. Un type obligatoire se combinent avec un ou plusieurs types facultatifs.

Vous ne travaillez pas. [+ assertion; + négation] Lui, il ne travaille pas aujourd’hui. [+assertion; +négation;

+emphase] Lui, il n’a pas été invité au spectacle.[+assertion; + négation;

+emphase; +passif] 2-ème niveau • choix des CI du Noyau Noyau GN1 GPréd.

Vous travaillez. Vous travaillez à l’Université. Mes amis étudient le français à l’Université. Mes amis sont invités au spectacle de ce soir.

Le Noyau est le CI dominé par le symbole Ph. Il domine deux CI:

le GN1 et le GPréd.. Entre le GN1 et le GPréd. s’établissent des relations

d’interdépendance (appelées aussi relations de double implication, de solidarité ou de complémentarité).

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3-ème niveau GPréd. • choix des CI du GPréd. GV GAdv.

Vous travaillez à la mairie. Vos amis arriveront bientôt. Nous attendrons nos amis à la gare.

Le GPréd. est le CI dominé par le Noyau. Il domine le GV et le

GAdv. Entre le GV et le GAdv. s’établissent des relations de dépendance (appelées aussi relations de sélection) orientées du GAdv. vers le GV. Le GAdv. est un constituant facultatif.

le 4-e niveau GV • choix des CI du GV

MV Dt.

Vous préparez vos examens. Vous offrez des fleurs à votre mère. Vous parlez de vos examens. Ils s’attendent à être invités à la

réunion. Le GV domine le verbe et les déterminants, des constituants qui

sont conditionnés par le thème du verbe. Ce sont des compléments d’objet direct, d’objet indirect ou des compléments prépositionnels. Ils sont demandés par une certaine incomplétude sémantique du verbe. Entre le MV et ses Dt les relations qui s’établissent sont d’interdépendance.

Ce modèle, appelé aussi modèle syntagmatique, a été ultérieurement reformulé et complété par la notion de transformation, susceptible d’expliquer:

(a) les phénomènes de discontinuité qui caractérisent la chaîne. Par exemple, la relation qui s’établit entre la phrase passive et la phrase active. La phrase:

Pierre sera bientôt nommé ambassadeur par le Président de la République.

est une phrase résultant de la transformation de passivisation de la phrase:

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Le Président de la République nommera bientôt Pierre ambassadeur.

(b) les différences de signification entre des phrases de structure apparemment identique. La phrase:

La reconnaissance des enfants. est ambiguë. Elle se laisse décoder de deux manières suivant le

sens qu’on prête au nom reconnaissance: Les enfants ont été reconnus. Les enfants manifestent un sentiment de reconnaissance /

sont reconnaissants. La présence du CProp. dans le schéma de la phrase s’explique par

la notion de transformation. La transformation des symboles représentant les constituants

immédiats de la phrase et les différentes transformations en structures terminales7 se réalise à l’aide de plusieurs types de règles8:

• des règles de réécriture ou règles syntagmatiques – qui forment l’indicateur syntagmatique de base:

– Ph GN + GV – règle indépendante du contexte (n’importe quelle phrase présente cette structure);

– GV MV ±Dt – règle indépendante du contexte; – l’accord Sujet – Verbe – règle dépendante du contexte (la

marque de nombre du verbe est donnée par la marque de nombre du sujet). • des règles de transformations qui convertissent une phrase ayant

une structure de constituants donnés en une nouvelle phrase qui possède une structure de constituants dérivés:

– la pronominalisation: Pierre parle. Il parle. Je vois Pierre Je le vois.

– la passivisation: Pierre a écrit cette poésie Cette poésie a été écrite par Pierre. • des règles morpho-phonémiques (ou phonologiques) qui

convertissent les séquences de morphèmes en séquences de phonèmes

7 On appele structure terminale, la phrase à forme graphique et/ou

sonore qui s’inscrit dans un texte/discours écrit ou oral. 8 Pour des des détails sur les systèmes de règles qui permettent la

transformation de la structure profonde en structure de surface, voir aussi le cours de linguistique générale ou Jean Dubois et all. Dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris, 1973.

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pour constituer des suites terminales, des phrases repérables et décodables par les locuteurs.

••• En grammaire des cas9, la phrase est conçue comme une structure dictée par les traits sémantiques et les latitudes combinatoires du verbe qui est considéré le pivot de la phrase. L’analyse et la description de la phrase engagent, en égale mesure, le niveau profond et le niveau de surface.

Au niveau très profond, appelé aussi niveau sous-jacent, sont repérés les relations logico-sémantiques que le verbe – le prédicat – entretient avec les groupes nominaux qui l’accompagnent.

Les groupes nominaux désignent les participants à l’action ou à l’état décrits par le verbe. Ils sont appelés cas ou arguments.

La relation qui s’établit entre le prédicat et chaque argument ou cas est appelée relation casuelle ou rôle.

Les relations casuelles ou les rôles, en tant que relations entre les éléments de la situation que présente une phrase, sont des relations fondamentales qui doivent étre décrites au niveau profond qui est «le niveau fondamental et premier»10 de constitution de la phrase.

Les phrases «de surfaces» sont le résultat de diverses transformations appliquées à la structure profonde.

Les transformations visent, entre autres, la distribution d’un des syntagmes nominaux en position privilégiée dans la structure de la phrase, la position de sujet de surface, ou en position de complément d’objet direct, ce qui entraîne des modifications dans la position occupée par les constituants disloqués:

Pierre a cassé la vitre avec sa balle. La balle a cassé la vitre. La vitre a été cassée par Pierre.

Les fonctions syntaxiques, les notions de sujet et d’objet, doivent étre décrites au niveau de la structure de surface.

Le sens de la phrase est déterminé au niveau de «la structure profonde» où les relations entre les éléments qui constituent la situation relatée apparaissent de manière explicite.

9 voir Charles Fillmore, The Case for Case, in BACH and HARMS

eds. , 1968, p.1-88; John M. Anderson, La grammaire casuelle, in Langages nr. 38/ juin

1975, p. 18-64. 10 Voir Ch. Fillmore, Op. cit.; F. Dubois-Charlier, Les premiers

articles de Fillmore in Langages nr. 38/ 1975, p. 3-17

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Au niveau de la structure sous-jacente, on distingue: le Contenu propositionnel proprement dit et la Modalité.

Le contenu propositionnel comprend seulement le verbe et des cas qui désignent les participants à l’action/l’état décrits par le verbe (une série d’éléments nominaux qui portent l’étiquette de leur rôle).

Par l’étiquette de Modalité on désigne les éléments qui marquent le temps, l’aspect, l’interrogation, la négation ou des relations logiques (réalisées par des adverbes ou syntagmes prépositionnels qui portent sur la phrases tout entière).

Les noms des rôles (ou les étiquettes qui les individualisent) ont été empruntés aux langues qui marquent explicitement ces relations par des formes casuelles (le latin, par exemple), respectivement Agentif, Objectif, Datif, Instrumental et Locatif.

Chaque proposition est représentée par le verbe et les cas (les éléments nominaux) pertinents (définitoires) pour la sous-classification des verbes11.

La représentation arborescente de la phrase en structure profonde peut revêtir la forme suivante:

Ph M(modalité) Prop (proposition) V(verbe) Cas1 Cas2 Cas3 Casn K GN K GN K GN K GN Le symbole K représente le marqueur de la relation casuelle12. Les arguments du verbe se distinguent entre eux par la nature de

la participation au procès désigné par le verbe.

11 Le schéma propositionnel centré sur le verbe et les cas pertinents pour sa caractérisation apparaissent de la manière suivante: Le médecin a guéri Pierre avec ce médicament. V (guérir) + Obj.(Pierre) + Inst. (avec ce médicament) + Ag. (le médecin). Pierre a guéri avec ce médicament. V (guérir) + Obj. (Pierre) + Inst. (avec ce médicament). Ce médicament a guéri Pierre. V (guérir) + Obj. (Pierre) + Inst. (ce médicament).

12 Voir T. Cristea, Relations et formes casuelles en français contemporain, Bucureşti, 1976. Al. Cuniţă, Le verbe et ses arguments, Bucureşti, 1979.

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Ces arguments peuvent représenter: – l’Agent, appelé Agentif -le cas du participant actif à la

réalisation du procès, l’instigateur animé de l’action ou de l’événement désigné par le verbe. Le verbe comporte le trait [+action]:

L’enfant a cassé la vitre. Sophie n’a pas répondu à votre question.

– la Force (assimilée parfois à l’Instrument) – le cas de l’actant non animé impliqué dans l’action non contrôlée spécifiée par le verbe:

Le vent a cassé la vitre. La pluie a abîmé la récolte.

– l’Instrument, appelé Instrumental – le cas de l’objet impliqué de manière causale dans l’action ou l’événement désignés par le verbe:

La vitre a été cassée par l’enfant avec une pierre. La pierre a cassé la vitre.

– le Datif – le cas de l’être animé affecté par l’action ou par l’état désignés par le verbe. L’étiquette de Datif couvre plusieurs relations casuelles:

– l’Expérimentateur – (appélé aussi Ressenteur) – le cas de l’être animé affecté par un événement psychologique, en ce sens qu’il reçoit, accepte, expérimente ou subit l’effet d’un procès:

L’enfant aime le chocolat. Le chocolat ne lui plaît pas. L’enfant a peur.

– la Cible (ou le Bénéficiaire) – le cas de l’être animé qui se constitue en point final du transfert de quelque chose:

La mère a donné du chocolat à l’enfant. La mère lui a donné du chocolat. J’ai prété mon dictionnaire à ma collègue. Je lui ai prété mon dictionnaire.

– la Source (ou le Perdant) – le cas de l’être animé qui se constitue en point initial du transfert de quelque chose vers quelqu’un:

On a volé le portemonnaie à ma voisine. On lui volé le portemonnaie. J’ai emprunté un livre à ma collègue. Je lui ai emprunté un livre.

– l’Objectif – le cas de la personne ou de la chose impliquées de manière nécessaire dans la réalisation du procès (qui indique l’objet qui est affecté ou qui accompagne l’action désignée par le verbe):

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L’enfant a cassé la vitre. L’enfant cherche sa mère. La vitre a été cassée par l’enfant.

– le Locatif – le cas qui désigne le lieu où se passe le procès ou bien le lieu où se manifeste l’état désigné par le verbe:

Pierre se promène dans la rue. Pierre a quitté la ville depuis deux jours. Cette rue mène à l’Université.

La phrase Le médecin a guéri Pierre avec ce médicament. sera représentée de la manière suivante:

Ph

Modalité Prop V Objectif Instrumental Agentif

K GN K GN K GN K GH

[+passé] guérir ø Pierre (avec) ce médicament (par) par le médecin le médecin [+accompli] [+assertion]

Dans la démarche qui sera adoptée pour la description de la phrase noyau, les éléments de théorie seront empruntés aux deux modèles présentés ci-dessus, le modèle de l’Analyse en constituants immédiats et la grammaire des cas.

La description de la structure, du statut de chaque élément constitutif de la phrase et les relations syntagmatiques que le constituant envisagé contracte avec les autres éléments sera faite à partir du modèle de l’analyse en constituants immédiats dans la représentation faite par la grammaire générative et transformationnelle. Pour le CProp (constituant propositionnel) seront valorisés aussi des éléments de la théorie de l’énonciation.

L’analyse en constituants immédiats permet de mettre en évidence un ordre partiel projeté sur l’ordre total de la chaîne (phrase). Sont ainsi mises en évidence les relations:

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• entre les constituants qui peuvent être: – des relations de dépendance (appelées aussi des relations

d’implication unilatérale); – des relations d’interdépendance (appelées aussi des relations de

solidarité ou de double implication); – des relations de coexistence (ou d’autonomie) • entre le constituant et le constitué qui peuvent être: – des relations endocentriques (le constitué appartient à la même

classe de distribution que le constituant): ce sont les relations qui s’établissent entre les termes du groupe nominal, respectivement entre le nom centre et ses déterminants (adjectifs, groupes nominaux prépositionnels ou propositions relatives) qui se maintiennent au même niveau fonctionnel (celui du groupe nominal). Le groupe assume la même fonction au niveau immédiatement supérieur, celui de la phrase: X + Y = X:

X – centre (noyau) de groupe nominal – les étudiants Y – déterminants du centre nominal – jeunes / de la première

année/ qui passent l’examen la semaine prochaine X – groupe nominal Les étudiants travaillent dans la bibliothèque. Tous les jeunes étudiants travaillent dans la bibliothèque. Tous les étudiants de la première année travaillent dans la

bibliothèque. Les étudiants qui passent l’examen la semaine prochaine

travaillent dans la bibliothèque. – des relation exocentriques (le constitué appartient à une classe

de distribution différente que celle des constituants): ce sont les relations qui s’établissent entre le groupe nominal et le groupe verbal. L’unité qui résulte assume une fonction différente de celle assumée par chacun des constituants qui entrent en combinaison. Elle acquiert la fonction de phrase:

X + Y = Z X – groupe nominal – Les étudiants Y – verbe – travaillent; groupe verbal – préparent les examens. Z – phrase – Les étudiants travaillent.

Les étudiants préparent les examens. La représentation arborescente met en évidence une représentation

intégrée, plus complexe, donnée par la complexité des relations qui sous-

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tendent la phrase, notamment: le degré de dépendance des CI de la phrase et la hiérarchie entre les différents CI.

Les traits caractéristiques de la phrase (la nature des relations qui s’établissent entre ses constituants) et les niveaux auxquels se situent ces particularités se laissent mettre en évidence par certaines manipulations (appelés ausi tests d’identification et de caractérisation):

(1) le test de l’omission (de l’effacement ou de la suppression) démontre que dans toute phrase certains termes sont obligatoires: ils ont le statut de termes fondamentaux et sont indispensables espour l’existence de la phrase. D’autres termes sont facultatifs: ils peuvent être supprimés sans que cela entraîne la destruction de la phrase.

Dans la phrase: Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc. (RS:173) on peut supprimer les séquences: de la bouteille et de vin blanc. La construction qui en résulte:

Olivier regardait l’étiquette. garde son statut de structure complète, donc le statut de phrase. La

suppression d’un des termes: Olivier, regardait et l’étiquette entraîne la destruction de la phrase, les constructions qui en résultent n’étant plus correctes grammaticalement et sémantiquement:

*Regardait l’étiquette. *Olivier l’étiquette *Olivier regardait13.

(2) le test de l’addition démontre qu’on ne peut ajouter à une phrase (aux termes obligatoires) que certains termes admis par le noyau verbal.

La phrase: Olivier regardait l’étiquette. admet comme extension: – soit des compléments circonstanciels de manière: avec attention,

attentivement, l’air distrait, sémantiquement compatibles avec les traits inhérents du verbe regarder [+dynamique], [+perception]:

Olivier regardait avec attention/ attentivement/ l’air distrait l’étiquette de la bouteille…

13 La construction Olivier regardait. est incomplète. Il lui manque le complément d’objet direct, obligatoire auprès du verbe regarder qui est transitif.

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– soit des compléments temporels compatibles avec les catégories grammaticales d’aspect et de temps qui marquent la forme d’imparfait du verbe:

A ce moment-là / Depuis quelques moments, Olivier regardait l’étiquette de la…

D’autres expansions sont refusées soit par les traits sélectifs du verbe soit par les marques aspectuelles et temporelles actualisées:

*Olivier regardait vite / soudainement l’étiquette. *Demain/La semaine prochaine, Olivier regardait l’étiquette.

Il résulte de ces transformations que le verbe est le constituant qui sélecte aussi bien les termes obligatoires que les termes facultatifs.

(3) le test du déplacement démontre que, dans la phrase, il y a des termes qui s’agencent dans un ordre déterminé, dont le déplacement entraîne la destruction de la phrase, tandis que d’autres termes ont une position libre et se laissent déplacer.

Dans la phrase: Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc. aucun des termes obligatoires ou facultatifs ne se laisse déplacer.

Tout changement de l’odre des termes donnés entraîne la destruction de la phrase:

* Regardait Olivier l’étiquette de la bouteille de vin blanc. *L’étiquette de la bouteille de vin blanc Olivier regardait. * Regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc Olivier.

Dans la phrase: A ce moment-là, Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin

blanc. le constituant à ce moment-là se laisse déplacer sans que cela

entraîne des modifications dans le statut et le sens de la phrase: Olivier regardait, à ce moment-là, l’étiquette de la bouteille de

vin blanc. Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc à ce

moment-là. Rapportée à l’ensemble des unités linguistiques qui forment la

langue, la phrase se définit comme l’unité linguistique maximum de la langue, fonctionnelle au niveau du discours. Elle diffère des autres unités de discours (morphèmes, mots, syntagmes) par plusieurs points:

– elle est consituée de signes mais elle n’a pas le statut de signe; – elle n’a pas le statut de constituant immédiat d’une unité

immédiatement supérieure;

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– son fonctionnement n’est caractérisé ni par la distribution, ni par l’emploi comme le sont les autres signes linguistiques.

Analytiquement, si l’on prend en compte les trois plans dans lesquels la phrase se manifeste, le plan graphique, le plan morpho-syntaxiques et le plan sémantique, on peut la définir comme la suite d’unités linguistiques, délimitée par deux pauses absolues, marquée, dans le code écrit, par la majuscule au début et par le point, le point virgule, les points de suspension à la fin et, dans le code oral, par une courbe mélodique spécifique (en fonction du type de la phrase), structurée selon des règles morphosyntaxiques spécifiques, ayant un sens complet admis par les locuteurs natifs.

La phrase est conçue comme une construction qui obéit à certaines règles, une structure hiérarchique dans laquelle les éléments se combinent en fonction de règles strictes.

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2. CRITÈRES DE CLASSIFICATION DES PHRASES Les critères qui permettent de classer les phrases sont soit des

critères formels soit des critères de contenu. Les critères formels visent: a/ le statut obligatoire ou facultatif des constituants, qui permet

de distinguer la phrase minimale (qui ne comporte que les termes obligatoires, respectivement le GN1 et le GV) et la phrase étendue (qui, en dehors de termes obligatoires, comporte aussi des termes facultatifs – des déterminants de type adjectival ou nominal – des modifieurs ou des ajouts du nom: épithète, complément du nom ou proposition relative – ou de type adverbial (GAdv.), à statut d’ajouts ou d’expansion du verbe, réalisés par des groupes nominaux ou par des substituts: des compléments circonstantiels de temps, de lieu, de manière ou d’instrument):

phrase minimale /vs./ phrase étendue Le spectacle a commencé. Le spectacle a commencé

à 18 heures. Pierre a offert des fleurs à sa mère. Hier soir, Pierre, le frère

de mon amie, a offert des fleurs à sa mère.

Pierre attend ses amis. Pierre attend ses amis dans le hall de l’Université.

Pierre se débrouille. Pierre se débrouille bien depuis quelque temps.

Les gens sont aimables. Les gens sont hospitaliers dans cette région.

b/ le nombre des constituants obligatoires permet de distinguer la phrase binaire (qui comporte deux termes obligatoires – le GN1 – le sujet – et le GV– le prédicat centré sur un verbe de type avoir) et la phrase ternaire (qui comporte trois termes obligatoires, respectivement le GN1 – le sujet – et le Verbe copulatif et l’Attribut qui forment le prédicat):

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phrase binaire /vs./ phrase ternaire Le spectacle a commencé. Le spectacle est amusant. Le public applaudit les acteurs. Le public avait l’air content. Les étudiants parlent au professeur. Mon frère trouvait ce livre

interessant. c/ le nombre de noyaux verbaux qui entrent dans la structure de

la phrase permet de distinguer la phrase simple (la structure centrée sur un seul verbe) et la phrase complexe, appelée aussi phrase moléculaire (la structure centrée sur plusieurs verbes, autrement dit la phrase structurée de plusieurs phrases à statut de constituants immédiats de la phrase matrice, reliés par la subordination, par la coordination ou par la juxtaposition):

phrase simple /vs./ phrase complexe (moléculaire) Le spectacle commence à 18 heures. Le spectacle qui vous intéresse

commence à 18 heures. Le spectacle commence à 18

heures mais je n’arriverai qu’à 19 heures

Ce livre m’intéresse beaucoup. J’ai acheté ce livre quand j’ai été à Paris.

Paul s’est absenté. Paul s’est absenté parce qu’il est malade.

Paul s’est absenté à la réunion et il ne nous a pas avertis.

Paul, qui voulait voir ce qui se passe dans la rue, s’est dirigé vers la fenêtre, l’a ouverte largement et a regardé le spectacle.

Les critères de contenu – les fonctions communicatives – permettent de distinguer les types suivants:

– la phrase assertive: Il fait beau. Les enfants s’amusent dans la cour de l’école. Le jeudi, nous n’avons pas de cours. Pierre s’est absenté parce qu’il est malade. – la phrase interrogative: Quel temps fait-il à Bucarest? Où, les enfants, s’amusent-ils? Quand est-ce que nous n’avons pas de cours?

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Pourquoi Pierre s’est-il absenté? – la phrase exclamative: Quel beau temps! Comme ils sont gentils, ces enfants! Si on n’avait pas de cours aujoud’hui! – la phrase injonctive: Amusez-vous bien, les enfants! Allez vous promener! (Vous n’avez pas de cours aujourd’hui.) Faisons attention! Ne soyons pas distraits! En termes de la grammaire générative transformationnelle et de la

grammaire des cas, ces types de phrases s’inscrivent sous le noeud Modalité.

3. Le cours sera consacré à la description des constituants de la phase simple, la phrase centrée sur un seul noyau verbal.

Ce type de phrase peut comporter des sous-prédications représentées par des subordonnées intégrées à statut de déterminants auprès des constituants de base. Il s’agit de:

– la proposition relative intégrée au GN (groupe nominal): La personne qui s’occupe de cette affaire est absente. La (Cette) personne est absente phrase de base …. est absente. prédication de base … qui s’occupe de cette affaire. proposition subordonnée,

déterminant du nom personne … s’occupe de cette affaire sous-prédication La proposition relative n’est que l’expansion d’un nom. Introduite

par un pronom relatif, co-référent du nominal qu’il représente (argument non autonome), elle est strictement dépendante du nom antécédent.14

14 Cette relation intime entre la proposition relative et son antécédent est appelée par Claude Muller relativation et est décrite comme il suit:

« On entendra par relativation le processus syntaxique qui permet d’obtenir, à partir d’un constituant non verbal (l’antécédent) un constituant complexe comportant à sa tête ce constituant, et, en complément, une proposition dans laquelle un des actants (au sens large: incluant les circonstanciels) est interprété comme étant coréférent à l’antécédent.[...]

La relativation comporte donc une relation anaphorique entre un antécédent (la tête) et un argument de la subordonnée. On a parfois tendance à y voir la caractéristique principale de ce type de subordination. »

(C. Muller, 1996, La subordination en français, Armand Colin/ Masson, Paris, p. 20-21)

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– la proposition conjonctive intégrée au GN (groupe nominal): L’idée que ses parents sont en difficulté le tracasse. L’(Cette)idée le tracasse. phrase de base …. (le) tracasse prédication de base … que ses parents sont en difficulté proposition subordonnée,

déterminant du nom idée … sont en difficulté sous-prédication La proposition conjonctive15 est régie par certains noms abstraits

et introduite par la conjonction que. Comme dans le cas de la proposition relative, il s’agit d’une subordonnée strictement dépendante du nom qui la régit.

– la proposition complétive intégrée au GV (groupe verbal): Le professeur a constaté que plusieurs étudiants sont absents. …(que) plusieurs étudiants sont absents proposition subordonnée,

constituant du GV( à statut de déterminant du verbe constater, verbe transitif qui demande nécessairement une complétude syntaxique).

Ces trois types de propositions subordonnées appartiennent donc à la phrase-noyau, qui se distingue de la phrase complexe justement par l’expression d’une seule prédication (qui peut inclure dans la structure de ses GN ou dans le GV des sous-prédications non autonomes syntaxiquement et sémantiquement, du type proposition relative, proposition conjonctive, proposition complétive).

15 Cf. T. Cristea, 1979, Grammaire structurale du français

contemporain, Bucuresti, EDP, p. 165-168.

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DEUXIÈME PARTIE

LES CONSTITUANTS IMMEDIATS DE LA PHRASE SIMPLE

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1. LE CONSTITUANT PROPOSITIONNEL (LES TYPES DE PHRASE)

Les types de phrase, constituant représenté dans l’arbre génératif

par le symbole CProp. (constituants propositionnels) ou Const de PH (constituant de phrase), précisent le statut de la phrase dans la communication.

En approche énonciative, qui s’appuie sur l’analyse des actes de langage16, le constituant de phrase est étiqueté comme modalité d’énonciation.

Autrement dit, ce constituant traduit le choix du locuteur quant au type de communication qu’il veut instaurer avec son interlocuteur:

– lui communiquer une information, faire une constatation – asserter quelque chose;

– lui poser une question pour avoir la confirmation ou l’infirmation d’une supposition ou bien pour lui demander une information;

– demander à son interlocuteur de faire quelque chose; – exprimer son état d’âme, ses sentiments ou son jugement face à

un interlocuteur qui a le statut de témoin; on pourrait déceler dans l’intention de communication de l’énonciateur le désir d’obtenir l’adhésion de l’interlocuteur.

On distingue: * quatre modalités d’énonciation ou types de phrases obligatoires

(la phrase assertive, la phrase interrogative, la phrase impérative et la phrase exclamative17) qui s’excluent réciproquement:

16 Cf. J.L, Austin, Quand dire c’est faire, Editions du Seuil, Paris, 1970.

J., SEARLE, Les actes de langage. Essai de philosophie du langage, Hermann, Paris, 1972.

17 Dans certaines approches, le type de phrase exclamatif est exclu des types obligatoires, l’exclamation étant considérée comme un degré d’intensité que les trois types (l’assertion, l’interrogation et l’injonction) peuvent prendre. Cf. T. Cristea, C.-S., Stoean Modalités d’énonciation, Editura ASE, 2004, p.9-10; R., Tomassone, Pour enseigner la grammaire, Delagrave, 2002, Paris, p.117.

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Nous sommes libres ce soir. Tu es libre ce soir? Expédiez ce message par e-mail! Il comprend tellement vite! Les phrases assertive, interrogative et impérative se rapprochent

par le fait qu’elles sont centrées sur l’énonciateur et sur les relations que celui-ci entretient avec son interlocuteur, tout acte de communication étant, par sa nature, dialogique. En plus, elles se laissent modifier par la négation (transformation que la phrase exclamative n’admet pas), par l’emphase (la phrase exclamative est, de par son contenu, même marquée par l’emphase) ou par la transformation passive.

* plusieurs types facultatifs qui se combinent avec les types obligatoires et entre eux. Les types facultatifs de phrase sont: la phrase affirmative / la phrase négative, la phrase neutre / la phrase emphatisée, la phrase active / la phrase passive, la phrase ou la construction personnelle / la phrase ou la construction impersonnelle.

On peut, par conséquent avoir des combinaisons du type: [+assertif],[+ affirmatif],[+actif],[+ emphase]

C’est Pierre qui a raté le train. [+interrogatif],[+ négatif], [+passif]

Qui n’a pas été invité à cette réunion? [+imperatif], [+négatif], [+actif]

Ne vous dérangez pas! [+assertif], [+affirmatif], [+impersonnel]

Il est difficile de travailler dans ces conditions. Les types facultatifs, qui se caractérisent par la modification de la

structure syntaxique de chacun des types obligatoires ne sont pas de simples variations de forme laissées au choix arbitraire du locuteur. Les modifications sont imposées par les necessités de la communication (thématisation, focalisation, etc.). Par exemple, les phrases assertive, assertive emphatique et assertive passive ne peuvent pas être employées, dans un texte, indifféremment l’une pour l’autre:

Ce livre a remporté le plus grand succès à la foire de la rentrée. C’est ce livre qui a remporté le plus grand succès à la foire de la

rentrée. Le plus grand succès à la foire de la rentrée à été remporté par ce

livre.

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La description des types de phrase suppose à la fois une approche énonciative (description en termes de fonctions discursives des structures linguistiques spécifiques) et une approche syntaxique qui sera privilégiée, dans la mesure où notre intention est de fixer les caractéristiques morphologiques et syntaxiques de ces types de phrase.

1.1. La phrase interrogative

1.1.1. Définition et caractérisation La phrase interrogative est un type obligatoire de phrase qui peut

se combiner avec un ou plusieurs types facultatifs (l’affirmation ou la négation, le passif, l’emphase, l’impersonnel).

Ce livre, vous intéresse-t-il? Ce livre ne vous intéresse-t-il pas? Tous les problèmes ont été réglés? Certains problèmes n’ont pas encore été réglés? Y a-t-il des problèmes qui ont été réglés? La phrase interrogative est la phrase marquée, dans le code oral, par

une courbe mélodique ascendante (par une intonation d’inachèvement) et, dans le code écrit, par un signe d’interrogation. Dans des situations données, elle comporte dans sa structure un morphème interrogatif.

Il part en vacances? courbe mélodique: Qui part en vacances? mot interrogatif: qui Où part-il en vacances? mot interrogatif: où Types d’interrogations Le type de l’interrogation est donné par plusieurs facteurs: (1) la nature de la réponse, qui peut être: • oui (une confirmation) ou non (une infirmation). Ces deux

types de réponses permettent de distinguer: l’interrogation de confirmation et l’interrogation d’infirmation.

-Ont-ils donné leur accord? -Oui. / Non. Du point de vue logique, l’interlocuteur confirme ou infirme la

présupposition du locuteur, présupposition exprimée sous forme d’interrogation.

Du point de vue linguistique, la phrase interrogative a le statut d’une phrase organisée, simple ou complexe, marquée par l’intonation ascendente doublée ou non d’un morphème interrogatif spécifique

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(Vous partirez demain soir? Est-ce que vous partirez demain soir? Partirez-vous demain soir?)

La réponse à l’interrogation de confirmation ou d’infirmation est exprimée par les substituts oui ou non (a) accompagnés ou non de la phrase qui constitue le propos de l’interrogation marquée par des morphèmes d’affirmation ou de négation ou (b) accompagnée d’indices de certitude ou de probabilité réalisés per des adverbes ou par des structures équivalentes. L’interrogation est, de ce point de vue, une interrogation de confirmation ou d’infirmation:

– Est-ce que vous partirez demain soir? – Oui, nous partirons demain soir. / Oui, sûrement. – Non, nous ne partirons pas demain soir./Non, certainement pas. – Vous partirez demain soir? – Oui, sans doute. / Oui, je crois bien. – Non, je ne crois pas. • une information sur les protagonistes du procès, sur la

personne ou la chose impliquées dans la réalisation du procès, sur les circonstances dans lesquelles se passe l’action.

Du point de vue logique, le locuteur demande à son interlocuteur une information sur un problème, un aspect d’un problème qui lui sont inconnus. L’auditeur donne cette information / ces informations dans sa réponse.

Linguistiquement, la phrase interrogative comporte un constituant réalisé par un morphème interrogatif (un pronom, un prédéterminant ou un adverbe).

La réponse revêt la forme d’une phrase organisée complexe qui reprend la proposition interrogative mais ayant à la place du morphème interrogatif un constituant de proposition.

– Qui a fini ses exercices? – Moi, j’ai fini mes exercices. – D’où venez-vous? – Je viens de l’Université. (2) l’incidence syntagmatique ou la portée de la question: la

question peut être incidente au verbe et, dans ce cas, à toute la phrase: l’interrogation est totale; elle peut être incidente à un constituant autre que le verbe et dans ce cas l’interrogation est partielle.

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interrogation totale interrogation partielle – Sont-ils d’accord? – Qui a donné son accord? – Oui. / Non. – Le directeur économique a donné

son accord. – Partent-ils en vacances? – Oui, la semaine prochaine. – Où partent-ils en vacances? – À la montagne. (3) le type de communication qui peut être: directe (les deux

interlocuteurs se trouvent face à face) ou indirecte (les interlocuteurs sont à distance l’un de l’autre, dans l’espace ou dans le temps); l’interrogation sera interrogation directe et interrogation indirecte:

interrogation directe interrogation indirecte

– Veulent-ils nous accompagner? Je voudrais savoir s’ils veulent nous accompagner.

– Qui veut nous accompagner? Je ne sais pas qui veut nous accompagner.

Le critère adopté dans la description de la phrase interrogative est celui de l’incidence syntaxique de la question.

1.1.2. Réalisateurs de l’interrogation directe

A. Les réalisateurs de l’interrogation totale (a) la courbe mélodique montante est le moyen spécifique du

code oral. Elle est employée dans le dialogue, étant accompagnée aussi par les gestes et l’attitude:

– Il est avec vous? – Non, il est parti. – Je peux les accompagner à la gare? – Oui, pourquoi pas. En général, c’est une interrogation qui porte sur un élément

référentiel inconnu par le locuteur. L’interrogation mélodique est spécifique de la langue courante.

Elle est en variation avec la périphrase interrogative ou avec l’inversion.

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L’interrogation mélodique est la seule possible lorsque la réponse à la question se trouve dans le contexte situationnel.

– Vous avez trouvé votre chien? (le chien est présent dans la situation de communication)

(b) l’inversion du sujet est spécifique des phrases où le sujet est réalisé par des pronoms personnels:

– A-t-il été au cinéma? – Avez-vous trouvé vos places? – As-tu acheté les billets? – Vous ont-ils attendus à la gare? L’inversion peut être simple ou complexe. L’inversion simple est spécifique des phrases où le sujet est

réalisé par un pronom personnel. – As-tu compris ce qu’il a dit? – A-t-il été au cinéma? – Avez-vous des reproches à nous faire? À la première personne du présent de l’indicatif ce procédé est

abandonné dans la langue familière et populaire et il est rare dans la langue soignée. Dans la langue soignée, pour les verbes du 1-er groupe, on ajoute un accent aigu sur la désinence muette:

Je parle. Parlé-je? J’écoute. Ecouté-je? Pour les autres groupes de verbes, l’inversion est exclue à

l’exception de certains verbes qui se terminent par une voyelle ou une semi-voyelle:

Je suis. Suis-je? Je puis. Puis-je? J’ai. Ai-je? Je vais. Vais-je? Je fais. Fais-je? Je sais. Sais-je? Pour les autres personnes l’inversion est possible surtout si le

verbe est à une forme verbale autre que l’indicatif présent: Pourrait-il nous accompagner? Avez-vous réussi à le contacter? Etait-il au courant des derniers événements? A la 3-ème personne du singulier, lorsque la forme verbale se

termine par une voyelle muette ou sonore, pour éviter l’hiatus, on ajoute un t, appelé t euphonique:

A-t-il quelque chose à dire? Sera-t-il présent à notre réunion? Écoute-t-il la radio? Parle-t-il avec ses camarades?

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• l’inversion complexe est spécifique des phrases où le sujet est réalisé par un GN ou par un pronom autre que les pronoms personnels sujets et les pronoms ce et on. Le sujet grammatical reste devant le verbe mais il est repris par un pronom sujet après le verbe:

– Pierre est-il arrivé? – Ton frère va-t-il à la gare? – Les vôtres sont-ils déjà là? – Celle-là a-t-elle été enregistrée? – Quelqu’un est-il là? Ces formes d’interrogation sont plus fréquentes dans l’aspect écrit

de la langue et appartiennent à un registre plus soutenu. • la périphrase interrogative: est-ce que…? L’emploi de la périphrase interrogative exclut l’inversion du sujet. – Est-ce que vous nous accompagnez à la gare? – Est-ce qu’il sait où nous chercher? Ce type d’interrogation est le plus fréquent dans le code oral

comme dans le code écrit. Il présente l’avantage de poser, dès le début de la phrase une marque de l’interrogation, associée, dans le cours de l’articulation de la phrase, à l’intonation interrogative spécifique:

– Est-ce que vous nous accompagnez à la gare? • les exposants Ce sont des formules figées, issues des phrases interrogatives

totales. Placées devant ou après d’autres phrases assertives, ces formules leur confèrent une valeur de phrase interrogative. On emploie les exposants dans le langage familier. L’inversion du sujet est exclue:

– Il est arrivé, n’est-ce pas?/...non? /…pas vrai?/... savez-vous?/... ne croyez-vous pas?

– Ils ont toutes les chances pour réussir, ne pensez-vous pas? B. Les réalisateurs de l’interrogation partielle L’interogation partielle est réalisée par des morphèmes interrogatifs

(pronoms et adverbes interrogatifs) accompagnés toujours par la courbe mélodique et parfois par l’inversion. L’interrogation partielle est incidente au GN1 au GN2, au Gprép. (qui inclut aussi le GN3) ou au GAdv.

Qui veut répondre? Que voulez-vous dire? À qui voulez-vous adresser votre question? Avec qui voulez-vous travailler?

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(a) L’interrogation incidente au sujet est réalisée par le pronom interrogatif qui présente des formes différentes suivant que le nominal est marqué par les traits [+animé], [+personne] ou [-animé].

• le sujet est marqué par le trait [+personne]; l’interrogation est réalisée:

– par la forme simple du pronom interrogatif qui…?; – par la forme composée lequel, laquelle,... lorsque l’idée sous-

jacente est de sélection sur un ensemble. Ces deux formes de pronom peuvent apparaître aussi en structure

renforcée qui est-ce qui…?, lequel est-ce qui…? – Qui est entré? – Qui est-ce qui est entré? – Lequel(d’entre eux) est parti? – Lequel (d’entre eux)

est-ce qui est parti? • le sujet est marqué par le trait [-personne]; la forme que du

pronom, représentant la non personne, ne peut pas remplir la fonction de sujet; par conséquent pour le sujet [-personne] il n’y a pas de forme simple du pronom interrogatif. L’interrogation est réalisée par la forme simple du pronom interrogatif que…? insérée dans la structure renforcée et par la forme composée lequel, laquelle, ..., en structure neutre ou en structure renforcée lequel est-ce qui…?

– Qu’est-ce qui est arrivé? – Qu’est-ce qui t’intéresse dans cette exposition. – Lequel de ces films a passé à la télé? – De ces deux films, lequel est-ce qui a passé en ville? (b) L’interrogation incidente au GN2 est réalisée par les

formes: • qui…? en structure neutre et en structure renforcée qui est-ce

que…? dans le cas d’un nominal marqué par le trait [+personne]: – Qui avez-vous rencontré? – Qui est-ce que vous avez

rencontré? – Qui ton père a-t-il rencontré? – Qui est-ce que ton père a

rencontré? – Qui ceux-ci veulent-ils voir? – Qui est-ce que ceux-ci

veulent voir? • que…? et qu’est-ce que…? lorsque le nominal est marqué

par le trait [-personne]: – Que dit-il? – Qu’est-ce qu’il dit? – Que faites-vous là? – Qu’est-ce que vous faites là?

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• lequel…? en structure neutre et en structure renforcée lequel est-ce que…?

– Lequel (de ces livres) avez-vous choisi? – Lequel est-ce que vous avez choisi?

– Lequel de ces étudiants recommandez-vous pour le concours? – Lequel est-ce que

vous recommandez pour le concours? (c) L’interrogation incidente à l’attribut est réalisée par les

formes qui...?, que...? et quel…? en structure neutre et en structure renforcée:

– l’attribut donne l’identité: Cette femme est ma soeur. Qui est cette femme? Vous êtes leur professeur. Qui est-ce que vous êtes? – l’attribut porte sur la qualité: Vous voulez devenir professeur. Que voulez-vous devenir? Qu’est-ce que vous voulez devenir? Il est un homme généreux. Quel homme est-il? (d) L’interrogation incidente au GPrép. centré sur un nominal

[+personne] est réalisée par les pronoms interrogatifs qui et lequel accompagnés de préposition; ils peuvent apparaître en structure neutre ou renforcée:

– à/ de/ avec/ pour/ contre qui…? – à/ de/ avec/ pour/ contre qui est-ce que…? – auquel / duquel/ pour/contre lequel…? – auquel / duquel/ pour lequel / contre lequel est-ce que…? – À qui parle t-il? – À qui est-ce qu’il parle? – De qui parlez-vous? – De qui est-ce que vous parlez? – Avec qui a-t-il collaboré? – Avec qui est-ce qu’il a collaboré? – Avec lequel de ces partenaires voulez-vous travailler? – Avec lequel de ces partenaires est-ce que vous voulez travailler? L’interrogation portant sur le GPrép centré sur un nominal

comportant le trait [-personne] est réalisée par la forme quoi…? accompagnée de la préposition, en structure neutre ou renforcée:

– à / de/ sur/ contre/ avec quoi…? – à / de/ sur/ contre/ avec quoi est-ce que…? – auquel / duquel/ pour / contre lequel…? – auquel / duquel/ pour / contre lequel est-ce que…?

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– A quoi penses-tu? – A quoi est-ce que tu penses? – De quoi parle-t-il? – De quoi est-ce qu’il parle? – Contre quoi s’est-il dressé? – Contre quoi est-ce qu’il

s’est dressé? – Pour laquelle de ces propositions se sont-ils prononcés? – Pour laquelle de ces propositions est-ce qu’ils se sont prononcés? (e) L’interrogation incidente au GAdv. est réalisée par les

adverbes: quand…? où…? combien…? comment…? En structure simple ou en structure renforcée:

– Quand êtes-vous arrivés? – Quand est-ce que vous êtes arrivés?

– Comment vous débrouillez-vous? – Comment est-ce que vous vous débrouillez?

(f) L’interrogation incidente au déterminant du GN est réalisée par le prédéterminant interrogatif: quel, quelle, quels, quelles:

Quel livre a-t-il choisi? (Il a choisi un livre de français) À quelle heure commence la réunion? Quel jour vous conviendrait pour fixer la réunion? Quelles sont les dates qui vous conviendraient?

1.1.3. L’interrogation indirecte

L’interrogation indirecte est la reformulation de l’interrogation directe sous la forme d’une proposition subordonnée – complément d’objet rattachée à un verbe régissant déclaratif (dire, répéter, vérifier) à la forme de l’impératif, de sens interrogatif (se demander), aux formes de l’indicatif, ou à un verbe de connaissance, de sémantisme interne négatif ou nié (ne pas savoir, ignorer, oublier) aux formes de l’indicatif:

Dites-moi à quelle heure commence la réunion. Vérifiez si c’est correct. Je me demande quelle heure il est. J’ignore à quelle heure commence la réunion. Dans l’interrogation indirecte on distingue les mêmes niveaux

d’incidence que dans l’interrogation directe. Du point de vue de la structure on distingue: Une proposition à verbe régissant du type: vouloir savoir, ne pas

savoir, ignorer, (se) demander et la proposition complétive rattachée au verbe régissant par un relateur spécifique pour chaque niveau

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d’incidence. Les verbes régissants sont appelés aussi des verbes introducteurs de l’interrogation indirecte.

La proposition complétive (issue de la transformation de l’interrogation totale directe) est rattachée au verbe introducteur régissant par le relateur si:

interrogation totale directe interrogation totale indirecte Avez-vous reçu mon message? Je veux savoir si vous avez

reçu mon message. Est-ce qu’ils ont donné leur accord? Je veux savoir s’ils ont

donné leur accord. Pour l’interrogation indirecte partielle, à l’exception de que’est-ce

qui et qu’est-ce que qui deviennent ce qui et ce que, les relateurs sont les mêmes pronoms interro-relatifs et adverbes employés dans l’interrogation directe:

interrogation partielle interrogation partielle directe indirecte – Qui a téléphoné? Je veux savoir qui a téléphoné. – Qui cherchez-vous? Je me demande qui vous

cherchez. – De qui parlez-vous? Je ne sais pas de qui vous

parlez. – Qu’est-ce qui vous amuse? Je voudrais savoir ce qui vous

amuse. – Que faites-vous là? Je me demande ce que vous faites là. – De quoi parlez-vous? J’ignore de quoi vous parlez. – Où allez-vous? Je voudrais savoir où vous allez.

1.1.4. Les fonctions de la phrase interrogative

La phrase interrogative remplit, dans la communication, les fonctions suivantes:

• appel de confirmation ou d’infirmation: – Sont-ils arrivés? – Oui. /Non. • appel d’information: – Qui a cassé la vitre? – Le vent. / Une pierre jetée par un inconnu.

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• appel au jugement de l’interlocuteur. La phrase est centrée sur un verbe modalisateur du type: croire, trouver, penser, avoir l’impression, considérer, dire.

Comment trouvez-vous ce livre? Qu’en pensez-vous? Suivant l’attitude et l’intérêt que le locuteur porte au jugement de

son interlocuteur on distingue trois sous-types de questions à valeur d’appel au jugement de l’interlocuteur:

(a) l’interrogation porte sur un prédicat de base qui n’a pas été formulé; le locuteur est intéressé; c’est l’appel proprement-dit:

Comment avez-vous trouvé ce livre? Comment considérez-vous son attitude?

(b) l’interrogation porte sur un prédicat de base sur lequel un jugement a été déjà formulé et à l’égard duquel le locuteur est neutre:

Vous trouvez ce livre intéressant? Vous croyez que son attitude est correcte?

(c) l’interrogation porte sur un jugement formulé explicitement. Le locuteur demande la confirmation de l’opinion exprimée dans la phrase interrogative qu’il formule:

Ce livre est intéressant, ne trouvez-vous pas? Il a agi correctement, ne croyez-vous pas?

• appel à l’univers cognitif de l’interlocuteur: le locuteur compte sur la capacité de son interlocuteur de lui fournir des informations. La question est structurée sur les verbes: savoir et pouvoir:

Savez-vous où a eu lieu la réunion du Conseil d’Administration? Pouvez-vous nous dire quelle est la route qui mène au monastaire?

• appel d’adhésion: N’ai-je pas raison? J’ai raison, n’est-ce pas?

1.2. La phrase exclamative

1.2.1. Définition et caractérisation La phrase exclamative est l’expression d’une attitude affective

subjective du locuteur18. Elle a toujours une forme affirmative, ne se combinant jamais, ni avec la négation, ni avec l’interrogation.

La phrase exclamative est marquée, dans le code oral, par une courbe intonatoire ascendante ou montante en fonction du contenu de

18 Cf. R., Tomassone, Op. cit., p. 136; T., Cristea, C.-S., Stoean Op. cit., p.10.

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l’exclamation. Dans le code ecrit, elle est marquée par le signe d’exclamation, le signe d’interrogation ou par des points de suspension. Elle peut être marquée aussi par certains morphèmes linguistiques ou par des particularités de structure.

Regrettable! Voyons! Quelle désordre! (contenu négatif) Tiens! Vous ici! (contenu positif) Du point de vue de la structure, la phrase exclamative peut être:

explicite et implicite. Du point de vue de l’incidence, l’exclamation peut porter sur le

verbe ou sur un constituant autre que le verbe. La phrase exclamative explicite a la structure d’une phrase

canonique ( Ph= GN1 + GPréd.) Je suis désolé! Je suis content! Comme je suis content! La phrase exclamative implicite est réalisée par un terme unique

ou par une structure où le sujet est disjoint du prédicat: Quel désordre! (= Je n’ai jamais vu un tel désordre) La belle fleur! (= La fleur est très belle)

1.2.2. Realisateurs de la phrase exclamative explicite

(1) la courbe mélodique Ce n’est pas possible! C’est formidable!! Moi, je l’adore! (2) les mots introducteurs à valeur exclamative: (a) les intensifs: que, combien, comme, et dans le langage

familier ce que et qu’est-ce que Qu’ils sont heureux! Que cette maison est belle! Combien de fleurs! Combien elle a grandi! Comme il est mignon!

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Comme elle est jolie! Ce que c’est bon!! Qu’est-ce que c’est bon! Ce que je suis fatigué! Qu’est-ce que je suis fatigué! (b) le prédéterminant quel et ses variantes marquées par les

morphèmes de genre et de nombre, sont employées lorsque l’exclamation porte sur un déterminant nominal:

Quelle bonne nouvelle ils doivent avoir reçue!! Quel temps il peut perdre avec ses amis! (c) des conjonctions ou locutions conjonctionnelles si, mais,

pourvu que, introduisant des subordonnées: Si j’étais seul maintenant! Mais je n’aurai jamais le temps! Pourvu que le temps ne passe pas trop vite! (d) l’inversion du sujet: Est-elle jolie! Sont-ils impertinents! Faut-il que je vous aime! (e) les formes verbales d’infinitif, de participe passé et de

subjonctif: Et dire qu’on m’aime pourtant! Finies les vacances! Puisse-t-il réussir! (f) des mots qui expriment: – l’affectivité du locuteur: bien, déjà, donc, diable: Il est bien sage, notre enfant! Vous êtes déjà là! – l’appréciation / l’évaluation: si, tel / telle, tellement: Il est si délicat! Ce livre est si intéressant! Il a montré une telle ferveur! Il est tellement intéressant!

1.2.3. Réalisateurs de la phrase exclamative implicite La phrase exclamative implicite peut être consituée d’un seul mot

ou d’une suite de mots. Ce sont des phrases inorganisées qui manquent soit de sujet, soit de verbe. Les réalisateurs appartiennent à plusieurs classes de mots. Ce sont:

(a) des interjections: Oh!, Ah!, Eh!

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(b) des noms, des formes verbales ou des adverbes: Attention! Faites! Faites vite! Encore!

Le formant que peut réaliser des structures exclamatives dans le contexte de la préposition de et d’un nominal:

Que de monde! Que de fleurs! (c) des phrases à terme unique:

Quelle beauté! Quel voyage!

1.2.4. Fonctions communicatives de la phrase exclamative

La phrase exclamative exprime la subjectivité évaluative ou affective du locuteur. Il s’agit des valeurs du types:

• évaluation axiologique favorable: Bravo! Félicitations! Un brave type!

• évaluation axiologique défavorable: Misère! Salaud! Quel sale type!

• appréciation de la qualité: Quelle voiture! Quelle bonne idée!

• appréciation de la quantité: Comme elle parle fort! Comme je suis content!

• état affectif émotionnel: Oh! Il travaille tellement bien! Comme elle chante bien!

• souhait: Puisse-t-il réussir! Pourvu qu’il réussisse! Si j’avais vingt ans!

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• regret: S’il avait pu réussir! Quel dommage! Eh bien, tant pis!

• admiration: Bravo! C’est parfait! Chapeau bas!

• surprise: Comment, vous ici! Ça alors! Eh bien, vous voilà!

1.3. La phrase impérative

1.3.1. Définition et caractérisation La phrase impérative est un type obligatoire de phrase. Elle est

marquée dans le code oral par une courbe descendante et, dans le code écrit, par le signe d’exclamation. Elle exprime un ordre ou un avertissement centrés sur l’auditeur. Autrement dit, elle est utilisée lorsqu’on veut que quelqu’un fasse ou ne fasse pas quelques chose. En règle générale, la situation d’énonciation type est la situation de discours qui met en contact deux interlocuteurs. Cependant, on enregistre plusieurs statuts du destinataire, qui peut être:

(a) déterminé, connu, présent dans la situation de communication. C’est la 2-ème personne (tu), la 4-ème personne (appelée aussi personne multiple) nous et la 5-ème personne vous (appelée aussi personne multiple):

Va– t-en! File! immédiatement! Dépêchons-nous! il est tard. Approchez! Allez-vous -en! Il se peut aussi que le locuteur s’adresse à lui même, par

l’intermédiaire d’une structure à la deuxième personne, forme de l’impératif ou à la première personne, forme du subjonctif:

Rentre en toi-même, Octave …

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Que je meure si je n’ai pas dit la vérité19… (b) déterminé, connu, mais absent de la situation de communication.

C’est la 3-ème personne du singulier ou du pluriel il, ils: Qu’il me téléphone ce soir! Qu’ils viennent me voir! (c) non déterminé, non connu, réalisé par le pronom on: Qu’on range tous ces livres! Qu’on cherche une solution à ce problème!

1.3.2. Les réalisateurs de la phrase impérative • la forme de l’impératif pour une injonction centrée sur un

destinataire connu, présent dans la situation de communication: Répète la phrase! Fermez la fenêtre!

Finissons vite! Dis quelque chose! Veuillez me passer le livre!

Partons! • le présent de l’indicatif, les formes de la 2-ème et de la 5-ème

personnes pour un destinataire connu, présent dans la situation de communication:

Tu restes là attendre les autres! Vous suivez les indicateurs et vous allez à droite! • une phrase à sujet réalisé par un pronom de la 2-ème et

5-ème personnes, centrée sur le verbe vouloir à la forme interrogative inversive, du présent de l’indicatif:

Veux-tu me dire la vérité! Voulez-vous lâcher cela tout de suite! • les formes du conditionnel de la 2-ème et 5-ème personnes: Tu ferais bien d’attendre encore! Vous feriez bien de vous dépêcher! • le futur simple ou périphrastique, les formes de la 2-ème et

5-ème personnes: Tu iras acheter le pain! Vous partirez seuls! Tu va rester à la maison! Vous aller finir immédiatement! • le subjonctif, pour une injonction centrée sur la 3-ème

personne: Qu’il attende encore! Qu’ils me téléphonent demain soir!

19 Apud, R., Tomasson, Op. cit., p. 131

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• l’infinitif pour un destinataire inconnu: Agiter bien avant de s’en servir! Ne pas laisser à la portée des enfants! Ce type de structure est fréquente dans les modes d’emploi, les

fiches techniques et, en variation avec l’impératif, dans le discours des mathématiques:

Placer deux points A et M, puis tracer deux droites d1 et d2 passant par A….

• des construction nominales et adverbiales: Attention! Hôpital! Stop! Pas si vite!

1.3.3. Les fonctions communicatives de la phrase impérative

• l’ordre ferme, marqué d’autorité: Sortez d’ici! Arrêtez!

• l’ordre aténué, marqué par la politesse: Passez-moi le dictionnaire, s’il vous plaît! Passez-moi le sucre, je vous prie! Ayez l’amabilité (la bonté) de nous suivre!

• la recommandation / la prescription: Ne sortez pas la nuit! Prenez un comprimé après le repas!

• l’invitation: Venez dîner chez nous demain soir!

• la suggestion: Va voir l’exposition d’art chinois, elle est très intéressante!

• le conseil: Dépêchez-vous, vous allez manquer votre train!

• la prière: Préte-moi ton dictionnaire, je t’en prie!

• la demande: Maman, achète-moi ce dictionnaire!

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1.4. La phrase négative

1.4.1. Définition et caractérisation

La phrase négative est la phrase marquée, dans le code oral, par une courbe mélodique neutre (montante dans la première partie et descendante dans la partie finale). Elle comporte dans sa structure un morphème négatif de nature grammaticale ou lexicale:

Il n’est pas conscient de ce qu’il fait. Il est inconscient s’il fait cela. Il ignore ce que vous avez dit. Il est sans argent. La négation est un type de phrase facultatif. Elle se combine avec

tous les types obligatoires et avec d’autres types facultatifs: [+assertif][+négatif] Pierre ne s’est pas présenté aux cours. [+assertif] [+negatif][+passif] Ce livre n’a pas été acheté par Pierre. [+interrogatif] [+negatif] Pierre, ne s’est-il pas présenté aux cours? [+interrogatif] [+negatif][+impersonnel] N’y a-t-il rien d’intéressant dans cette revue?

Dans l’ensemble des types de phrase facultatifs, la phrase négative est considérée comme l’alternative logique de la phrase affirmative, tout type de phrase étant nécessairement soit affirmatif soit négatif. On considère aussi que nier le contenu d’un énoncé représente un acte de langage, ce qui justifie le statut de modalité d’énonciation accordé à la négation par différence aux autres types facultatifs qui sont considérés des formes que revêtent les types de phrase obligatoires.

Les critères qui permettent de classer les phrases négatives sont: • la nature du morphème négatif (grammatical ou lexical), qui

permet de distinguer la négation grammaticale de la négation lexicale: Il n’est pas correct. Il est incorrect. Il ne sait rien. Il est un ignorant. Il n’est pas venu avec sa femme. Il est venu sans sa femme. • le niveau d’incidence de la négation qui permet de distinguer

la négation prédicative (ou totale) et la négation non prédicative (ou partielle):

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Pierre n’est pas rentré à minuit. Ce n’est pas à minuit que Pierre est rentré. Ce n’est pas Pierre qui est rentré à minuit. • le nombre de morphèmes négatifs qui permettent de distinguer

la négation simple et la négation multiple: Pierre n’est pas rentré à minuit. Pierre n’est jamais rentré à minuit. Pierre ne s’est pas absenté. Pierre ne s’est plus absenté. • la structure du morphème négatif qui permettent de distinguer

la négation globale et la négation discrète: Pierre et Marie ne travaillent pas ce lundi. Ni Pierre ni Marie ne travaille travaillent ce lundi.

Le critère choisi dans la structuration de la description sera le niveau d’incidence combiné avec le critère de la structure et le nombre de morphèmes négatifs. Seront retenues pour la description: la négation prédicative, appelée aussi négation totale (qui affecte le verbe) et la négation non prédicative ou négation partielle (qui affecte un constituant autre que le verbe):

Pierre ne travaille pas. Ce n’est pas Pierre qui ne travaille pas.

Il ne travaille pas aujourd’hui. Ce n’est pas aujourd’hui que Pierre travaille.

1.4.2. Réalisateurs de la négation prédicative (1) La négation prédicative simple à formant unique ne ou pas (a) Le morphème ne réalise seul la négation: – dans le cas des verbes savoir, pouvoir, oser, cesser, dans les

contextes où ils sont suivis par un infinitif; la construction est spécifique de la langue écrite, soignée ou de la langue littéraire; en langue standard les verbes mentionnés se construisent avec les deux termes ne et pas:

langue soignée/littéraire langue standard et courante Il ne pourra venir avec nous. Il ne pourra pas venir avec nous. Nous ne savons où aller. Nous ne savons pas où aller. Il ne cesse de parler. Il ne cesse pas de parler. – dans le cas du verbe savoir introduisant une interrogative

indirecte: Il ne savait si elle était encore là. Je ne sais si vous me comprenez.

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– dans les expressions à valeur exclamative ou impérative: A Dieu ne plaise! N’ayez crainte! Qu’à cela ne tienne! N’ayez garde!

– dans les locutions verbales impersonnelles: N’empéche que… Il n’y a… N’importe… Il n’est…

– dans les propositions où le déterminant temporel est introduit par: il y a, il y avait:

Il y a deux semaines qu’il n’a téléphoné. – dans les propositions qui contiennent un comparatif d’inégalité:

autre, autrement, plus, moins, plutôt, meilleur, mieux, pire, moindre; dans ces contexte le formant ne est appelé ne explétif:

Il est autre que je ne le connaissait. Il est meilleur que je ne le croyais.

– dans les complétives régies par les verbes du type craindre, avoir peur, éviter, prendre garde à la forme affirmative:

Il craint qu’on ne le punisse. Il a peur qu’on ne le découvre.

– dans les subordonnées circonstancielles introduites par les locutions conjonctionnelles: à moins que, de peur que, de crainte que, avant que, sans que; il s’agit toujours du ne explétif:

Je serai là à moins qu’il ne pleuve. Je rentrerai avant qu’on ne ferme la porte à clé.

(b) Le morphème pas est employé seul: – pour marquer la négation dans le langage familier et populaire:

Il viendra pas. Je sais pas. C’est pas normal.

– dans les phrases elliptiques de verbe (dans le langage publicitaire et dans les réponses courtes):

Pas d’école le jour de la fête nationale. – Vous avez fini? – Avez-vous compris? – Pas encore! – Absolument rien. – Avez-vous vu quelqu’un? – Avez-vous trouvé quelque chose? – Personne. – Non, rien. (2) La négation prédicative, simple, à formant discontinu:

ne…pas est le morphème négatif le plus fréquent.

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Les deux formants de la négation encadrent le verbe à une forme simple finie et, respectivement l’auxiliaire, dans le cas d’une forme verbale composée:

Pierre ne répond pas au téléphone. Pierre n’a pas répondu à notre appel.

Si le verbe est à l’infinitif, les deux formants de la négation se placent devant le verbe:

Ne pas stationner! Ne pas fumer! Ne pas laisser à la portée des enfants.

Le formant pas se laisse remplacer par d’autres formants qui introduisent des nuances supplémentaires:

– point et guère – ajoutent une nuance de quantité annulée: Il n’était point / guère attentif.

– nullement et aucunement – ajoutent une nuance de qualité annulée:

Il n’est nullement attentif. – jamais et plus – ajoutent une nuance temporelle et,

respectivement, aspectuelle: Il ne s’est jamais absenté. Il ne s’est plus absenté ces dernières semaines.

Le formant plus entre en variation avec le formant ne…pas encore suivant la valeur aspectuelle de la structure verbale affirmative traduites par les adverbes encore (l’action qui continuait depuis quelque temps a cessée) et déjà (l’action a commencée et, respectivement n’a pas commencé ):

Structure affirmative Structure négative Il dort encore. Il ne dort plus. Il est encore là. Il n’est plus là. Il dort déjà. Il ne dort pas encore. Il est déjà là. Il n’est pas encore là. – nulle part – ajoute une nuance spatiale:

On ne l’a vu nulle part. (3) La négation prédicative double est la négation qui affecte

deux constituants de la phrase: le verbe et le sujet, le complément d’objet ou le complément circonstanciel:

Personne n’est venu à l’heure. Je n’ai trouvé rien dans ce texte.

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Je n’ai trouvé aucun exemple dans ce texte. Il n’adresse la parole à personne. Je ne l’ai jamais vu.

(4) La négation multiple est celle qui affecte plus de deux constituants:

Je n’ai jamais vu personne dans cette maison. Aucun élève n’a jamais donné aucune information à personne.

(5) La négation prédicative discrète apparaît dans les phrases qui comportent un constituant complexe dissocié et dont chaque terme est nié séparément. Ce type de négation est réalisé par les morphèmes: ne…ni…ni; ni…ni…ne:

Nous n’aimons ni la musique ni le sport. Il n’admet ni qu’on le calomnie, ni qu’on l’attaque d’une

manière ou d’autre. Ni moi ni mon frère, nous n’aimons le sport. Ni les conseils ni les reproches n’ont rien pu sur lui.

Lorsque l’un des termes du constituant nié apparaît comme s’ajoutant à un autre qui est sous entendu, le morphème négatif est ne…non plus:

Moi non plus je ne suis venu à la gare. (On sous-entend: on savait que Mon frère n’est pas venu)

(6) Structures négatives à valeur affirmative: – la négation restrictive, réalisée par les morphèmes ne…que,

ne …pas que: Je ne lis que des romans policiers. (= Je lis seulement des romans

policiers.) Il n’y a que Pierre qui est absent. (= Pierre seul est absent.) Il n’a acheté que trois livres. (= Il a acheté seulement trois livres.) Je ne lis pas que des romans policiers. (= Je lis d’autres genres

de romans que des romans policiers.)

Il n’y a pas que Pierre qui est absent. (= Pierre n’est pas le seul absent. Il y en a d’autres)

– la négation qui exprime une grande quantité ou une grande intensité, réalisée par les morphèmes pas mal:

J’ai lu pas mal de romans policiers. (= J’ai lu beaucoup de romans policiers)

J’ai pas mal d’amis. (=J’ai beaucoup d’amis)

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– des structures négatives qui permettent la mise en relief: non

seulement… mais; non sans; rien que: Non seulement qu’il n’était pas coupable, mais encore il a été puni. Il a réussi non sans effort. Rien qu’en lisant une fois la poésie et il la retient.

1.4.3. Réalisateurs de la négation non prédicative, partielle

Ce type de négation affecte un constituant autre que le verbe. Elle est réalisée par la dislocation du constituant nié et son inscription dans un groupe verbal marqué par la négation – dans la structure de mise en évidence: Ce n’est pas…..qui / que:

(a) la négation du sujet: Ce train quitte la gare à 10 heures. Ce n’est pas ce train qui

quitte la gare à 10 h. Il s’est absenté à la réunion. Ce n’est pas lui qui s’est

absenté à la réunion. (b) la négation du GN2:

Il a acheté ce livre. Ce n’est pas ce livre qu’il a acheté. (c) la négation du GPrép.:

Il a voté contre notre candidat. Ce n’est pas contre notre candidat qu’il a voté.

(d) la négation du GAdv.: Ce train quitte la gare à 10h. Ce n’est pas à 10 h que ce

train quitte la gare. Les structures négatives peuvent avoir le statut de phrases (de

substituts de phrases); elle apparaissent surtout comme des réponses négatives brèves à des questions:

– (Qui a cassé la vitre?) – Pas moi. – (Quand peut-on se voir? ) – Pas ce soir. – (Je peux vous aider?) – Non, pas de problème! – (Vous êtes prêt?) – Non, pas encore. – (L’avez-vous rencontré?) – Non, jamais. – (Il vous a dit qqch? ) – Absolument rien. – (L’avez-vous vu?) – Jamais.

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1.5. La phrase passive

1.5.1. Définition et caractérisation

La phrase passive est un type de phrase facultatif qui se combine avec les types obligatoires et avec d’autres types facultatifs. Elle résulte de la transformation d’une phrase active centrée sur un verbe transitif. Cependant, entre la phrase active et la même phrase en construction passive il n’y a équivalence de sens que si l’on les considère en dehors de tout contexte discursif. L’équivalence s’établit au niveau des unités lexicales qui sont les mêmes. Dans le discours, elles ne peuvent pas être employées l’une à la place de l’autre.

Le professeur interroge les étudiants. Les étudiants sont intérrogés par le professeur.

Pierre a lancé un appel à la solidarité. L’appel à la solidarité a été lancé par Pierre.

Tous les verbes transitifs n’admettent pas la transformation passive. Ce sont les verbes qui comportent les traits [+possession] avoir, posséder, les verbes vouloir, valoir, prétendre, manquer, certains verbes employés au sens figuré, type regarder, les verbes présenter, comprendre, comporter. Il en est de même des verbes coûter et mesurer dans des contextes du type: coûter X euros, mesurer X mètres.

Pierre a une petite maison à la campagne. *Cette petite maison est eue par Pierre.

Pierre prétend deux exemplaires de ce livre. *Deux exemplaires de ce livre sont prétendus par Pierre.

Ce problème regarde aussi Marie. *Marie aussi est regardée par ce problème.

D’autre part, certains verbes transitifs indirects admettent la transformation passive: être obéi, être pardonné:

Ce jeune professeur est obéit par ses élèves. Pierre a été pardonné par ses parents.

1.5.2. Les marques du passif La transformation passive entraîne les modifications suivantes

dans la structure de la phrase active: – le sujet et le complément d’objet direct conservent leurs rôles

sémantiques par rapport au verbe mais changent de position

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syntaxique: le nominal sujet est distribué en position de complément prépositionnel, appelé complément d’agent et le nominal objet direct de la phrase active est distribué en position de sujet;

– le verbe est au participe passé et conjugué avec l’auxiliaire être (le verbe est à la voix passive); le temps et le mode sont identiques dans la phrase active et dans la phrase passive:

Les étudiants ont acheté les livres de la rentrée universitaire. (passé composé du verbe acheter)

Les livres de la rentrée universitaire ont été achetés par les étudiants. (passé composé du verbe être acheté)

Il faut que les étudiants achètent les livres de la rentrée universitaire. (subjonctif présent du verbe acheter)

Il faut que les livres de la rentrée soient achetés par les étudiants. (subjonctif passé du verbe être acheté)

– le complément d’agent est introduit par les prépositions par et de, rarement par les prépositions à et entre.

La préposition par est plus fréquente que la préposition de et peut la substituer. Certains facteurs peuvent orienter le choix de la préposition.

La préposition par est employée: – lorsque le nom complément d’agent est déterminé: Le hall de l’Université était occupé par les étudiants. Cet accident a été rapporté par un inconnu. Le cours a été inauguré par un professeur étranger. – lorsque l’action exprimée par le verbe a un caractère occasionnel,

momentané: Il a été atteint par la dernière décision du Conseil d’Administration. Il a été frappé par un inconnu. La préposition de est employée: – lorsque le nom complément d’agent n’est pas déterminé: Le hall de l’Université était encombré d’étudiants. – lorsque le complément d’agent est réalisé par un nom [+humain]

et le verbe est un verbe [+sentiment] caractérisé comme duratif: Il est aimé de tout le monde. Il est détesté de tous. Lorsque le nominal introduit par les prépositions par ou de est

marqué par les traits : [-animé], [±matériel], il ne représente pas le complément d’agent mais l’instrument ou la cause:

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Il a été frappé par une pierre. Il a été atteint d’une maladie grave. Il est mort d’un cancer. – lorsque le prédicat est réalisé par les verbes: être suivi, être

précédé, être entouré, être couvert, être jonché, être bordé, et si le nominal est marqué par le trait [+animé], le complément introduit par la préposition de est complément d’agent; s’il est marqué par le trait [-animé], il est instrument:

Le char était suivi du cortège. Le cortège était précédé des membres de la famille. La préposition à est employée dans les constructions: être rongé

aux mites, être séduit aux charmes de qqn.: Son manteau est rongé aux mites. La préposition entre est employée lorsque le verbe est marqué par le

trait [+réciproque]. Les verbes sont du type: être échangé, être transféré: La documentation sera échangée entre les deux partenaires. En l’absence du complément d’agent, on parle de passif incomplet: Un nouveau bâtiment a été construit près de la gare. Les dictionnaires ont été vendus à la rentrée. La construction passive est préférée à la construction active à sujet

indéterminé (réalisé par le pronom indefini on): On a terminé recemment la construction du bâtiment.

La construction du bâtiment a été récemment terminée. On a communiqué la date de l’examen.

La date de l’examen a été communiquée.

1.6. La phrase impersonnelle

1.6.1. Définition et caractérisation La phrase impersonnelle est un type de phrase facultatif. Elle

comporte un verbe à une forme conjuguée, verbe impersonnel par nature ou par construction, qui s’accorde en nombre avec un pronom de troisième personne il – pronom impersonnel.

Il pleut depuis trois jours. Il faut répondre à toutes les question du test. Il s’agit de préparer sérieusement cet examen. Il lui arrive souvent des ennuis.

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1.6.2. Marques de la phrase/de la construction impersonnelle (1) le sujet est réalisé, principalement, par le pronom il, forme

vide de référence, qui: – n’a pas les propriétés interprétatives du sujet (il n’est ni agent,

ni thème pour le verbe de la phrase); – n’a pas de contenu sémantique (référentiel) et n’est pas un

substitut; – n’est qu’une simple marque grammaticale du sujet comportant

les morphèmes de nombre (singulier) et de genre (masculin): Il neige. Il est possible qu’il pleuve. Il convient qu’on en tienne compte.

Dans certaines conditions (lorsque l’extension du verbe est supprimée) le pronom il est remplacé par les formes neutres du pronom démonstratif ce, cela, ça. Le pronom neutre renvoie à une idée, au contenu d’une proposition énoncée antérieurement ou ultérieurement.

Il est possible qu’il pleuve. C’est possible.

Il arrive que je sois en retard. Cela arrive.

Il vaudrait mieux qu’il ne nous accompagne pas. Cela vaudrait mieux.

(2) le verbe appartient à plusieurs classes: • des verbes météorologiques: neiger, pleuvoir, faire du vent,

faire chaud: Il pleut. Il neige. Il fait du vent.

• des verbes/locutions verbales essentiellement impersonnelles, type: falloir, il y a, il est, il s’agit:

Il faut partir. Il faut que nous partions. Il y a du bruit dans la rue. Il est dix heures. Il s’agit de résoudre ce problème en temps utile.

• des verbes employés impersonnellement qui peuvent apparaître dans plusieurs constructions:

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– les verbes arriver, exister, entrer, apparaître, intervenir, passer, rester suivis d’un groupe nominal:

Il arrive des ennuis à tout le monde. Il existe des personnes qui sont malheureuses. Il reste de nombreux problèmes à résoudre.

– les verbes convenir, suffire, importer suivis d’un infinitif introduit par la préposition de:

Il convient de l’en informer le plutôt possible. Il suffit de l’en informer. Il importe de le mettre au courant.

– les verbes arriver, appartenir, convenir, plaire, déplaire accompagnés du datif de la personne intéressée et suivis de l’infinitif introduit par la préposition de:

Il lui arrive d’égarer ses papiers. Il lui plaît de se promener sous la pluie.

– les verbes suffire, importer, paraître, sembler suivis d’une proposition au mode personnel (indicatif ou subjonctif); ces verbes peuvent être accompagnés aussi d’un datif de la personne intéressée:

Il suffit qu’on l’invite, et il viendra. Il importe qu’il sache la vérité. Il paraît que nous sommes en retard. Il me semble qu’il a raison.

– des verbes pronominaux: se dire, se dégager, se passer, se trouver:

Il se passe des événements imprévus. De ces événements, il se dégage des conclusions inquiétantes.

– des verbes à la voix passive (le passif impersonnel): être démontré, être prévu, être conclu, être posé:

Il a été démontré que… Il a été prouvé que…

– des locutions verbales formées sur un adjectif et le verbe être: être possible / probable/ certain/ difficile/ évident/ nécessaire/ douteux.

Dans la proposition régie par ces locutions on emploie l’indicatif ou le subjonctif selon le sens de l’adjectif:

Il est évident que tout le monde est d’accord. Il est certain que tout le monde sera présent. Il est possible que tout le monde soit d’accord. Il est douteux que tout le monde soit d’accord.

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1.7. L’emphase

L’emphase est un constituant facultatif de phrase qui peut se combiner avec les autres constituants obligatoires ou facultatifs.

Elle suppose l’accent emphatique qui affecte un des constituants de la phrase autre que le verbe.

Pierre est parti à la gare. Pierre, il est parti à la gare. C’est Pierre qui est parti à la gare.

Les moyens linguistiques d’emphatisation (de mise en évidence) sont relativement nombreux:

– le détachement du constituant et sa reprise auprès du verbe par un pronom:

Pierre est parti à la gare. Pierre, il est parti à la gare. Il est parti à la gare, Pierre.

Je connais bien Pierre. Pierre, je le connais bien.

– la pronominalisation et le détachement: Il est parti à la gare.

Lui, il est parti à la gare. Il est parti à la gare, lui.

– les formules de mise en évidence: C’est … qui…, C’est … que…: Pierre est parti à la gare.

C’est Pierre qui est parti à la gare. C’est à la gare que Pierre est parti.

– les présentatifs: voilà, voici, il y a…qui, il n’ y a… que: Pierre est parti à la gare. Voilà Pierre qui est parti à la gare. Il y a Pierre qui est parti à la gare. Il n’y a que Pierre qui est parti à la gare. Les constituants marqués par l’emphase sont: – le GN1: Pierre est parti à la gare. C’est Pierre qui est parti à la gare. Pierre, il est parti à la gare

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– le GN2: Pierre cherchait ce livre à la bibliothèque. C’est ce livre que Pierre cherchait à la bibliothèque. Ce livre, Pierre le cherchait à la bibliothèque. – le GN3: Pierre m’a prêté son dictionnaire. C’est à moi que Pierre a prêté son dictionnaire. – le GPrép.: Pierre pense à ses vacances. C’est à ses vacances que Pierre pense. Pierre passera ses vacances avec ses amis. C’est avec ses amis que Pierre passera ses vacances. – Le GAdv.: Nous passerons nos vacances à la mer. C’est à la mer que nous passerons nos vacances. Pierre nous attend depuis un quart d’heure. Il y a un quart d’heure que Pierre nous attend.

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TROISIÈME PARTIE

LES CONSTITUANTS DU NOYAU

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1. LE GN1 (GROUPE NOMINAL PREMIER)

1.1. Définition et caractérisation

Les CI du noyau sont le GN1 et le GPréd. En termes de structure syntaxique, le GN1 – le sujet– est le

constituant immédiat (CI) du Noyau, constituant distribué devant le verbe (le premier nominal, dans une phrase assertive canonique). Il a le statut de constituant obligatoire et entre en relation d’interdépendance avec le prédicat. Il régit l’accord du verbe en nombre et en personne et, dans certains cas, aussi en genre.

≠ Ph ≠ C.Prop. Noyau GN1 G. Préd.

Pierre arrive ce soir. Le printemps est encore loin. Nous travaillons à la bibliothèque. J’aime beaucoup rester là. Les fillettes sont arrivées. (sujet)

Obligatoire en structure profonde, le GN1 est, en règle générale

obligatoire, aussi en structure de surface. Il peut, cependant, s’effacer lorsque la situation de communication ou le contexte linguistique offrent suffisamment d’indices pour l’identifier. Il s’efface par conséquent:

– dans une phrase impérative le destinataire est présent dans la situation de communication ce qui rend superflu d’expliciter l’interlocuteur dans le plan linguistique; il est cependant explicité indirectement par la désinence du verbe:

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Dis quelque chose! Reviens vite! Faisons quelque chose! Revenez vite!

– dans le cas de corréférentialité des agents de deux verbes coordonnés ou en relation de dépendance:

Jean ramassa ses affaires, (il) mit son chapeau et (il) sortit. – verbes coordonnés.

Il voulait vous dire que tout allait bien. – verbes en relation de dépendance.

Je lui demanderai de revenir. – verbes en relation de dépendance. – dans le langage oral, dans certaines locutions impersonnelles:

Fallait le dire plutôt. – dans le discours direct, dans les phrases assertives à statut de

réponse à des phrases interrogatives qui comportent le sujet de la phrase réponse (dans ce cas, le verbe s’efface aussi):

Où vas-tu? A la gare. ( je vais à la gare).

1.2. Réalisateurs du GN1 (sujet)

Le GN1 est réalisé par plusieurs types d’unités linguistiques: – un groupe nominal (GN) simple ou complexe; – un pronom – un infinitif – une proposition (1) Le GN qui réalise le sujet peut être: ••• un nominal – nom propre de personne ou géographique ou

nom autodéfini ou défini en la circonstance: Pierre, Bucarest, Paris, Nice, papa, maman, Dieu

On peut aussi considérer qu’il s’agit d’un groupe nominal simple à prédéterminant zéro:

Pierre rentre ce soir d’un voyage d’affaires. Paris est la capitale de la France. Maman s’inquiète de ma santé. Dieu aide les croyants.

••• Un groupe nominal simple (Pd+N) Le choix du prédéterminant devant le nom sujet est marqué par

certaines restrictions: – la séquence pas de (à statut de prédéterminant) n’aparaît jamais

devant un nom en position de sujet:

Page 65: Precis de Sintaxe Francais-J. Draghicescu

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– les articles partitifs apparaissent très rarement comme prédéterminant en position de sujet:

Ce livre m’intéresse. Mes amis arrivent ce soir. Le professeur invite des étudiants dans la salle de cours. Les étudiants occupent leurs places dans la salle de cours. Beaucoup d’élèves sont absents. Certains fruits sont meilleurs quand ils sont cuits. Des étudiants attendent dans le couloir. De la joie se lisait sur son visage.

••• Un groupe nominal complexe (GN étendu): Le nom centre est accompagé de déterminants réalisés: • par un ou par plusieurs adjectifs:

Les petits enfants s’amusent dans la cour. Les personnes pauvres et malheureuses sont conséillées de

s’adresser aux associations charitables. • un complément du nom:

Ses manières de grande personne m’agacent. Les enfants des voisins font du sport dans un club privé.

• un groupe nominal en apposition: Ces enfants, élèves de gymnase, font du sport dans un club privé. La bande dessinée, phénomène culturel contemporain, revient

dans l’actualité. • une proposition relative:

La personne qui s’occupe de cette affaire est absente. Les enfants que vous avez vus dans la cour font du sport dans

un club privé. La personne pour qui tu travailles a téléphoné ce matin. Les enfants dont je vous ai parlé hier font du sport dans un

club privé. Les propositions relatives peuvent être: – obligatoires, lorsqu’elles sont déterminatives ou restrictives (elles

permettent d’identifier le référent du nominal qu’elles déterminent): Les jeunes qui étudient l’architecture visiteront cette exposition. L’étudiant qui est absent aujourd’hui présentera son mémoire

la semaine prochaine. – facultatives, lorsqu’elles sont explicatives ou appositives (elles

introduisent des informations suplémentaires qui peuvent être de nature différente: caractérisation, cause, espace):

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Ces jeunes, qui viennent de nous saluer, sont étudiants en architecture.

Pierre, qui est malade, ne participera pas à notre réunion. • une proposition conjonctive

L’idée qu’ils ne veuillent pas faire du sport dans un club privé me préoccupe.

Le fait qu’il a raconté en détail son aventure est significatif pour une certaine mentalité.

(2) Le pronom Les formes de pronoms qui assument la fonction de sujet

syntaxique appartiennent à toutes les classes de pronoms (pronoms personnels, pronom démonstratifs, posséssifs, relatifs, interrogatifs, indéfinis et impersonnels).

••• Les pronoms personnels présentent des formes spécifiques, des formes fléchies héritées du latin. Ce sont des formes conjointes spécifiques qui se constituent en classe distincte, appelée la classe des «pronoms sujet», respectivement les formes: je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils, elles.

Le pronom qui assume la fonction de sujet peut être: (a) le substitut d’un GN simple ou complexe, un pronom

anaphorique: Pierre s’amuse. Il s’amuse. Marie s’amuse. Elle s’amuse. Les anfants s’amusent. Ils s’amusent. Les jeunes filles s’amusent. Elles s’amusent. Pierre, le petit enfant des voisins, s’amuse. Il s’amuse. Marie et ses petites amies s’amusent. Elles s’amusent.

(b) un pronom déictique, représentant la 1-ère, la 2-ème, la 4-ème, la 5-ème personnes:

Je connais bien les amis de Pierre. Nous les connaissons tous. Tu feras leur connaissance bientôt. Vous êtes invités à l’anniversaire de Pierre.

Cependant, certaines formes de pronoms disjoints peuvent se substituer au nom centre et réaliser le sujet au niveau de la structure syntaxique. Il s’agit des formes suivantes dans les contextes précisés:

– la forme de la 3-ème personne: Lui non plus n’est pas heureux. Lui écoute de la musique.

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Les formes de la 1-ère et 2-ème personnes imposent la reprise de la forme conjointe auprès du verbe:

Moi non plus, je ne suis pas heureux. Toi non plus, tu n’es pas heureux.

– les formes de la 1-ère, 2-ème et 3-ème personnes accompagnées d’un déterminant adjectival:

Moi seul pourrai t’aider. Toi seul en es responsable. Lui seul était présent.

(c) Le pronom indéfini on renvoie à des personnes indéterminées. Il peut être mis en relation de substitution avec des noms de sens général:

On crie devant la mairie. La foule crie / Les manifestants crient devant la mairie.

On proteste contre certaines décisions. Les gens/ Les salariés / Les étudiants protestent contre

certaines décisions. Le pronom on peut renvoyer à un nominal de sens général,

indéterminé qui n’est pas actualisé dans le contexte linguistique ou situationnel:

On dit que tout va bien. ••• Le pronom démonstratif Les formes du pronom démonstratif qui assument la fonction de

sujet sont placées devant le verbe (dans une phrase assertive). Elles ont une fonction anaphorique:

– De ces deux livres, lequel vous intéresse le plus? – Celui qui est en anglais. – Regarde les deux jeunes filles. Celle qui parle est la soeur de

Pierre. Les formes neutres du pronom démonstratif ce, cela, ceci, ça

renvoient à un sujet représentant une idée, des relations exprimées par une proposition:

Voir tant de gens mécontents, c’est triste. Vous n’êtes pas ponctuel, cela m’inquiète. Les enfants refusent de travailler, ça me décourage.

••• Le pronom possessif Pour les formes du pronom possessif tout comme pour le pronom

démonstratif, la fonction de sujet est marquée toujours pas la position devant le verbe:

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Prête-moi ton dictionnaire, le mien est une édition plus ancienne. ••• Le pronom relatif, sous la forme spécifique qui:

La personne qui vient de sortir s’occupe de notre affaire. La porte qui donne sur le jardin est ouverte.

••• Le pronom interrogatif, sous la forme simple qui et composée lequel, laquelle,… en structure neutre qui …?, lequel…? ou en structure renforcée qui est-ce qui…?, lequel (…) est-ce qui…:

Qui s’occupe de l’aménagement de la salle de conférences? Qui est-ce qui s’occupe de l’aménagement de la salle de

conférences? Lequel (de ces livres) vous intéresse? Lequel (de ces livres) est-ce qui vous intéresse?

••• Le pronom impersonnel -il: Il pleut. Il neige. Il est intéressant de travailler en équipe multinationale.

(3) L’infinitif Dire la vérité est toujours préférable. Parler franchement tient au caractère et à l’éducation.

(4) La proposition La proposition qui remplit la fonction de sujet peut être: ••• une proposition attribut (rattachée au sujet par le verbe

être) dans une phrase ternaire équatante: Notre désir est qu’il vienne nous voir de temps en temps.

Qu’il vienne nous voir de temps en temps est notre désir. ••• une proposition relative (dans les proverbes):

Qui ne risque rien n’a rien. Qui trop embrasse étreint mal.

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2. L’ACCORD DU VERBE AVEC LE SUJET L’accord du verbe avec le sujet est un des facteurs de cohésion

des termes constituant la phrase minimale binaire ou ternaire. Les facteurs qui déterminent l’accord sont: (a) la structure du groupe nominal sujet qui peut être: – simple:

Marie travaille. Elle aime son travail. Les enfants s’amusent. Ils s’amusent bien ensemble.

– complexe; le groupe nominal est formé par coordination ou par subordination:

Marie et Pierre travaillent. Moi et ton frère, nous travaillons beaucoup. Marie avec sa soeur sont arrivées à l’heure. Marie, avec sa soeur, est arrivée.

(b) la structure de la phrase qui peut être: – binaire:

Pierre s’amuse. Pierre et sa soeur s’amusent. Ils se sont très bien amusés.

– ternaire: Pierre est sérieux. Marie est sérieuse. Pierre et sa soeur sont sérieux.

(c) la position du sujet par rapport au verbe: – le sujet précède immédiatement le verbe:

Marie travaille à l’Université. – le sujet est séparé du verbe par un autre nominal (nom en

apposition ou pronom): Marie, la soeur de Pierre, travaille à l’Université. C’est Marie qui travaille à l’Université. C’est moi qui suis invité au spectacle. Je suis celui qui est invité au spectacle.

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(d) le sens qu’on accorde au groupe nominal sujet: La plupart des étudiants est d’accord avec cette proposition. La plupart des étudiants sont d’accord avec cette proposition.

2.1 L’accord dans la phrase binaire (accord du prédicat avec le sujet)

sujet + prédicat ⏐______________↑ L’accord se fait en personne, en nombre et, dans certains cas, en

genre. A. L’accord en nombre ••• le sujet est un nominal (nom propre ou pronom) ou groupe

nominal simple; le verbe reprend la marque de singulier ou de pluriel qui affecte le nominal sujet:

sujet verbe Marie travaille. Elle travaille. [sing.] [sing.] Les enfants s’amusent. Ils s’amusent [pl.] [pl.] ••• le nom-centre du groupe nominal comporte le trait

[+collectif], type: (a) l’armée, la foule, le monde, la marmaille, le tas; (b) la majorité, la moitié, la plupart;

(a) l’accord est au singulier: La foule criait devant la mairie. Tout le monde proteste contre les nouvelles décisions. [sing.] [sing.] (b) l’accord se fait selon le sens, le nominal se laissant interpréter

comme le noyau d’un groupe nominal complexe (la majorité de + nom (pluriel)):

La moitié ont répondu à l’appel (= La moitié des participants ont répondu…) La majorité étaient des étudiants (=La majorité des participants étaient des…) [sing.] + [pl.] [pl.]

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••• le sujet est réalisé par le démonstratif – ce dans la construction présentative:

(a) l’accord est au singulier pour les 1-ère, 2-ème, 3-ème personnes et au pluriel pour les 4-ème, 5-ème personnes:

C’ est moi qui suis responsable. C’ est toi qui es responsable. C’ est lui qui est responsable. [sing.] [sing.] C’ est nous qui sommes responables. C’ est vous qui êtes responsables. [sing.] [sing.] (b) l’accord est au singulier (en langue courante et familière) ou

au pluriel (en langue soignée ou littéraire) pour la 6-ème personne: C’ est eux qui sont responsables. [sing.] [sing.] (langue courante et familière) Ce sont eux qui sont responsables. [sing.] [pl.] (langue soignée ou littéraire) ••• le sujet est réalisé par un GN complexe •••• le GN est formé par la subordination N + Dt. [ ±collectif] [ + pluriel] (a) l’accord est au singulier si l’on attribue un sens global à

l’ensemble: Une multitude de fleurs s’offrait au regard La foule des étudiants bloquait la sortie.

(b) l’accord est au pluriel si l’on accorde statut de déterminant au quantificateur réalisé par le nominal [+collectif] et statut de déterminé au nominal [+pluriel]. Dans ce cas l’accord est fait selon le sens:

Une multitude de fleurs couvraient le près. La foule des étudiants bloquaient la sortie.

L’accord selon le sens est fait lorsque le sujet est réalisé par les structures du type:

– Nom [+collectif] + de +Dt (N [+pluriel]) la plupart de + N un tas de + N la majorité de + N un grand, bon, certain nombre de + N le reste, peu de + N une bonne, grande partie de + N une multitude, série, foule de + N

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Le reste des étudiants attend / attendent la sortie des cours. Une bonne partie des exemples n’est pas attestée / ne sont pas

attestés. – Nom [+quantificateur] (fraction, numéral) + de +Nom

[+pluriel] la moitié de + N une dizaine de + N le quart de + N une douzaine de + N le tiers de + N une trentaine de + N Un tiers des députés est resté / sont restés dans la salle. La moitié des étudiants ont répondu à notre appel. – L’accord se fait avec le nom lorsqu’il est accompagné de

déterminants quantitatifs: [+quantitatif] + de + Nom assez de + N beaucoup de + N peu de + N trop de + N Beaucoup de bruit a été fait autour de ce problème. Beaucoup de dégâts ont été faits par les dernières innondations. •••• le GN sujet est formé par la coordination (a) les deux noms (groupes nominaux) sont en relation de

juxstaposition: – le deuxième groupe nominal est en relation d’apposition avec le

nom centre. L’accord se fait avec le nom centre, au singulier ou au pluriel. Les deux nominaux renvoient au même référent:

Marie, la soeur de Pierre, est étudiante. Marie et Hélène, les amies de ma soeur, sont étudiantes.

– entre les nominaux qui constituent le groupe nominal complexe, il y a une relation d’inclusion, une gradation entre les termes, le dernier terme incluant le premier /les autres. L’accord se fait avec le dernier terme:

Sa voix, son regard, toute son attitude était émouvante. – les éléments qui constituent le sujet sont en relation d’addition.

L’accord se fait au pluriel: Sa voix, son regard accusaient. – les éléments qui constituent le sujet sont repris par tout, tout

cela, personne, rien. L’accord se fait au singulier.

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Programme quotidien, loisirs, relations, tout était réglé minutieusement.

Programme quotidien, loisirs, relations, rien n’était laissé au hasard.

Sa famille, les amis, les collègues, les autorités, personne ne pouvait l’aider.

(b) les termes qui constituent le sujet sont coordonnés par une conjonction:

– l’accord se fait au pluriel si le sens de la conjonction est d’addition, d’alternative ou de coordination et au singulier si le sens en est d’exclusion ou d’adjonction occasionnelle:

N et N + V [+addition][+pluriel] Marie et Pierre sont étudiants. L’un et l’autre travillent sérieusement. ni N ni N + V [+addition] [+pluriel] Ni Marie ni Pierre n’aiment le sport. N ou N + V [+alternative] [+pluriel] Pierre ou Marie seront là ce soir. N comme + V de même que ainsi que avec [+ coordination] [pluriel] Marie comme Pierre passeront leurs examens en juin. Marie avec ses amis arriveront ce soir. ni N ni N + V N ou N + V [+exclusion] [singulier] Ni Marie ni Pierre n’aime le sport. Ni l’un ni l’autre ne pourra répondre à cette question. Pierre ou Marie viendra vous chercher à l’hôtel.

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N comme + V de même que ainsi que avec [+adjonction accidentelle] [singulier]

Marie comme Pierre passera ses examens en juin. Marie, avec ses amis, arrive ce soir. Marie de même que Pierre arrivera ce soir.

B. L’accord en personne ••• Lorsque le sujet est réalisé par des pronoms conjoints le

verbe portera la même marque de personne que le pronom sujet: Je ne comprends pas votre question. Tu n’as pas répondu à ma question. Il a répondu correctement. Nous attendons les résultats de l’examen. Vous attendez vos amis. Eux aussi, ils attendent les résultats des examens.

••• Lorsque le sujet est un groupe de coordination de formes de pronoms disjoints, et que les deux ou trois pronoms renvoient à des personnes différentes, il y a des règles de hiérarchie qui doivent être respectées:

– la première et la deuxième personnes sont repris par la quatrième personne (la première personne pluriel) et le verbe s’accorde avec celle-ci:

Moi et toi, nous irons ensemble à la gare. – la deuxième et la troisième personnes sont reprises par la

cinquième personne (la deuxième personne du pluriel) et le verbe s’accorde avec la cinquième personne:

Toi et lui, vous irez ensemble à la gare. – la première, la deuxième et la troisième personnes sont reprises

par la quatrième personne (la première personne pluriel) et le verbe s’accorde avec celle-ci:

Moi, toi et lui, nous irons ensemble à la gare. – les deux formes de pronoms représentent la troisième personne;

elles sont reprises par la sixième personne (la troisième personne du pluriel) et le verbe s’accorde avec cette personne:

Lui et elle, ils irons ensemble à la gare.

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C. L’accord en nombre et en personne dans la proposition

relative En règle générale, le verbe de la proposition relative s’accorde en

nombre et en personne avec l’antécédent du pronom relatif: Pierre qui est invité à cette réunion représentera notre syndicat. Moi qui suis invité à cette réunion, je représenterai notre école. Toi qui es invité à cette réunion, tu représentera ton école. Je suis celle qui a été invité à cette réunion. Tu es celui qui participera à cette réunion. C’est un des problèmes qui préoccupent les participants à cette

réunion. Lorsque le pronom personnel disjoint représente la cinquième

personne et s’il est repris devant le pronom relatif par un pronom de la troisième personne ou par un nominal, le verbe de la proposition relative s’accorde soit avec l’antécédent immédiat du relatif (le nominal ou le pronom de la troisième personne), soit avec le pronom de la cinquième personne:

Vous êtes celui qui a répondu à leur appel. Vous êtes celui qui avez répondu à leur appel. Vous êtes le seul (le premier, l’unique) qui a /ait répondu à leur

appel. Vous êtes le seul (le premier, l’unique) qui avez/ayez répondu à leur

appel. D. L’accord en genre On a affaire à l’accord en genre du verbe avec le sujet seulement

lorsque le verbe est à une forme composée (c’est le participe passé qui s’accorde en genre) et dans des cas donnés:

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••• les verbes ci-dessous à la voix active; ils sont tous des verbes intransitifs ou en construction intransitive et se conjuguent avec l’auxiliaire être:

aller venir parvenir arriver devenir survenir partir intervenir convenir (= «tomber d’accord») repartir revenir naître mourir

Marie est allée au théâtre. Son ami est venu la prendre une heure avant. Elle est partie seule. Elle est devenue intéressante. Marie et sa soeur, elles sont nées en Roumanie.

entrer resortir monter rentrer descendre remonter sortir redescendre tomber

Pierre est tombé dans l’escalier. Marie est entrée dans la salle de spectacle. Elle est montée dans la voiture. demeurer, rester (à statut de verbes copulatifs) Pierre est resté mécontent. Marie est restée étonnée de votre décision. Elle est demeurée stupéfaite. passer, changer, vieillir, rajeunir, jaunir, etc. (quand on

envisage le résultat du procès, son effet): Marie est passée au secrétariat pour voir les résultats de l’examen. Par où sont passées les petites filles? Ma mère est vieillie depuis cet accident. ••• la plupart des verbes à la voix pronominale: – les verbes essentiellement pronominaux:

s’absenter s’évanouir s’abstenir s’infiltrer s’efforcer se méfier

L’enfant s’est évanoui au moment de l’accident. Marie s’est toujours méfiée des flatteries. Plusieurs étudiantes se sont absentées au dernier cours.

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– les verbes pronominaux intensifs, moyens ou d’expérience subjective:

s’apercevoir s’opposer s’attendre se plaindre s’aviser se réjouir se douter se taire

Les jeunes filles se sont aperçues de leur erreur. Les femmes se sont opposées à plusieurs projets de lois. – les verbes pronominaux passifs:

s’acheter se parler se construire se vendre

Les livres pour enfants se sont vendus les premiers. Beaucoup de maisons se sont contruites les dernières années. – les verbes qui introduisent un attribut du sujet:

se croire se rendre se montrer se sentir

Marie s’est crue innocente. La jeune femme s’est sentie coupable. – les verbes réfléchis qui n’ont pas de complément d’objet direct

explicité: s’imaginer se peigner se laver se préparer

La petite fille s’est lavée et s’est peignée toute seule. – les verbes réciproques lorsque le pronom se se laisse interpréter

comme complément d’objet direct20: s’aimer se saluer se rencontrer se séparer

Les deux amis se sont séparés à la sortie du théâtre. Les deux jeunes filles se sont séparées à la sortie du théâtre.

2.2. L’accord dans la phrase ternaire

Dans la phrase ternaire l’accord se fait tantôt entre les trois termes de la contruction (l’accord en nombre), tantôt entre deux termes seulement (l’accord en genre et en personne).

20 Pour les détails et pour les cas de non accord, voir T. Cristea,

Grammaire structurale du français contemporain, EDP, 1979, pag. 218-230

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Il s’agit de l’accord entre le verbe et le sujet, entre l’attribut et le sujet et entre l’attribut et le verbe. Suivant la nature des réalisateurs du sujet et de l’attribut, on a affaire à l’accord en nombre et en genre ou en personne.

Sujet + verbe copule + attribut accord en nombre et en personne accord en nombre et en genre – le verbe copule s’accorde en nombre et en personne avec le

sujet: Tu étais sérieux à cette époque là. Nous n’étions plus jeunes à cette époque-là. Pierre est toujours sérieux. Les enfants sont petits. – l’attribut s’accorde en nombre et en genre avec le sujet et en

nombre avec le verbe: Pierre est sérieux. L’enfant est sage. Marie est sérieuse. Les enfants sont petits. Les enfants sont sages. Les fleurs sont belles. Lorsque le verbe copule est réalisé par la locution avoir l’air

l’accord de l’adjectif attribut est fait: (1) avec le sujet réalisé par un Nom [+animé], [+personne]: (a) lorsque la qualité dénotée par l’adjectif est une qualité

permanente: Pierre a l’air sérieux. Les garçons ont l’air sérieux. Marie a l’air sérieuse. Les jeunes-filles ont l’air sérieuses. Pierre a l’air content. Les garçons ont l’air contents. Marie a l’air contente. Les jeunes filles ont l’air contentes.

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(b) lorsque la qualité dénotée par l’adjectif est incompatible avec le mot air:

Cette jeune-fille a l’air intéressée. Ces personnes ont l’air curieuses.

(c) lorsque le sujet est réalisé par un Nom [-animé]: Cette tarte a l’air délicieuse. Leur vitesse n’avait pas l’air excessive.

(2) avec le mot air: (a) lorsque le sujet est réalisé par un Nom [+animé], [+personne], (b) lorsque la qualité dénotée par l’adjectif est présentée comme

accidentelle21: Marie a l’air content. Elle a l’air sérieux.

21 pour des détails voir T. Cristea, Grammaire structurale du français

contemporain, EDP , pag. 228-229.

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3. L’ORDRE DES TERMES DANS LA PHRASE MINIMALE

En règle générale, l’ordre des terms dans la phrase assertive est

l’ordre progressif (Sujet + Verbe). Cependant, dans la langue littéraire et dans les langages scientifique et administratif, il existe des cas où le sujet est placé après le verbe. Ces cas sont les suivants:

•• lorsque le verbe – pivot de la phrase appartient à la classe des verbes qui ouvrent la communication, type:

arriver rester entrer sortir paraître suivre Arriveront le premiers, les curieux et les personnes intéressées. Suivront les étrangers. Viendra un jour où la vérité sera connue. Restent encore les étudiants qui s’intéressent à l’informatique.

•• lorsque le verbe est à la voix passive: Sont invités à la réunion les étudiants qui s’intéressent à la

publicité. Ont été exclues les personnes qui n’ont pas d’expérience.

•• lorsque la phrase commence par seul ou par un complément circonstanciel de temps, de lieu ou de manière réalisé par les substituts:

aujourd’hui déjà nulle part alors enfin ainsi jadis ici jamais par ici d’abord par là après partout Bientôt arriveront les curieux. De tous côtés arrivaient les curieux. Par là sont sortis les invités. Ainsi finit notre histoire.

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•• dans les phrases qui commencent par des adverbes modalisants, incidents à toute la phrase, type:

ainsi toujours peut-être aussi à peine probablement encore sans doute en vain Peut-être n’a-t-il pas bien compris! Toujours est-il vrai que rien ne va. En vain sommes-nous intervenus, rien n’a été réglé.

•• dans le langage scientifique et administratif: Dans ce chapitre, sont définis les concepts avec lesquels opère

la sémantique générative. Sont convoqués à la Mairie les possesseurs de Certificats

d’handicapé. •• dans les phrases ternaires dont l’attribut est réalisé par certains

adjectifs: grand nombreux heureux rare malheureux tel Rares sont les personnes qui respectent la tradition vestimentaire. Grande a été ma surprise, quand je l’ai vu au volant de ma

voiture. •• dans les phrases à statut de circonstant qui sont réalisées par les

constructions: N’eût été…, Si+adj. … N’eût été son intervention, on n’aurait rien obtenu. Si sérieux eût-il été, on aurait dû le conseiller.

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4. LE GROUPE PREDICATIF (GPréd.) Le GPréd. est le CI du Noyau. Il entre en relation

d’interdépendance avec le GN1 et domine le GV et le GAdv. Il comporte: – un verbe, qui est l’élément central-pivot du groupe; – des déterminants, qui contractent différentes relations avec le

verbe et qui se distinguent entre eux par le degré de nécessité et par le type de la relation de détermination qu’ils contractent avec le verbe.

Du point de vue du degré de nécessité, on distingue: – les compléments (d’objet) – qui sont obligatoires puisqu’ils

sont régis par le thème du verbe; – les circonstants – qui sont facultatifs: ils ne sont pas demandés

par le thème du verbe; ils ajoutent des informations supplémentaires sur les circonstances dans lesquelles se déroule le procès dénoté par le verbe. Ils portent aussi le nom d’ajouts et d’adjoints.

Du point de vue du type de relations que le déterminant entretient avec le verbe (autrement dit, du point de vue de l’incidence), on distingue:

– les déterminants incidents au verbe (qui entrent en relation d’interdépendance avec le verbe) – les compléments:

≠ Ph ≠

CProp. Noyau

GN1 GPréd. GV GAdv. MV Dt.

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regarder quelque chose donner quelque chose à quelqu’un. parler à quelqu’un parler de quelqu’un s’attendre à quelque chose

– les déterminants incidents au GPréd. (qui entrent en relation de dépendance avec le verbe) –les circonstants:

≠ Ph ≠ CProp. Noyau GN1 GPréd. GV GAdv. MV Dt. rel. GN / Prop./ Substitut

attendre qqn à la gare attendre qqn jusqu’à ce qu’ il arrive attendre qqn dehors

Dans toute phrase, à part les constituants adverbiaux incidents

au GPréd., il y a d’autres constituants adverbiaux qui n’ont pas de rapport direct avec le verbe et ont une certaine mobilité dans la phrase; ils sont incidents à toute la phrase et on les apppelle – des modalisants; ils ne sont pas de CI du GPréd ou du GV; ils sont des CI de la phrase:

≠ Ph ≠ CProp. Noyau Modalité GN1 GPréd. GV GAdv. MV Dt. rel. GN Certainement, on attendra les invités à l’aéroport. Il est certain qu’on attendra les invités à l’aéroport.

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•• Les déterminants obligatoires (à haut degré de nécessité) peuvent être:

– les compléments d’objet (COD, COI, CPrép.): Pierre prépare ses examens. Pierre parle au professeur. La maison appartient à mes parents. Pierre pense à ses vacances. Il pense aussi à ses amis.

– certains circonstants requis par le thème du verbe: Pierre va à l’école. Pierre se dirige vers l’école. Pierre habite (à) Craiova.

Dans les phrases ci-dessous, les déterminants à l’école, vers l’école, (à)Craiova sont demandés par le thème du verbe qui, en leur absence ne pourraient pas réaliser le prédicat:

*Pierre va. *Pierre se dirige. *Pierre habite.

Il résulte que l’opposition complément / vs./ adjoint ne coïncide pas toujours avec l’opposition complément /vs./ circonstant.

4.1. Le prédicat nominal – le groupe prédicatif de la phrase ternaire

Lorsque le verbe de la phrase est de type ÊTRE (verbe copule), on a affaire à un prédicat nominal qui a comme CI le verbe copule et le prédicatif (Attribut).

La spécificité de la phrase ternaire est donnée par la relation d’interdépendance qui s’établit entre les trois CI:le GN1, le V copule et le Prédicatif (Attribut):

≠ Ph ≠ CProp. Noyau Modalité

GN1 GPréd. Vc Attribut Probablement Paul est malade. Il est évident que Paul est devenu insupportable. Ce livre paraît intéressant.

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•• Les verbes-noyau du prédicat nominal présentent plusieurs

caractéristiques au point de vue sémantique et morpho-syntaxique. Au point de vue sémantique, les verbes copule se regroupent en

plusieurs classes: – les verbes qui comportent les traits [+existence]; ils marquent la

manifestation ou la constatation de l’état, de la qualité dénotés par l’attribut):

être mourir vivre entrer naître sortir Pierre est sérieux. Pierre est étudiant. Ces livres sont intéressants. Pierre vit heureux à la campagne. Certains gens naissent riches et meurent pauvres.

– les verbes qui comportent les traits [+inchoatif] ou [+causatif]; ils marquent le changement ou le devenir de l’état ou de la qualité dénotés par l’attribut:

devenir (se) faire tomber (se) rendre

Le plus souvent ces verbes demandent l’explicitation de la cause qui a déterminé le changement:

Pierre est devenu insupportable. (Il a beaucoup fumé.) Il s’en est rendu malade. Pierre est tombé malade. Il s’est rendu malade en travaillant dans le froid. Marie se fait toujours plus belle. Ton comportement l’a rendu malade. Pierre s’est rendu insupportable. Tes remarques l’ont laissé indifférent. Cette coiffure la fait vieille.

– les verbes qui comportent les traits [+apparence]: avoir l’air paraître sembler

Pierre a l’air triste. Marie a l’air intelligente. Marie semble capable de se débrouiller seule.

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– les verbes qui comportent les traits [+perception], [+jugement]: (se) voir (se) croire prendre pour (se) sentir (se) juger tenir pour Marie se sent malade. Pierre croit Marie coupable. Il la croit coupable. Marie se croit coupable. Son entraîneur voit Pierre champion. Elle se voit malade. On tient Pierre pour responsable.

– les verbes qui comportent les traits [+persistance] dans l’état: rester se tenir demeurer se maintenir Marie reste tranquille. Elle se tient tranquille. Elle se maintient optimiste.

Du point de vue morpho-syntaxique, on distingue: – des verbes qui sont à la diathèse active:

être croire devenir naître paraître mourir Pierre est sérieux. Le père de Pierre est mort jeune. Marie semble capable de se débrouiller seule. Son entraîneur voit Pierre champion.

– les verbes qui se sont à la diathèse pronominale: se considérer se sentir se croire se trouver se rendre se voir Pierre se considère coupable. Marie se voit belle. Marie s’est rendue malade.

– les verbes qui sont à la diathèse passive: être considéré être présumé être jugé (comme) être rendu être pris (pour) être tenu (pour)

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Marie est considérée capable de se débrouiller seule. Pierre a été pris pour un voleur. Pierre a été rendu malade. Pierre est tenu pour responsable.

Du point de vue de la relation d’incidence introduite, on distingue:

– les verbes copule qui introduisent un attribut incident au GN1 (sujet):

être se juger devenir se faire sembler se croire se considérer se trouver Pierre est sérieux. Pierre se croit coupable. Pierre deviendra médecin. Pierre a été pris pour coupable. Pierre semble fatigué. Pierre est considéré comme coupable.

– les verbes copule qui introduisent un attribut incident au GN2 (complément d’objet direct):

considérer rendre croire tenir faire trouver prendre On considère Marie capable de se débrouiller seule. On a pris Pierre pour un voleur. Cet incident a rendu Pierre malade. Nous tenons Pierre pour responsable.

•• L’attribut (le prédicatif) est le CI à statut obligatoire; il entretient des relations d’interdépendance avec le verbe copule et avec le GN1..

L’attribut peut être réalisé par plusieurs classes de mots: – un adjectif:

Pierre est malade. Marie est mécontente. On le trouve sympathique. On en considère Marie responsable.

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– un nom: Marie est écrivain. L’écrivain qui nous sera présenté est Amin Maalouf. Pierre est aviateur. Le nouveau directeur du laboratoire est Pierre Fafont.

– un verbe à l’infinirif: Le problème est de continuer les recherches. La décision est d’organiser des cours de formation alternative.

– une proposition: Le problème est qu’il ne pourra pas continuer seul les

recherches. Le problème est que nous sommes seuls.

Suivant le type de relation d’incidence que l’attribut introduit, on distingue deux types de phrases ternaires:

(1) la phrase ternaire qualifiante – la phrase par l’intermédiaire de laquelle est attribuée une qualité au nominal GN1 et GN2. L’attribut est, dans ce cas, incident au GN1 ou au GN2:

Pierre est sérieux. On croit Pierre sérieux. Pierre se croit coupable. J’ai trouvé ce livre intéressant.

Dans la phrase ternaire qualifiante: •• le prédicatif -attribut incident au sujet est réalisé par un

adjectif: Pierre est sérieux. Pierre est devenu insupportable.

•• l’attribut est inséré par: – des verbes actifs qui comportent les traits inhérents:

[+existence], type être [+persistence], type rester [+devenir], type devenir [+apparence], ţype paraître [+jugement], type se croire Pierre est sérieux. Pierre reste indifférent à tout ce qui se passe. Pierre est devenu insupportable. Pierre semble malade.

– des verbes pronominaux réfléchis qui comportent les traits:

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[+devenir], type se rendre [+jugement], type se croire [+perception], type se sentir: Pierre se croit coupable. Pierre s’(en) est rendu malade. Pierre se sent coupable.

•• l’attribut est placé: – en règle générale, après le verbe copule:

Pierre est / se croit / reste coupable. Il est / se croit / reste coupable.

– pour des raisons de focalisation, devant le verbe copule. Dans ce cas: (a) le sujet réalisé par un nom ou par un pronom (autre que le

pronom personnel), démonstratif, en règle générale, est placé après le verbe:

Rares sont les adolescents qui aiment lire. Nombreux sont ceux qui n’ont pas confiance en leurs amis. Heureux sont ceux qui ont confiance en eux-mêmes.

(b) le sujet réalisé par un pronom personnel reste devant le verbe-copule et l’attribut disloqué à gauche et placé en tête de proposition est repris auprès du verbe par le pronom neutre le:

Aimable, il l’a toujours été. Elégantes, elle ne le sont pas vraiment.

•• le prédicatif -attribut de l’objet direct est réalisé par un adjectif ou par un nom:

On croit Pierre coupable. On prend souvent Pierre pour directeur.

•• l’attribut incident à l’objet direct est inséré par les verbes comportant les traits:

[+jugement], type: croire, considérer [+opinion], type dire On considère Pierre comme responsable. On dit Pierre responsable de tout. Tout le monde croit ce livre intéressant. Tout le monde a trouvé ce livre intéressant. On a traité Pierre en voleur. On croit Pierre responsable. On prend souvent Pierre pour directeur. On croit Pierre directeur du département.

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Auprès des verbes-copule du type dire, l’attribut du complément

d’objet direct représente un sujet monté, le sujet d’une proposition ternaire antérieurement indépendante, enchâssée dans une proposition matrice à verbe [+opinion]. La destructuration de la proposition résultant de la transformation de montée du sujet permet d’identifier la proposition ternaire:

On dit Pierre responsable de tout ce qui se passe en ce moment. On dit que Pierre est responsable de tout ce qui se passe en ce

moment. On croit Pierre directeur du département.

On croit que Pierre est (le) directeur du département. On continue à le considérer comme responsable.

On continue à considérer qu’il est responsable. (2) la phrase ternaire équatante – la phrase par l’intermédiaire

de laquelle est introduite une information qui permet d’identifier le nominal sujet ou qui le caractérise tout simplement. C’est la phrase ternaire où le prédicatif -attribut peut être distribué en position de sujet et le sujet en position d’attribut sans que le sens de la phrase en soit essentiellement affecté:

Pierre Dupont est directeur du Centre. Le directeur du Centre est Pierre Dupont.

Les étudiants invités sont ceux-ci. Ceux-ci sont les étudiants invités.

Le plus difficile est d’en convaincre les gens. En convaincre les gens est le plus difficile.

Le plus important est de respecter les délais. Respecter les délais est le plus important.

Dans la phrase ternaire équatante: •• l’attribut est incident uniquement au GN1:

Marie est étudiante. Son frère est pharmacien. La licence est un examen difficile. Ceux-ci sont les étudiants invités.

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•• il est réalisé par un nom, un pronom, un infinitif ou par une proposition:

Pierre est directeur d’entreprise. Les étudiants invités à cette réunion sont ceux-ci. La difficulté est de trouver un moyen de transport. Le problème est que nous sommes seuls.

•• l’attribut incident au sujet est inséré par les verbes: être comporter représenter constituer

qui se distribuent de manière restrictive en fonction du type de rapport actualisé et du réalisateur de l’attribut:

Cette épreuve constitue l’étape finale de l’examen. Cette épreuve est l’étape finale de l’examen. Cette épreuve représente l’étape finale de l’éxamen. Le plus difficile est de respecter les délais du contrat. Les étudiants invités sont les miens. La difficulté est que nous sommes seuls. •• le prédicatif -attribut du sujet peut exprimer: • un rapport d’inclusion du nominal-sujet dans une classe

déterminée; l’attribut qui exprime la qualité qui situe le référent du nominal sujet dans une classe déterminée est un nom sans déterminant; il est rattaché au nominl sujet par le verbe être:

GN1 + Vc (être) + Nom Pierre est directeur / ingénieur/ chômeur.

• un rapport d’identification; l’attribut est réalisé par un GN complexe; les verbes qui rattachent l’attribut au nominal sujet sont:

être (parfois en construction présentative c’est) représenter constituer composer GN1 + Vc (être) + Pd + Nom + Dt Pierre est un étudiant en lettres. Pierre est l’ étudiant que vous cherchez. La licence est un examen qui atteste des compétences partielles. La licence représente un examen relativement important.

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4.2. Le groupe verbal de la phrase binaire (GV)

Le GV est le CI du GPréd. Il domine le MV et les déterminants à statut obligatoire (les GN2, GN3, GPrép.).

•• La structure du GV est déterminée par plusieurs facteurs: (a) les traits inhérents et contextuels du verbe, qui servent de

critères de base dans la sous-catégorisation des verbes en: – verbes [+causatif], [+transitif]:

dessiner qqch. chercher qqn./ qqch. préparer qqch. aimer qqn./qqch.

– verbes [+inchoatif], [-transitif]: s’attrister vieillir s’aggraver changer

– verbes[+mouvement], [-transitif]: aller courir partir se promener arriver marcher sortir s’éloigner

– verbes[+causatif], [+orientation], [+attributif]: donner qqch. à qqn. proposer qch. à qqn. prendre qqch. à qqn. demander qqch. à qqn.

(b) le rapport d’implication qui s’établit entre le verbe et ses déterminants; le même verbe peut se combiner avec plusieurs déterminants et générer des structures différentes:

parler le français parler à qqn. parler de qqn. parler avec qqn. (c) le type de dépendance formelle entre le verbe et ses

déterminants (le régime du verbe): Certains déterminants se rattachent directement au verbe; ils sont

de rection directe: préparer qqch. chercher qqn. / qqch. cacher qqch. attendre qqn. / qqch.

D’autres déterminants se rattachent au verbe par l’intermédiaire d’une préposition; ils sont des déterminants de rection indirecte:

parler à qqn. chercher à faire qqch. parler de qqn. s’attendre à qqch. parler avec qqn.

(d) les latitudes des déterminants à se combiner entre eux (le même verbe peut régir plusieurs déterminants à la fois):

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dire qqch. à qqn. éloigner qqch. de qqch. inviter qqn. à faire qqch. convaincre qqn. de faire qqch. interdire à qqn. de faire qqch. voir qqn. faire qqch. conseiller à qqn. de faire qqch. laisser qqn. / à qqn. faire

qqch. •• Du point de vue de la structure du GV, autrement dit, du

point de vue de la présence ou de l’absence de déterminants auprès du verbe, on distingue plusieurs classes de verbes:

(1) des verbes uniquement non déterminés (V[-déterminé]); ce sont des verbes intransitifs, appelés aussi des verbes monovalents22. Ils appartiennent à plusieurs classes sémantiques, dont les plus représentées sont:

– [+dynamique], [+mouvement] – arriver, courir, partir, venir, revenir, se promener, s’enfuir…

– [+ dynamique], [+inchoatif] – jaunir, rougir, maigrir, pâlir… – [– dynamique], [+état] – être, exister, attendre, naître, mourir… (2) des verbes uniquement déterminés (V[+déterminé]). Ces

verbes se regroupent en plusieurs sous-classes suivant la nature du déterminant obligatoire. On y distingue:

(a) des verbes à un seul déterminant; ces verbes se séparent en deux sous-groupes:

(a1) les verbes à déterminant complément d’objet direct (V+ GN2). Ce sont des verbes transitifs qui comportent le trait inhérent [±causatif], type:

abîmer qqch. avoir qqch. dessiner qqch. abattre qqn. /qqch. cacher qqch./qqn. effacer qqch. ajouter qqch. chercher qqch./qqn. fabriquer qqch. attendre qqn./qqch. cultiver qqch. préparer qqch. La pluie a abattu plusieurs arbres. Mes amis préparent les examens de fin d’année. (a2) les verbes à déterminant prépositionnel (V+ GPrép.). Ce

sont des verbes transitifs indirects. Le complément prépositionnel est rattaché au verbe par les prépositions: à, de, dans, sur, avec, contre... Ces verbes comportent les traits [±dynamique], [±orientation], type:

parler à qqn. accéder à qqch.

22 Cf. A. Blinkemberg, Le problème de la transitivité en français, Copenhague, 1960.

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appartenir à qqn. adhérer à qqch. céder à qqn. / à qqch. réfléchir à qqch. plaire à qqn. penser à qqch. obéir à qqn. renoncer à qqch. Le guide parle aux touristes. Ils leur parle. La maison appartient à mes parents. Elle leur appartient. Pierre a adhéré à la ligue des étudiants en droit. Il y a adhéré

depuis peu. Pierre pense aux vacances. Il y pense sérieusement. abuser de qqn. /de qqch. se méfier de qqn. / de qqch. bénéficier de qqch. se passer de qqch. dépendre de qqn. / de qqch. profiter de qqch. Les bébés dépendent de leurs mères. Ils dépendent en tout d’elles. Le règlement du statut des immigrés dépend des décisions du

gouvernement. Leur situation en dépend. s’enfoncer dans qqch. s’appuyer sur qqn./qqch. s’abriter contre qqch. s’enfermer dans qqch. se pencher sur qqn. / qqch. s’appuyer contre qqch. s’infiltrer dans qqch. se précipiter sur qqn. se heurter contre qqch. Marie s’est enfermée dans sa chambre. Elle s’y est enfermée. Elle

s’est enfermée dedans. L’eau s’est infiltrée dans le mur. Elle s’y est infiltrée. Le malade s’appuie sur l’infirmière. Il s’appuie sur elle. Les policiers se sont précipités sur le voleur. Ils se sont précipités

sur lui /dessus. Surpris par le pluie, les passants s’abritent contre le mur. Le vieillard s’est heurté contre la marche. (b) des verbes à deux déterminants; ces verbes se séparent en

deux sous-groupes: (b1) les verbes à GN2 (COD) et GN3 (COI au datif). Ce sont des

verbes attributifs. Le GN3 est rattaché au verbe par la préposition à. acorder qqch. à qqn. emprunter qqch. à qqn. adresser qqch. à qqn. prêter qqch. à qqn. donner qqch. à qqn. prendre qqch. à qqn.

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offrir qqch. à qqn. voler qqch. à qqn. Le Premier Ministre a acordé une interview aux journalistes. Il

leur a accordé une interview. Marie a prêté son dictionnaire à Paul. Elle lui a prêté son

dictionnaire. (b2) les verbes à GN2 (COD) et GPrép. (Complément

prépositionnel). Ce sont des verbes transitifs. Les prépositions qui rattachent le complément au verbe sont: à, de, sur, dans, vers.

attacher qqn. / qqch. à qqch. extraire qqch. de qqch. accrocher qqch. à qqch. tirer qqn. / qqch. de qqch. soustraire qqch. à qqch. munir qqn. / qqch. de qqch. exposer qqn./ qqch. à qqch. éloigner qqn. /qqch. de qqch. L’enfant a attaché sa bicyclette à la grille. Le gardien a éloigné les enfants de la boxe du loup. La secrétaire a collé l’affiche sur la porte. Les parents ont enfermé leur enfant dans la maison. (3) les verbes déterminés contextuellement. Ces verbes

appartiennent à plusieurs classes syntagmatiques et l’apparition du déterminant s’explique par des raisons sémantiques ou syntaxiques. On peut mentionner:

(a) certains verbes intransitifs qui reçoivent, dans certains contextes, un objet appelé «objet interne». Ces verbes sont peu nombreux et les constructions générées sont relativement fixes. Elles s’expliquent par l’intention du sujet énonciateur de marquer un trait spécifique du déterminant:

vivre: Vivre sa vie. dormir:

Dormir un bon sommeil, dormir son sommeil. pleurer – (dans le sens de «regretter qqn. / qqch.»):

Pleurer qqn. (ses amis, ses parents) Pleurer son enfance, sa jeunesse.

– (dans le sens de «être avare»): Pleurer le pain qu’on mange. – (dans le sens de «laisser couler (des larmes, des pleurs»):

Pleurer des larmes de joie. Pleurer des larmes de désespoir. Pleurer des larmes de sang.

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(b) les verbes [+réciproque] s’accompagnent du déterminant

explicite [+association] lorsque le sujet est au singulier. Lorsque le sujet est au pluriel le déterminant s’efface. Il s’agit des verbes du type:

s’associer communiquer se combiner se lier collaborer se marier coexister s’harmoniser

Pierre s’associera avec son frère. Pierre et son frère s’associeront. Marie s’est réconciliée avec son ami. Marie et son ami se sont réconciliés. Le bleu s’harmonise avec le vert. Le bleu et le vert s’harmonisent.

(c) les verbes [+symétrique]. Suivant que ces verbes actualisent les traits sémantiques [+causatif] ou [+inchoatif] et les traits contextuels [+transitif] ou [-transitif], ils génèrent un GV à déterminant -complément d’objet direct, ou apparaissent sans déterminant:

augmenter qqch. augmenter brûler qqch. brûler casser qqch. casser grossir qqch. grossir paralyser qqch. paralyser

La RATB a augmenté les tarifs. Les tarifs ont augmenté. Pierre a brûlé la lettre. La lettre a brûlé. Cette loupe grossit les lettres. Cette loupe grossit suffisamment. Pour certains verbes, la construction à déterminant est la

construction active, et la construction sans déterminant est la construction pronominale. Dans les limites de la construction pronominale, le verbe est interprétable comme [+inchoatif], [-transitif]:

inquiéter qqn. s’inquiéter fatiguer qqn. se fatiguer tracasser qqn. se tracasser Cette situation inquiète tout le monde. Tout le monde s’inquiète. Le voyage a fatigué ma mère. Ma mère se fatigue trop.

Le GV qui comporte des compléments GN2, GN3 et / ou G prép. présente une forte cohésion. Les compléments ne se laissent séparer du verbe que par certains circonstants, pour des raisons d’éclairage.

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Pierre attend, devant l’Université, ses amis, étudiants en droit. Pierre attend probablement ses amis devant l’Université. Pierre parlera sans doute à ses amis de notre dernier projet. Pierre pense probablement à ses projets de vacances.

L’inversion des compléments (GN2 / COD, GN3 / COI, Gprép / Cprép.) est possible, dans des conditions données, lorsque les compléments sont réalisés par des noms:

– dans une phrase interrogative, lorsque l’interrogation est partielle et qu’elle porte sur le complément en question:

Quels étudiants attendez-vous? Combien d’étudiants avez-vous invités à cette réunion? À quels étudiants avez-vous présenté ce projet? À quels étudiants pensez-vous pour ce projet?

– dans une phrase assertive, lorsqu’on veut mettre en évidence le complément.

Dans ce cas, le complément est repris auprès du verbe par le pronom correspondant. Il s’agit soit du pronom personnel, soit du pronom relatif:

Ce livre, je l’achète. C’est le livre que j’achèterai. Les deux étudiants dont vous parlez, je les verrai demain. Les étudiants que je rencontrerai demain sont en 1-ère année. À ces étudiants, je leur parlerai de votre réunion. Les étudiants à qui / auxquels je parlerai demain sont en 1-ère

année. (A) ces enfants, je penserai sans doute à eux. Je me souviendrai

toujours d’eux. Les enfants auxqules je m’adresserai sont en 1-ère année. (A) cet événement, j’y penserai sans doute. Je m’en souviendrai

toujours. Le participe passé du verbe (se trouvant à une forme composée)

s’accorde en nombre et en genre avec le COD placé devant le verbe. Ces livres, je les ai achetés à la librairie de l’Université. Ces citations, je les ai prises dans les oeuvres de Balzac. Les deux étudiants dont vous parlez, je les ai rencontrés au

théâtre.

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4.2.1. LE GN2/COD (complément d’objet direct)

A. Définition et caractérisation Du point de vue syntaxique, le GN2 se définit par la position

qu’il occupe dans l’indicateur syntagmatique de base et par les relations d’interdépendance qu’il entretient avec le verbe (membre verbal -MV).

C’est le CI du GV, un CI de rection directe. Il est obligatoire et se place à droite du verbe. Le GN2 est un CI de rang inférieur (dominé par le GV.)

Comme il y a plusieurs constituants immédiats de rection directe, pour identifier le GN2, il s’impose de recourir à plusieurs tests:

– le test du déplacement qui permet d’identifier le GN2 de certains compléments circonstanciels circonstants de temps.

Les deux constituants sont placés, dans la phrase assertive neutre, après le verbe et ils sont de rection directe.

La dislocation à gauche du GN2 entraîne la destruction de la phrase, tandis que la dislocation du circonstant ajoute une marque d’emphase:

Marie prépare ses examens. Marie travaille la nuit. * Les examens, Marie prépare. La nuit, Marie travaille.

Comme il est un constituant obligatoire, le déplacement du GN2 entraîne sa reprise par un pronom personnel auprès du verbe:

Ses examens, Marie les a déjà passés en juin. – le test de la pronominalisation permet de distinguer le GN2 des

circonstants de rection directe. Le GN2 se laisse pronominaliser par les formes le, la, les, en, tandis que le circonstant de temps refuse la pronominalisation:

Marie a expédié la lettre. Marie travaille la nuit. La lettre, Marie l’a expédiée. *La nuit, Marie la travaille. Marie l’a expédiée, la lettre. *Marie la travaille, la nuit.

Il existe cependant des circonstants de lieu de rection directe qui se laissent pronominaliser par les formes le, la, les:

La vieille a traversé la rue. La rue, la vieille l’a traversée seule. Pierre a monté l’escalier en enjambant les marches deux par deux. Quant aux marches, Pierre a monté l’escalier en les enjambant

deux par deux. Il apparaît que le test de la pronominalisation n’est pas concluant.

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– le test de la transposition à la forme passive qui semble être spécifique des verbe transitifs:

Marie a collé l’affiche. Marie a voyagé tout l’été. L’affiche a été collée par Marie. * Tout l’été a été voyagé

par Marie. Cependant, il y a des verbes transitifs qui n’acceptent pas la

transformation passive tout comme il y a des verbes transitifs indirect ou intransitifs qui acceptent la passivisation:

Marie a deux tableaux de Picasso. *Deux tableaux de Picasso sont eus par Marie.

Marie obéit à ses parents. Ses parents sont obéits par Marie.

Les alpinistes ont escaladé la montagne. La montagne a été escaladée par les alpinistes.

– la question: qui…?, que…?, qui est-ce que…?, qu’est-ce que …?

Marie prépare ses examens. Marie a voyagé tout l’été. – Que prépare Marie? –* Qu’a voyagé Marie? – Qu’est-ce que Marie prépare? – *Qu’est-ce que Marie a

voyagé? On constate qu’il n’y a pas un test qui soit applicable à toutes les

constructions à GN2 ou uniquement à ce type de constructions. Il s’impose d’utiliser plusieurs tests pour mettre en évidence les

particularités de construction syntaxique et les relations sémantiques que chaque classe de verbes ou même que chaque unité verbale établit avec son ou ses déterminants.

Le critère déterminant qui permet d’identifier le GN2 dans l’ensemble des autres déterminants de rection directe est la dépendance / la relation d’incidence dans la structure de la phrase.

•• Le GN2 est obligatoire en structure profonde. En structure de surface, il peut s’effacer dans les cas suivants:

(a) lorsque le contexte situationnel évoque le référent du GN2: Où êtes-vous? Dans la cuisine. Je mange. Voilà, sur cette photo…là, à côté de moi, il y a un petit garçon. Je vois. T’as trouvé? Non, je cherche. Tiens, j’ai trouvé!

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Les verbes qui se prêtent à cet emploi sont, à quelques exceptions près, à l’indicatif présent, dans des structures assertives ou interrogatives; le sujet renvoie à un des participants directs à la communication (le locuteur -je ou le destinataire -tu):

voir savoir regretter écouter croire pouvoir comprendre penser vouloir

Auprès des verbes dire, écouter, faire, regarder, le GN2 s’efface, le plus souvent, lorsqu’ils sont en structure impérative:

Dites qqch. ! Faites qqch.! Ecoutez! Regardez! Dites! Fait vite! (b) lorsque le contexte linguistique évoque le référent du GN2: Il cherchait des yeux une certaine affiche. Il regardait (l’affiche)

attentivement. Il avait entendu des voix. Il écoutait (ces voix) Il avait trouvé le dossier avec les documents secrets. Il cherchait

depuis une semaine. (c) lorsque les nominaux susceptibles de réaliser le GN2

appartiennent à des classes prédictibles. Le sens du verbe pivot et le sens du nominal présentent des affinités. Le nominal renvoie à des réalités qui sortent des classes prédictibles est explicité. On distingue:

– des verbes qui renvoient nécessairement à un nominal (GN2) [+humain]:

accuser (qqn.) consulter (qqn.) aimer (qqn.) recevoir (qqn.) applaudir (qqn.) saluer (qqn.)

A comparer: Pierre aime. Il est amoureux. Il aime la musique. Le procureur accuse. Il accuse les conditions de travail. Le doyen reçoit entre 10h et 12h. Ma mère a reçu des cadeaux. Le public applaudit. Le public a applaudi son intervention. – des verbes qui renvoient nécessairement à un nominal (GN2) [-

humain]: accepter (qqch.) comprendre (qqch.) observer (qqch.)

A comparer: Nous avons proposé à Pierre de participer à notre projet. Il a accepté.

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De nouveaux élèves veulent venir dans notre classe. Le professeur ne les accepte pas. Le professeur n’accepte pas les nouveaux élèves. Je lui ai expliqué son erreur. Il a compris. Marie est malheureuse. Pierre la comprend très bien. Pierre comprend très bien Marie.

(d) lorsque le nominal qui réalise le GN2 appartient à une série limitée, fermée. Certains des verbes qui génèrent cette construction sélectent pour sujet un nominal [+humain], d’autres sélectent un nominal [-humain]. La construction est actualisée dans le contexte des verbes ci– dessous:

GN1[+humain] abandonner (la course) abandonner un projet, sa famille allumer (les phares, la lampe, l’électricité)

allumer le feu boire (de l’alcool) boire de l’eau accélérer (la vitesse) accélérer le rythme conduire (une voiture) conduire qqn. chez le médecin doubler (une voiture) doubler sa fortune, une classe éteindre (les phares, la lampe, l’électricité) éteindre le feu freiner (la voiture) freiner un coureur, le progrès ralentir (le vitesse) ralentir le pas, sa marche récupérer (ses forces) récupérer de l’argent

A comparer: Plusieurs coureurs ont abandonné.

Le voleur a abandonné la voiture. Le chaufeur a accéléré, puis il a freiné brusquement.

Il faut accélérer le rythme de la réforme. Il faut éviter de boire en excès.

Par canicule, il est recommandé de boire beaucoup d’eau GN1[-humain] GN1[+humain]

(le vin) déposer (la lie) déposer un dossier (de candidature) déposer une gerbe de fleurs

(ça) creuser (l’estomac) creuser un trou

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(le bateau) mouiller (l’ancre) mouiller son mouchoir, son doigt dans l’eau

(la rivière) prendre la glace prendre qqn par la main (la cheminée) rabattre (la fumée) rabattre le col de son manteau (e) dans les contextes où c’est l’action dénotée par le verbe et son

agent qui sont mis en évidence et non l’objet sur lequel cette action s’exerce, le nominal susceptible de réaliser le GN2 et qui appartient à une classe plus large, délimitée par l’expérience humaine, est effacé. Lorsque le nominal sort de cette classe, il est explicité:

acheter espérer attendre entendre écouter vendre

A comparer: Marie n’arrête pas d’acheter. Elle achète des riens.

Elle a acheté un perroquet. Je vous écoute. Parlez!

Il faut apprendre à écouter. Les étudiants écoutent leur professeur.

Écouter les conseils de quelqu’un. •• Le GV à GN2 présente une forte cohésion. Le GN2 ne se

laisse séparer du verbe que par certains types d’adverbes et par des pronoms compléments:

Pierre a reconnu l’auteur de ce texte. Pierre a reconnu immédiatement/sans difficulté l’auteur de ce texte. Pierre attend ses camarades. Pierre attend probablement / toujours ses camarades. Pierre offrira les fleurs à Marie. Il les offrira à Marie. Il les

lui offrira. B. Réalisateurs du GN2 Les unités linguistiques qui peuvent réaliser le GN2 appartiennent

à plusieurs classes: – un GN simple ou complexe:

Pierre étudie le français. Pierre étudie deux langues étrangères de circulation restreinte.

– un pronom: Pierre nous connaît bien.

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– un infinitif: Pierre sait se débrouiller seul.

– une proposition: Pierre sait que vous avez accepté sa proposition.

• Le GN2 réalisé par un GN – Le GN2 est, en règle générale, placé à droite du verbe.

Pierre prépare son examen de licence. Pierre a eu son permis (de conduire). Pierre a acheté les plus belles fleurs pour sa fiancée.

Cependant, le GN2 est placé devant le verbe lorsque la phrase est interrogative (interrogative partielle incidente à l’objet direct – au GN2) ou exclamative:

Quels étudiants attendez-vous? Combien de personnes attendez-vous? Combien de livres il a achetés!

Dans les phrases assertives le GN2 placé devant le verbe est repris auprès du verbe par un pronom relatif ou un pronom complément correspondant et le participe passé du verbe s’accorde, en règle générale, en genre et en nombre avec le GN2 antéposé. Ces cas sont les suivants:

– le GN2 est repris par un pronom relatif; l’accord du participe passé se fait avec l’antécédent du pronom relatif antéposé au verbe:

Les livres que j’ai achetés sont intéressants. Le GN2 réalisé par un pronom relatif précède aussi le verbe qui

réalise le prédicat nominal: Voilà une revue que j’ai trouvée interessante. Le verbe de la proposition relative est un verbe de perception

(voir, entendre) ou factitif23 (laisser) suivis d’un infinitif: – on accorde le participe passé avec le GN2 antéposé si le référent

de ce nominal est aussi agent de l’infinitif (a). On ne fait pas l’accord si le référent du nominal est objet direct de l’infinitif (b):

23 Dans le contexte du verbe faire le participe passé ne s’accorde pas

avec le GN2 antéposé: Les étudiants que j’ai fait travailler avec le dictionnaire sont en 1-ère année.

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(a) Les étudiant que vous avez entendus répondre sont en 1-ère année.

Vous avez entendu les étudiants. Les étudiants répondaient.

Les jeunes filles que vous avez vues sortir sont en 1-ère année.

Vous avez vu des jeunes filles. Les jeunes filles sortaient.

Les étudiants que j’ai laissés travailler sont en 1-ère année. J’ai laissé les étudiants. Les étudiants ont travaillé.

(b) Les étudiants que j’ai vu interviewer (par un journaliste) sont en 1-ère année.

Un journaliste interviewait les étudiants. J’ai vu qu’un journaliste interviewait les étudiants.

– Le GN2, repris par un pronon relatif, est réalisé par la structure un de +N (pluriel):

un des livres un des étudiants.

On fait l’accord au pluriel si la structure comporte un comparatif: un des plus beaux + N un des plus intéressants + N un des moins chers + N

C’est un des plus beaux romans que j’ai lus. On fait l’accord au singulier ou selon le sens si la structure ne

comporte pas de comparatif: C’est un des romans que j’ai lu(s). (a) J’ai lu un roman. (b) J’ai lu plusieurs romans. Lorsque le GN2 est repris par le pronom relatif et que le verbe

pivot est en structure complexe réalisée par un des verbes: devoir, pouvoir, vouloir, désirer, oser, dire suivis d’un infinitif (explicité ou non) ou d’une proposition, le participe passé de ces verbes ne s’accorde pas avec le complément d’objet direct placé devant le verbe:

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J’ai fait toutes les démarches que j’ai pu (faire). Pierre a lu tous les livres qu’il a dû lire / qu’il a voulu lire. Pierre a fait tous les exercices que le professeur a voulu qu’il fasse. • Le GN2 est un groupe complexe de coordination; le participe

passé s’accorde au singulier ou au pluriel suivant qu’on accorde à la conjonction la valeur d’exclusion (a) ou d’addition (b):

C’est Marie ou Pierre qu’on a invité(s) à la réunion. (a) On a invité soit l’un, soit l’autre. (b) On a invité l’un et l’autre. C’est le temps ou l’argent qu’on a toujours valorisés. • le GN2 est réalisé ou repris par un pronom personnel; le

participe passé du verbe pivot du GV est accordé en genre et en nombre avec l’antécédent du pronom:

Ces revues, je les ai achetées à la librairie de l’Université. Le pronom GN2– pronom personnel précède aussi le verbe qui

réalise le prédicat nominal à attribut incident à l’objet direct; le participe passé du verbe copulatif s’accorde en genre et en nombre avec l’antécédent du pronom complément:

Cette jeune femme, on l’a traitée de folle Cette jeune femme, on l’a traitée de /comme irresponsable. Cette jeune femme, on l’a prise pour responsable. Lorsque la phrase ternaire à attribut incident au GN2 est introduite

par le verbe croire l’accord du participe passé est facultatif: Ces jeunes filles que j’ai cru(es) être sérieuses, m’ont déçu. On ne fait pas l’accord si le verbe être est effacé de la structure de

surface: Ces jeunes filles que j’ai cru sérieuses, m’ont déçu. • Le GN2 est réalisé par un nom repris par le substitut «en» (à

statut de quantitatif indéfini); en règle générale, le participe passé reste invariable:

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Des livres, il en a acheté à la librairie de l’Université. As-tu trouvé des exemples. J’en ai trouvé dans le Nouvel Observateur.

On fait cependant l’accord lorsque le pronom en est accompagné d’un quantitatif et si le quantitatif précède le pronom en:

Des livres, autant il en a trouvés, autant il en a achetés. Des exemples, beaucoup / peu il en a trouvés, beaucoup / peu

il en a donnés. Lorsque le quantitatif suit le pronom en, l’accord ne se fait pas:

Des exemples, il en a trouvé beaucoup / peu, il en a donné beaucoup / peu.

Des livres, il en a acheté autant qu’il en a trouvé. • Le GN2 réalisé par un pronom Les pronoms qui réalisent le GN2 peut appartenir à toutes les

classes. Ils peuvent être: (a) des pronoms personnels déictiques ou anaphoriques,

formes conjointes ou disjointes: Pierre vous cherche, toi et ta soeur. Pierre me connaît depuis longtemps. Pierre nous accompagnera, nous deux. Il veut connaître ta soeur. Il ne la connaît pas. J’ai vu le spectacle. Je l’ai vu plusieurs fois. J’ai rencontré des étudiants au stade. J’en ai rencontré plusieurs.

Les pronoms personnels, formes conjointes se placent toujours devant le verbe, dans une phrase assertive affirmaive ou négative et dans une phrase impérative négative. Dans une phrase impérative affirmative le pronom complément est placé après le verbe. Comparez:

Pierre m’a vu au théâtre. Je ne l’ai pas vu. Pierre t’appelle. Il te cherche depuis quelque temps. Je l’écoute et je le comprends. Tu ne l’écoutes pas. Ecoute-le! Ne le regade pas! Regarde-le! Ne me regardez plus! Regarde-moi!

Les pronoms compléments GN2 ne se laissent séparer du verbe que par le pronom GN3 (les formes lui, leur) lorsque les deux formes sont à la 3-ème personne:

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Ce livre, je le lui rendrai demain. Ce livre, je ne le lui rendrai pas bientôt. Ce livre, ne le lui prête pas ! Prête-le lui !

(b) des pronoms démonstratifs et possessifs; ils se placent toujours après le verbe:

Voilà des fleurs, j’achèterai celles-ci. Je n’achèterai pas celles-ci. Achetez celles-là! Regardez celui-là, il est seul. Voilà les livres. Je garde les miens. Prenez les vôtres ! Laissez

les leurs. (c) des pronoms indéfinis; ils se placent après le verbe s’il s’agit

d’une forme verbale simple et entre l’auxiliaire et le participe passé si le verbe est à une forme composée. Les formes les plus fréquemment utilisées sont: tout, rien, personne, assez, peu, beaucoup, quelque chose, quelqu’un.

Pierre vérifiera tout. Il apprendra beaucoup/ assez / peu. Pierre a vu tout ce qui l’intéressait. Il a tout vu. Il n’a vu personne. Il n’a rien dit.

• Le GN2 réalisé par un infinitif L’infinitif en position de GN2 peut être de rection directe ou

indirecte (il est introduit par les prépositions à ou de). L’infinitif de construction directe ou indirecte est identifié par la

question que…?, qu’est-ce que…? posée au verbe fini: Pierre dit aimer la peinture. – Que dit Pierre? – Pierre dit aimer /qu’il aime la musique. Pierre aime lire. Il aime à lire. – Qu’est-ce que Pierre aime? – Il aime ( à) lire.

Dans certains cas, l’infinitif GN2 se laisse pronominaliser par la forme neutre le (faire) ou par les formes du démonstratif neutre (faire) cela, (faire) ça:

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Pierre ose parler en public. Pierre ose faire cela. Pierre ose le faire en public.

Les principaux verbes qui régissent des infinitifs en position de GN2 sont les suivants:

(a) en construction directe: Vf + inf

adorer croire dire aimer déclarer préférer affirmer désirer prétendre avouer détester savoir J’aime lire, écouter de la musique. Pierre adore jardiner / faire du jardinage. Pierre prétend connaître ses obligations.

(b) en construction indirecte: Vf + à Inf Vf + de Inf aimer à continuer à accepter de décider de apprendre à se décider à achever de obtenir de chercher à demander à attendre de promettre de commencer à prétendre à commencer de oublier de

continuer de tenter de L’enfant apprend à écrire. Marie continue à parler. Paul a accepté de nous accompagner à la gare. Nous avons décidé de partir demain.

Auprès de certains verbes finis, l’infinitif est inséré à l’aide d’un pronom relatif ou d’un adverbe:

Je sais qui chercher / comment m’y prendre / quand partir. Je ne sais que dire.

• Le GN2 réalisé par une proposition (que P) La proposition GN2, est appelée aussi proposition complétive. Les

aspects qu’on doit retenir pour la description de la construction de GN2 réalisée par une proposition sont: le choix du relateur qui introduit la que P, le choix du mode dans la que P, la pronominalisation de la que P.

(a) Le choix du relateur La proposition GN2 est introduite par: – la conjonction que

Marie sait que Pierre l’attendra à la sortie. Elle a remarqué que Pierre est très aimable. Il est évident que les choses ne vont pas très bien.

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– des pronoms relatifs (qui, ce qui, à qui, de qui, avec qui, à quoi, de quoi, avec quoi) ou des adverbes (si, comment, quand, pourquoi) lorsque la complétive est élément constitutif de l’interrogation indirecte:

Marie sait qui l’attendra à la sortie. Elle sait ce qui se passera demain. Pierre se demandait ce que Marie cherchait dans son sac. Je voudrais savoir comment vous avez procédé pour réaliser ce

projet. (b) Le choix du mode dans la proposition complétive Le choix du mode dans la proposition complétive est dicté par

plusieurs facteurs: • la nature sémantique du verbe régissant (VR): – les verbes qui comportent les traits [+affirmation], [+déclaration],

[+constatation], [+conaissance], [+opinion], [+évidence], [+certitude] imposent le choix de l’indicatif:

Pierre a affirmé qu’il avait vu le voleur sortir de la maison. Pierre a déclaré qu’il avait vu le voleur sortir de la maison. Le professeur a constaté que les élèves avaient bien travaillé. Je sais que vous êtes sérieux. Je crois que vous vous trompez.

– les verbes qui comportent les traits [+sentiment], [+doute], [+volonté], [+hésitation], [+négation] imposent le choix du subjonctif:

J’aime que mes amis viennent me voir de temps en temps. Je doute qu’il soit en bonne santé. Je doute qu’il ne soit malade. Le professeur demande / exige que les étudiants aillent le voir

pour des consultations. Marie refuse qu’on l’attende à la sortie.

Certains verbes se laissent interpréter avec des sens qui s’inscrivent dans les deux catégories. Dans la proposition complétive qu’ils régissent, on emploie tantôt l’indicatif, tantôt le subjonctif, suivant que l’on prête au verbe le sens de verbe d’affirmation ou de volonté. Ce sont les verbes admettre, comprendre, dire, prétendre.

J’admets qu’il est fatigué. (= J’affirme / Je dis qu’il est fatigué.) J’admets qu’il soit invité à notre réunion. (= Je veux qu’il soit invité à notre réunion.) Je dis/ je prétends qu’il est sérieux.

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(=J’affirme qu’il est sérieux.) Je dis / je prétends qu’il soit sérieux. (=Je veux qu’il soit sérieux.)

• le statut affirmatif ou négatif de la proposition régissante, centrée sur les verbes d’opinion:

– les verbes croire, penser, imaginer, signifier, prouver à la forme affirmative imposent l’emploi de l’indicatif dans la proposition complétive. Ils s’inscrivent dans la zone de l’opinion ou de la constatation. Ces mêmes verbes à la forme négative demandent dans la que P qu’ils régissent le subjonctif, parce qu’ils inscrivent leur sens dans la zone du doute et de la négation:

Je crois qu’il viendra ce soir. Je ne crois pas qu’il vienne ce soir. Je crois que c’est possible. Je ne crois pas que ce soit possible.

Cela signifie qu’il est capable. Cela ne signifie pas qu’il soit capable.

– le verbe croire en construction négative admet l’indicatif dans la complétive.

En employant le présent et les formes du passé le locuteur insiste sur la réalité du fait relaté dans la que P:

Je ne crois pas que c’est possible. Personne ne croyait que la situation était si grave.

En employant le futur ou le conditionnel, le locuteur situe l’événement de la que P dans le futur ou il le met sous le signe de l’éventualité niée:

Je ne crois pas qu’il sera puni. Je ne crois pas qu’on pourrait faire mieux.

• le statut interrogatif de la proposition principale centrée sur un verbe d’opinion impose le choix du subjonctif lorsque l’événement dénoté par le verbe de la complétive est mis sous le signe du doute et le futur lorsqu’on projette dans le futur:

Croyez-vous qu’il en soit capable ? Croyez-vous qu’il en sera capable?

• le statut injonctif de la proposition à verbe régissant réalisé par les verbes admettre et supposer impose le choix du subjonctif lorsqu’on envisage l’événement de la proposition complétive comme

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une possibilité, et l’indicatif lorsque l’événement est envisagé comme une réalité:

Admettons qu’il soit coupable. Que ferait-t-on? Admettons qu’il est coupable. Que fera-t-on? Supposons qu’il soit puni par la direction de l’école. Qu’en

diraient ses parents? Supposons qu’il est puni. Q’en diront ses parents ?

• le statut impersonnel du verbe régissant impose le choix du subjonctif:

Il faut que Pierre soit mis au courant. Il se peut qu’il en sache déjà quelque chose. Il est possible qu’il soit puni.

– certains verbes ou locutions verbales en construction impersonnelles se combinent avec l’indicatif ou avec le subjonctif suivant que le sens se rattache à la certitude ou à l’évidence, à la possibilité ou à la nécessité.

Il est certain que Pierre viendra seul. Il n’est pas certain que Pierre vienne seul. Il est évident que Pierre est au courant. Il n’est pas évident que Pierre soit au courant. Il est vrai que tout va bien. Il est possible que tout aille bien. Il est impossible qu’on fasse quoi que ce soit.

– la locution formée sur l’adjectif probable régit dans la que P le subjonctif lorsqu’il s’agit de la probabilité faible qui tend vers l’exclu, et avec l’indicatif lorsque la probabilité est considée comme forte se rapprochant de la certitude:

Il est probable qu’il fasse beau. (=Il y a quelques chances mais pas beaucoup). Il est probable qu’il fera beau (=Il y a beaucoup de chances qu’il fasse beau. Il fera

certainement beau) • la position de la proposition complétive par rapport à la

proposition régissante: la distribution de la complétive devant la proposition régissante entraîne automatiquement l’emploi du subjonctif:

Je sais bien qu’il en est capable. Qu’il en soit capable, je le sais.

Je regrette qu’il soit parti si vite. Qu’il soit parti si vite, je le regrette.

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4.2.2. LE GN3 / COI (complément d’objet indirect, au datif)

A. Définition et caractérisation Du point de vue syntaxique, le GN3 se définit par la position

qu’il occupe dans l’indicateur syntagmatique de base et par les relations d’interdépendance qu’il entretient avec le verbe (membre verbal -MV) et avec le GN2 dans le contexte d’un verbe transitif.

Cette maison appartient à mon oncle. Mes grands parents ont légué cette maison à mon oncle.

C’est le CI du GV, un CI de rection indirecte: il est rattaché au verbe par la préposition à. Il est obligatoire et se place à droite du verbe. Le GN3 est un CI de rang inférieur (dominé par le GV.)

Comme il y a plusieurs constituants immédiats de rection indirecte introduits par la préposition à, pour identifier le GN3, il s’impose de recourir au test de la pronominalisation qui permet de distinguer le GN3 du complément prépositionnel et du complément circonstantiel introduits par la même préposition.

À comparer: Pierre parle à Marie. GN3 Pierre pense à Marie. GPrép. Pierre va à l’Université. Gadv.

Le GN3 se laisse pronominaliser par les formes lui, leur tandis que les deux compléments prépositionnel et circonstanciel se laissent pronominaliser par les formes à lui, à elle, à eux, à elles, y et respectivement y:

GN3 Pierre parle à Marie. Pierre lui parle. Pierre obéit à ses parents. Pierre leur obéit.

GPrép. Pierre pense à Marie. Pierre pense à elle. Pierre s’adresse à ses amis. Pierre s’adresse à eux. Pierre pense à son projet Pierre y pense. GAdv. Pierre va à l’Université Pierre y va. Dans la représentation en structure profonde, le GN3 et le GPrép.

apparaissent sous la dépendance du GV tandis que le complément circonstanciel apparaît sous la dépendance du GAdv.

• Le GN3 est obligatoire en structure profonde. En structure de surface, il peut s’effacer:

Le peintre a vendu tous ses tableaux (à des acheteurs). Des volontaires ont distribué tous les dépliants (aux passants).

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B. Réalisateurs du GN3 Le GN3 est réalisé par un GN introduit par la préposition à (à GN)

ou par un pronom personnel au datif (lui, leur). (1) le GN3 réalisé par un GN est placé toujours après le verbe: La maison appartient à mes parents. Il se laisse séparer du verbe par un adverbe modalisant ou par

certains circonstants temporels: La maison reviendra sans doute à mon frère. La maison appartient depuis quelque temps à mes parents.

Dans le contexte d’un verbe transitif, le GN3 est placé après le GN2 qui suit immédiatement le verbe:

Pierre a prêté son dictionnaire à son camarade. Si le GN2 est un groupe complexe, un infinitif ou une proposition

complétive, le GN3 est placé immédiatement après le verbe et le GN2 après le GN3:

Pierre a prêté à son camarade le dictionnaire emprunté à la bibliothèque.

Pierre a prêté à son camarade le dictionnaire qu’il vient d’acheter.

Pierre a proposé à Marie de l’accompagner. Pierre a promis à Marie qu’il l’accompagnerait.

(2) le GN3 réalisé par un pronom est placé devant le verbe: Pierre m’a parlé de son projet de vacances. Si le verbe est transitif et que les deux compléments d’objet direct

(GN2) et d’objet indirect au datif (GN3) sont placés devant le verbe, l’ordre des deux pronoms complément étant déterminé par plusieurs facteurs:

– le type de la phrase (assertif ou impératif) – le statut de la phrase (affirmatif ou négatif) – la personne du pronom qui réalise le GN3 (a) la phrase est assertive affirmative, négative ou impérative

négative; – le GN3 est réalisé par un pronom de la 1-ère, 2-ème, 4-ème ou

5-ème personnes (me, te, nous, vous); – le GN2 est réalisé par un pronom de la 3-ème personne (le, la,

les, en); – l’ordre des deux pronoms compléments placés devant le verbe

sera: GN3 + GN2+ V;

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– la phrase a la structure: Ph = GN1 + GN3 + GN2 + V

Pierre me le donnera. Pierre ne me le donnera pas. Pierre m’en donnera. Pierre ne m’en donnera pas. Pierre te le donnera. Pierre ne te le donnera pas. Pierre nous le montrera. Pierre ne nous le montrera pas. Pierre vous le montrera. Pierre ne vous le montrera pas. Ne me le donne pas! Ne m’en donne pas! Ne te le demande plus! Ne nous le donnez pas! Ne vous le reprochez plus!

– le GN3 est réalisé par un pronom de la 3-ème personne (lui, leur); Le GN2 est toujours de la 3-ème personne (le, la, les);

– l’ordre des deux pronoms complément est inversé: GN2 + GN3 + V;

– la phrase a la structure: Ph = GN1 + GN2+ GN3 + V Pierre le lui donnera. Pierre ne le lui donnera pas. Pierre le leur donnera. Pierre ne le leur donnera pas.

(b) • la phrase est impérative affirmative; – le GN3 est réalisé par un pronom de la 1-ère, 3-ème, 4-ème,

5-ème ou 6-ème personnes (moi, lui, nous, leur); – le GN2 par un pronom de la 3-ème personne (le, la, les, en); – l’ordre des deux pronoms compléments placés après le verbe

sera:V + GN2 + GN3; – si le GN3 est de la 4-ème ou de la 5-ème personnes, les formes

le, la, les à statut de GN2 peuvent être placées après le GN3; – la deuxième position sera occupée par une forme de pronom

susceptible de recevoir l’accent – la phrase aura la structure: Ph = V + GN2 + GN3:

Demandez-le moi! Demandez-le nous! Demandez-nous-le!

Demandez-le-lui! Demandez-le leur! Demandez-vous-le!

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4.2.3. Le GPrép. (groupe prépositionnel/complément (d’objet) prépositionnel)

A. Définition et caractérisation C’est un constituant immédiat obligatoire, régi par des verbes

incomplets sémantiquement et qui demandent une complétude dans le plan syntaxique. Il est toujours placé après le verbe.

À comparer: * Pierre pense. / Pierre pense à ses amis. Pierre pense à ses examens. *Pierre assistera. / Pierre assistera à cette réunion. *Pierre provient./ Pierre provient d’une famille aisée. *La solution du problème dépend.

/ La solution du problème dépend de notre attitude. *Mon point de vue coïncide.

/ Mon point de vue coïncide avec le vôtre. Le choix de la préposition est dicté par plusieurs facteurs dont les

traits inhérents du verbe sont déterminants. Il s’agit des traits [+dynamique], [+mouvement] abstrait ou concret, [±orientation].

On constate aussi qu’un même verbe présente des latitudes combinatoires multiples: il peut régir un ou plusieurs compléments prépositionnels, de rection indirecte.

parler parler de qqch./de qqn. parler avec qqn. continuer continuer de faire qqch. continuer à faire qqch. discuter discuter de qqch. discuter avec qqn.

Le complément prépositionnel (GPrép.) peut être réalisé par plusieurs types d’unités linguistiques:

– un GN parler de ses préoccupations parler de ses amis s’attendre à une surprise agréable accuser qqn. de manque de respect – un pronom parler de qqch. en parler parler de qqn. parler de lui

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s’attendre à qqch. s’y attendre accuser qqn. de qqch. en accuser qqn. – un infinitif commencer à parler convaincre qqn. de parler consentir à parler – une proposition convaincre qqn. de ce que P Le classement des compléments prépositionnels peut être fait à

partir du choix de la préposition. On distingue: B. Types de groupes prépositionnels (G.Prép.) (1) Le Complément prépositionnel introduit par le préposition

«à» Ce type de complément est réalisé par: (a) un GN:

Pierre s’associera à son frère pour monter une petite entreprise. Pierre s’intéresse à la linguistique.

Le complément prépositionnel (GPrép.) introduit par la préposition à se distingue du complément d’objet indirect (GN3) dans la pronominalisation. Il maintient la préposition, refusant la pronominalisation du GN par lui, leur. Il se laisse pronominaliser en fonction des traits inhérents du nominal:

– par la forme disjointe du pronom personnel, rattaché au verbe par la préposition à, lorsque le nom est marqué par le trait [+personne]:

Pierre s’asociera à son frère. Pierre s’asociera à lui. Pierre pense à Marie. Il pense à elle.

– par la forme y lorsque le nom est marqué par le trait [-personne]: Pierre s’associera à notre entreprise. Il s’y associera. Pierre pense à ses examens. Il y pense.

Les verbes qui demandent un complément prépositionnel introduit par la préposition à sont du type:

s’associer à qqn., à qqch. adhérer à qqch. s’attaquer à qqn., à qqch. conduire à qqch. se consacrer à qqn., à qqch. croire à qqch. se fier à qqn., à qqch. réfléchir à qqch. se heurter à qqn., à qqch. se soustraire à qqch. s’habituer à qqn., à qqch. satisfaire à qqch.

Je me suis associé à mes amis pour organiser cette manifestation. Je me suis associé à eux pour organiser cette manifestation.

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Je m’intéresse à la linguistique théorique. Je m’y intéresse.

Cette solution satisfait parfaitement aux conditions posées. Cette solution y satisfait parfaitement.

Le complément prépositionnel introduit par la préposition à est régi aussi par des verbes transitifs. Dans ce cas le GV comporte deux compléments: un GN2 et un GPrép. Les verbes qui génèrent cette construction sont du type:

attacher qqch., qqn. à qqn., à qqch. adapter qqch. à qqch. comparer qqn., qqch. à qqn., à qqch. accrocher qqch. à qqch. appliquer qqch. à qqch. mêler qqch., qqn. à qqch. déléguer qqn. à qqch. exposer qqch., qqn. à qqch. entraîner qqn. à qqch. Pierre a accroché le tableau au mur. Il y a accroché le

tableau. L’enfant a attaché le chien à l’arbre. Il l’y a attaché. Les voleurs ont attaché le vieillard à la chaise. Ils l’y ont

attaché. Les policiers ont attaché la femme à son complice. Ils ont

attaché la femme à lui. (b) par un pronom; à part les formes anaphoriques du pronom

personnel (à) lui, (à) elle, (à) eux, (à) elles et y, le GPrép. peut être réalisé aussi par les formes déictiques (à) moi, (à) toi, (à) nous, (à) vous et par les formes des pronoms démonstratifs ou posséssifs:

Je pense souvent à vous. Pierre s’opposera à nous par principe. Les enfants se sont très vite habitués à moi. Pierre a comparé tes tableaux à ceux-ci non pas aux miens.

(c) un infinitif Les principaux verbes qui régissent un infinitif à statut de

complément prépositionnel sont: aimer à + inf. s’acharner à + inf. avoir à + inf. s’obstiner à + inf. chercher à + inf. se borner à + inf.

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consentir à + inf. se limiter à + inf. commemcer à + inf. se décider à + inf. songer à + inf. se mettre à + inf. parvenir à + inf. s’engager à + inf.

En règle générale, l’infinitif n’est pas pronominalisable. Cependant, certains infinitifs, dans le contexte de certains verbes régissants, se laissent pronominaliser par la forme y:

Pierre s’est obstiné à résoudre ce problème. Il s’y est obstiné.

Je me suis décidé à monter une affaire. Je m’y suis décidé.

Pierre songe depuis quelque temps à monter seul une affaire. Il y songe depuis quelque temps.

Les verbes transitifs génèrent un GV à deux déterminants GN2 (réalisé par un GN) et GPrép. réalisé par un infinitif. Le GN2 sera réalisé par un nom qui renvoie à une personne24. Ce sont les verbes du type:

aider qqn. à faire qqch. entraîner qqn. à faire qqch. autoriser qqn. à faire qqch. forcer qqn. à faire qqch. déterminer qqn. à faire qqch. habituer qqn. à faire qqch. décider qqn. à faire qqch. inviter qqn. à faire qqch. encourager qqn. à faire qqch. obliger qqn. à faire qqch. Je l’ai autorisé à prendre la parole à cette réunion. On a obligé Pierre à partir seul.25 (d) une proposition La proposition qui réalise le GPrép. est introduite par la locution

conjonctionnelle à ce que, réduite, dans la plupart des cas, à la seule conjonction que. Les verbes qui régissent cette construction sont les verbes du type:

24 Le GN2 représente, en termes de relations logico-sémantiques, le sujet monté de l’infinitif:

Je l’ai autorisé à prendre la parole à cette réunion. Je l’ai autorier à faire qqch. Il a pris / prendra la parole à cette réunion. 25 A retenir que les verbes forcer et obliger, à la forme passive

demandent l’infinitif introduit par le préposition de (Pierre a été obligé de partir seul)

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aider (à ce) que P se décider (à ce) que P consentir (à ce) que P s’exposer (à ce) que P contribuer (à ce) que P s’habituer (à ce) que P tenir (à ce) que P s’intéresser (à ce) que P veiller(à ce) que P s’opposer (à ce) que P

Tous ces verbes dictent l’emploi du subjonctif dans la proposition complément:

Marie a consenti (à ce) que Pierre l’accompagnât. Le professeur tient (à ce) que nous soyons tous présents.

Certains des verbes cités peuvent se trouver à la forme passive (être accoutumé, être habitué):

Marie a été accoutumé (à ce) qu’elle soit accompagnée dans ses voyages.

(2) Le Complément prépositionnel introduit par le préposition «de»

Les verbes qui réalisent cette structure sont à la voix active ou à la voix pronominale.

Le GPrép. peut être ralisé par plusieurs types d’unités linguistiques: (a) un GN (de+GN) Les verbes qui régissent un compléments prépositionnel introduit

par la préposition de sont du type: abuser de qqch. avoir besoin de qqn., de qqch. se contenter de qqch. se charger de qqn., de qqch. dépendre de qqn., de qqch. se débarasser de qqn., de qqch. discuter de qqn., de qqch. se désinterésser de qqn., de qqch. parler de qqn., de qqch. se moquer de qqn., de qqch. profiter de qqn., de qqch. se nourrir de qqch. Marie dépend encore de ses parents. La solution de ce problème dépend de votre attitude.

Le GPrép. centré sur un nom [+personne] est pronominalisable par les formes disjointes du pronom personnel, rattachées au verbe par la préposition de ( de lui, d’elle, d’eux, d’elles) et par la forme en dans le cas des nominaux comportant le trait [-personne]:

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Marie s’est débarrassée de son poursuivant. Elle s’est

débarrassée de lui. Marie s’est débarrassée de son manteau. Elle s’en est

débarrassée. Auprès des verbes transitifs, le GPrép. apparaît dans le contexte

du GN2; le nominal centre du GPrép. représente la nominalisation d’un infinitif ou d’une proposition:

accuser qqn.de qqch. accuser qqn. de vol accuser qqn. d’avoir volé

menacer qqn. de qqch. menacer qqn. d’exclusion menacer qqn. d’être exclu

(b) un pronom Les formes de pronoms qui rélisent le GPrép. sont des pronoms

personnels anaphoriques ou déictiques, demonstratifs ou possessifs . Marie a parlé de ses amis.

Elle a parlé d’eux. Marie s’est débarrassée de son poursuivant.

Elle s’est débarrassée de lui. Je n’ai plus besoin de tous ces livres.

Je n’en ai plus besoin. Je ne retiens pas tous les livres. Je n’ai besoin que de ceux-ci. Garde tes livres! Je me contenterai des miens.

(c) un infinitif Les principaux verbes qui régissent un infinitif en position de

GPrép. sont les suivants: accepter de +inf. se contenter de +inf. achever de + inf. se dépêcher de + inf. arrêter de + inf. s’étonner de + inf. cesser de + inf. se hâter de + inf. choisir de + inf. se proposer de + inf. commencer de + inf. se souvenir de + inf. Marie regrettait de ne pas avoir téléphoné avant. Pierre s’est proposé d’intervenir auprès de son directeur. Pierre a oublié d’avertir ses parents à temps.

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L’infinitif peut être le seul complément du verbe ou, si le verbe est transitif, il apparaît dans le contexte d’un GN2

26. L’ordre des deux compléments est toujours V + GN2 + de inf. Les verbes qui régissent la construction à double complément sont du type:

accuser qqn de + inf. empécher qqn de + inf. convaincre qqn de + inf. menacer qqn de + inf. dissuader qqn de + inf. prier qqn de + inf. décourager qqn de + inf. retenir qqn de + inf. On l’a accusé de ne pas avoir respecté ses promesses. On l’a dissuadé de partir seul. Je l’ai prié de participer à notre réunion.

L’infinit réalisant le GPrép. est pronominalisable uniquement dans le contexte des verbes à double complément:

Je l’ai retenu de partir. Je l’en ai retenu. Je vous prie d’accompagner Marie jusqu’à la porte. Je

vous en prie. (d) Une proposition La proposition complément prépositionnel est introduite par la

locution conjonctionnelle de ce que, réduite, le plus souvent, à la seule conjonction que. Le choix du mode dans la proposition complément prépositionnel est dicté par plusieurs facteurs dont: le registre de langue et l’intention de focalisation du sujet énonciateur.

Quant au registre de langue, en langue parlée, familière, on emploie le subjonctif (vu l’attraction formelle exercée par le sens du verbe). Dans la langue soignée, écrite, on emploie l’indicatif (le procès / état dénotés par le verbe renvoyant à quelque chose de réel):

Je m’étonne que vous ayez fait cela. Je m’étonne que vous avez fait cela.

Je profite que vous soyez présent. Je profite de ce que vous êtes présent.

La focalisation intervient de la manière suivante: quand le locuteur veut orienter l’attention de son interlocuteur sur le sentiment

26 Le GN2 représente, en structure profonde, le sujet de l’infinitif. Dans la construction complexe de la structure de surface il se laisse interpréter comme le sujet monté de l’infinitif:

On l’a dissuadé de ne pas partir seul. On l’a dissuadé de faire qqch. Il devrait partir seul.

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(l’état de subjectivité) évoqué par le verbe on emploie le subjonctif. Quand il veut insister sur la réalité du procès / de l’état dénotés par le verbe, on emploie l’indicatif:

Je m’étonne que vous ayez fait cela. Je m’étonne que vous avez fait cela.

focus du message focus du message (=le sentiment éprouvé) (=la réalité du fait)

Les verbes qui régissent ce type de déterminant sont: douter (de ce) que P se féliciter (de ce) que P profiter (de ce) que P s’e tonner (de ce) que P être content (de ce) que P se plaindre (de ce) que P se contenter (de ce) que P se réjouir (de ce) que P Je me réjouis (de ce) que nous soyons ensemble. Je me réjouis (de ce) que nous sommes ensemble.

(3) Le complément prépositionnel introduit par une préposition autre que «à» ou «de»

Ce type de complément est réalisé par un GN ou par un pronom, les verbes qui le régissent étant aux voix active, pronominale ou passive. Les prépositions employées le plus fréquemment sont: sur, sous, dans, en, avec, contre, vers.

La jeune fille s’est enfermée dans sa chambre. La conférence de Pierre porte sur les élections. Les affiches électorales sont collées sur des panneaux

aménagés spécialement. Lorsque le verbe est transitif, le GPrép. apparaît dans le contexte

d’un GN2. (GV = V+ GN2+ Prép.) (a) Le GPrép. réalisé par un GN Regroupés selon la préposition, les verbes qui régissent ce type de

complément sont du type: sur + GN donner sur qqch. s’appuyer sur qqch., sur qqn. déboucher sur qqch. se pencher sur qqch., sur qqn. reposer sur qqch. se renseigner sur qqch., sur qqn. tirer sur qqch., sur qqn. se ruer sur qqch., sur qqn. La fenêtre de la chambre donne sur la rue. Sa démonstration repose sur une hypothèse plausible. Les soldats ont tiré sur le bus et sur les passants. Mon point de vue s’appuie sur plusieurs arguments.

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La vieille s’appuyait sur son compagnon. Le voleur s’est précipité sur la veille avant de se précipiter sur

la sortie. appliquer qqch. sur qqch. asseoir qqn., qqch. sur qqch. coller qqch. sur qqch. inscrire qqn., qqch. sur qqch. appuyer qqch. sur qqch. promener qqn., qqch. sur qqch. Certaines personnes collent des étiquettes sur les bagages. La mère a assis l’enfant sur une petite chaise. Inscrire quelqu’un sur une liste. Inscrire un renseignement sur son carnet.

dans +GN consister dans qqch. (= résider dans qqch.) se situer dans qqch. intervenir dans qqch. (= prendre part à qqch.) s’engager dans qqch. persister dans qqch. (demeurer ferme dans une attitude) s’introduire dans qqch. pénétrer dans qqch. s’installer dans qqch. s’enfermer dans qqch. La précision du style consiste dans le choix du mot juste. Pierre a l’intention d’intervenir dans le débat. L’enfant persiste dans son erreur. Pierre s’est engagé dans l’armée. Pour ouvrir une porte, il faut introduire la clé dans la serrure. L’enfant s’est enfermé dans sa chambre. installer qqn., qqch. dans qqch. enfoncer qqch. dans qqch. introduire qqn., qqch. dans qqch. placer qqn., qqch. dans qqch. Pierre a enfoncé le clou dans le mur. Les parents ont installé leur fille dans un petit appartement. Les enfants aiment plonger la main dans l’eau.

en + GN consister en qqch. (= comporter) se changer en qqch.

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croire en qqch. se transformer en qqch. Ce bâtiment consiste en trois appartements. Cette étude consiste en une étude détaillée de la relation de

détermination. Cette maison sera transformée en musée. changer qqch. en qqch. transformer qqch. en qqch. A l’aéroport on peut changer l’argent en monnaie du pays. Changer des dollars canadiens en euros.

avec + GN parler avec qqn. s’assortir avec qqch. causer avec qqn. s’harmoniser avec qqch. coïncider avec qqch. se quereller avec qqn. collaborer avec qqn. se réconcilier avec qqn. Pierre parle avec ses amis. Son point de vue coïncide avec le nôtre. Le bleu s’harmonise avec le vert. Je me suis reconcilié avec mon ami. accorder qqch. avec qqch. harmoniser qqch. avec qqch. combiner qqch. avec qqch. confondre qqch. avec qqch. assortir qqch. avec qqch. comparer qqn., qqch. avec qqn., qqch. En français et en roumain, on accorde l’adjectif avec le nom

qu’il détermine. Dans certaines plates-bandes les jardiniers combinent des

tulipes avec des miosotis. Pierre a comparé sa traduction avec la mienne.

contre + GN protester contre qqn., qqch. se blotir contre qqn. lutter contre qqn., qqch. se heurter contre qqch. voter contre qqn., qqch. se serer contre qqn.

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François 1er a lutté contre l’Empreur d’Autriche. J’ai voté contre le candidat liberal. L’enfant se serrait contre sa mère. appuyer qqch. contre qqch. échanger qqch. contre qqch. appliquer qqch. contre qqch. protéger qqch. contre qqch. Les enfants aiment appuyer le nez contre la vitre. Pierre a échangé des livres contre une caméra.

sous + GN s’abriter sous qqch. passer sous qqch. se cacher sous qqch. Pendant la pluie, les touristes se sont abrités sous la tente. Le chat de Marie se cache sous le lit. abriter qqn., qqch. sous qqch. mettre qqch. sous qqch. cacher qqn., qqch. sous qqch. déposer qqch. sous qqch. La municipalité a abrité les familles sinistrées sous des tentes. L’enfant a caché son livre sous l’oreiller. Pierre a mis son livre sous la lampe.

vers + GN aller vers qqch., qqn. s’élancer vers qqch. se diriger vers qqch., qqn. Chaque matin, les enfants se dirigent vers l’école. En s’envolant, les oiseaux s’élancent vers le ciel. diriger qqn., qqch. vers qqch. orienter qqn., qqch. vers qqch. Les policiers ont dirigé les manifestants vers la préfecture. La police a orienté le convoi vers la sortie de la ville.

(b) Le GPrép. réalisé par un pronom Le pronom qui réalise le GPrép. est soit un anaphorique lui, elle,

eux, elles, soit un déictique moi, toi, nous, vous lorsque le nominal -centre du GPrép. renvoie à une personne.

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La préposition se maintient devant les formes disjointes du pronom personnel.

Pierre parle avec ses amis. Il parle souvent avec eux. Tu ne devrais pas rivaliser avec nous. Le chat de Marie aime se blotir contre moi. Le soldat a tiré sur quelqu’un. Le soldat a tiré sur lui.

Les formes sur lui, sur elle, sur eux, sur elles sont en variation avec les formes lui, leur accompagnées du substitut adverbial dessus:

Le soldat lui a tiré dessus. Lorsque le nom centre du GPrép. comporte le trait [-animé], en

fonction des traits inhérents du verbe et de la nature de la relation qui peut être spatiale ou spatialisée, le pronom peut être:

y – pour l’explicitation de la limite finale: La fenêtre de la chambre donne sur la rue / sur le balcon.

Elle y donne. La clé a pénétré dans la serrure.

La clé y a pénétré. La voiture s’est engagée dans une rue étroite.

La voiture s’y est engagée. dessus, là-dessus – pour expliciter l’idée de supériorité par

rapport à une surface: Le rapport de Pierre porte sur ce problème.

Son rapport porte dessus / là-dessus. Le soldat a tiré sur la cible.

Le soldat a tiré dessus. contre, avec, pour – Ce sont des prépositions qui asumment le

statut de substitut auprès de certains verbes, dans des constructions dont l’emploi est relativement fréquent:

Voter contre quelqu’un. Voter contre.

Se prononcer pour quelque chose. Se prononcer pour.

S’harmoniser avec quelque chose. S’harmoniser avec.

Se séparer de quelqu’un. Se séparer d’avec.

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La construction du complément prépositionnel est marquée par d’autres particularités quant à la combinaison des prépositions (vu l’intersection des coordonnées spatiales ou spatialisées), chaque verbe se présentant comme un ensemble de relations déterminées en égale mesure par le sens du verbe et par la nature des nominaux qui réalisent les compléments27.

27 Pour des détails voir le traité de T. Cristea (Grammaire structurale du

français contemporain) cité ci-dessus et la description que les dictionnaires de langue (Le Petit Robert, Le Dictionnaire du Français Contemporain, Le Lexis, Le Bordas) proposent pour les verbes cités.

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5. LE GROUPE ADVERBIAL (GAdv.) –LES CIRCONSTANTS

Dans la grammaire structurale, le modèle d’analyse en

constituants immédiats, le GAdv. est le constituant immédiat du GPréd. (groupe prédicatif). Il entre en relation de détermination avec le GV, détermination orientée du GAdv. vers le GV.

Le GAdv. n’est pas demandé par le thème du verbe. Il est facultatif.

Du point de vue des relations de contenu, le GAdv. ajoute des informations sur les circonstances dans lesquelles se déroule le procès dénommé par le verbe (le lieu où se passe l’action, le temps, l’attitude du locuteur par rapport à l’action ou à l’état actualisés par le verbe, des relations logiques qui s’établissent entre deux ou plusieurs procès).

L’étiquette sous laquelle ce constituant est décrit dans la grammaire est de complément circonstanciel ou circonstant.

Certains grammairiens, qui prennent en compte le degré de nécesité du circonstant, font, cependant, la distinction entre le complément circonstanciel essentiel du verbe, et le circonstant.

Le complément circonstanciel essentiel, appelé aussi circonstant prédicatif, est un constituant obligatoire demandé par le thème du verbe. C’est le cas des verbes du type: aller à…, se diriger vers…, mettre / poser qqch. sur…:

Mes amis iront au théâtre. Pierre se dirige vers la porte. Pierre a mis son dictionnaire sur la table.

Le fait que les compléments circonstanciels sont obligatoires est confirmé par certaines manipulations syntaxiques, telles: la suppression du circonstant ou son déplacement à l’intérieur de la phrase:

Mes amis iront au théâtre. *Mes amis iront. *Au théâtre, mes amis iront. Pierre se dirige vers la porte.

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*Pierre se dirige. *Vers la porte, Pierre se dirige. Pierre a mis son dictionnaire sur la table. *Pierre a mis son dictionnaire. *Sur la table, Pierre a mis son dictionnaire. Le caractère facultatif des circonstants explique et s’explique par

la mobilité de certains types de circonstants dans la phrase. À opposer (a) et (b):

(a) Il a plu la semaine dernière dans toute la région. La semaine dernière, il a plu dans toute la région. Il a plu dans toute la région la semaine dernière. Dans toute la région, il a plu la semaine dernière. (b) Pierre habite chez ses parents. *Chez ses parents, Pierre habite. Cependant, la position fixe du circonstant dans la phrase ne doit

pas être interprétée comme indice du statut obligatoire du circonstant. Il y a des circonstants qui, sans être obligatoires pour le statut de la phrase, ont une position fixe:

Pierre travaille beaucoup. *Beaucoup, Pierre travaille.

Pierre travaille bien. *Bien, Pierre travaille.

Classes de réalisateurs des circonstants Les circonstants peuvent être réalisés par plusieurs classes de mots: – des groupes nominaux de rection directe:

Dans certaines entreprises on travaille dix ou douze heures par jour.

Mes parents habitent une ville de province. – des groupes prépositionnels:

Je travaille chaque jour de neuf heures à dix-sept heures. Mes parents habitent près de la gare. Mes amis arrivent ce soir par le train de minuit.

– des adverbes: Nous partirons bientôt. Il parle toujours sérieusement.

– des formes verbales non personnelles: Je fais des heures supplémentaires pour gagner plus. Le vieux monsieur marchait en tirant sa jambe malade.

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– des propositions: Pierre s’absente parce qu’il est malade. Il s’amuse tandis que ses parents travaillent.

Dans la classe des adverbes en –ment auxquels s’ajoute d’autres adverbes primaires, il s’impose de distinguer, à partir du critère de l’incidence, les adverbes incidents au verbe, qui sont des constituants du GAdv., et réalisent des circonstants, et les adverbes incidents à toute la phrase qui sont des constituants du C.Prop (de la Modalité), appelés aussi adverbes modalisants. A part l’incidence, les adverbes modalisants se caractérisent aussi par la mobilité à l’intérieur de la phrase. Sémantiquement, ce sont des adverbes d’opinion ou de modalité de la grammaire traditionnelle.

Il n’est probablement pas encore arrivé. Vous avez certainement raison. Vous avez sans doute raison. Ils ne sont peut-être pas d’accord.

Dans la présente description, nous allons distinguer les compléments circonstantiels ou les circonstanciels (sans distinction entre le degré de nécessité) réalisés par des groupes prépositionnels ou des adverbes, constituants de la phrase étendue et, respectivement, de la phrase simple et les propositions circonstancielles, constituants de la phrase complexe (qui ne constitueront pas l’objet de la description).

5.1. Le circonstant de lieu

La localisation spatiale représente un ensemble de coordonnées spatiales qui situent l’objet/la personne par rapport à un repère.

Les oppositions autour desquelles s’organisent la localisation spatiale sont:

• la visée, qui peut être: – visée ponctuelle / visée accompagnante

aller à l’Université / aller le long du mur venir de l’Université / se promener autour du lac

– visée ponctuelle initiale / visée ponctuelle finale partir de l’Université / aller à l’Université s’en aller le plus vite possible / arriver le plus vite possible

• l’orientation: – orientation / non orientation

arriver de Paris / se promener dans le parc partir de Bucarest / danser sur l’estrade

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• la position par rapport au repère: – position coïncidante / position noncoïncidante

être à l’Université / habiter loin de l’Université vivre à Bucarest / habiter près de la gare.

Les facteurs qui participent à la localisation spatiale sont: le verbe, la préposition et le nominal

Le verbe renferme le déplacement et l’orientation. En ce sens il y a: – des verbes [-mouvement] statiques du type: être, se trouver,

habiter, vivre, attendre,…: J’ai été à Rome l’an dernier. Je me trouvais à ce moment-là à Rome. Mes parents habitent à la campagne. Ils y vivent depuis toujours.

– des verbes [+mouvement], [+déplacement], [-orientation], type: se promener, marcher, …:

J’aime marcher dans les rues des vieux quartiers. J’aime me promener dans les champs.

– des verbes [+mouvement], [+déplacement], – [+orientation], type: aller, arriver, atteindre, aboutir, venir,

se diriger,…: La rivière a atteint la cote d’alerte. Allez-y, on vous attend. Pierre arrive demain soir. Il vient de Paris.

La préposition renferme la visée et la limite: à, jusqu’à, de, depuis, en, dans, autour, le long de, par, à travers:

aller à la gare aller jusqu’à la gare venir de la gare connaître qqn. depuis l’enfance se promener autour du lac

Le nominal renferme le trait [+espace/ dimensions spatiales]: aller à la gare se promener autour du lac entrer dans le magasin

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Les différentes coordonnées spatiales se combinent entre elles et il en résulte différents types de localisation spatiale:

(1) la localisation par rapport à une limite simple à visée initiale: – le verbe comporte le trait [+orientation]; – la préposition: de, de chez:

Pierre est parti de l’Université à 18 heures. Pierre a écarté la table du mur et la chaise de la fenêtre. Pierre est parti de chez ses parents hier soir. Je viens de chez Marie.

Certains verbes incorporent la préposition, le repère étant implicite auprès de certains verbes -décoller, décamper, s’en aller– et explicité, facultativement, auprès d’autres verbes – s’enfuir (de), s’éloigner (de), s’envoler (de):

L’avion a décollé à 10 heures. Les touristes ont décampé cette nuit. Je ne peux plus rester. Je m’en vais. Pierre n’a pas eu le courage de vous affronter, il s’est enfui.

Deux élèves se sont enfui de l’école. Regardez! La voiture s’ éloigne vite.

Elle s’est éloignée de lui. L’oiseau s’est envolé.

Il s’est envolé de la branche d’en haut. (2) dans le cas de la limite double: – le verbe est du type: sortir, s’évader, s’échapper – la préposition: de

sortir de la maison s’évader de la prison

(3) la localisation par rapport à une limite simple à visée finale: – le verbe comporte le trait [+orientation]; – les prépositions: à, chez, jusqu’à, vers:

Pierre va à l’Université. Cet autobus va jusqu’à la gare. Ce convoi se dirige vers la Préfecture. Pierre doit aller chez le médecin.

Certains verbes incorporent la préposition, le repère étant implicite ou, parfois explicité:

arriver (à), accourir, atteindre, aboutir (à), atterrir (à): Pierre arrive à Bucarest demain soir. Ce sentier aboutit à la forêt.

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Ils sont vite accourus. L’avion a atterri à l’aéroport de Bucarest.

Ces verbes se combinent aussi avec d’autres prépositions suivant l’intersection des coordonées spatiales:

Pierre est arrivé de Paris hier soir. Ils sont vite accourru devant l’immeuble. L’avion a atterri sur la piste.

(4) dans le cas de la limite double: – les verbes sont du type: entrer, pénétrer, se glisser ou être, se

trouver, vivre – les prépositions sont dans et en: entrer dans la maison Les élèves sont en classes. pénétrer dans la foule Le bateau est en mer. se glisser dans la maison Remarque: Dans la localisation en termes de situation (coïncidence) ou de

direction (visée finale ou visée initiale) lorsque le nominal est un nom de pays, le choix de la préposition est dicté par le genre du nom et par la nature phonétique de l’initiale:

(a) dans le cas des noms masculins commençant par une consonne, on emploie:

– les prépositions à et, respectivement, de contractées avec l’article défini:

• être / aller au Canada, au Mexique, au Congo, au Vietnam, au Chili, aux Etats Unis, au Japon, au Maroc, au Vénézuéla,…

• revenir du Canada, du Méxique, du Congo, du Vietnam,… (b) dans le cas des noms féminins et des noms masculins

commençant par une voyelle ou par une consonne (pays et grandes îles), on emploie les prépositions en et, respectivement, de, suivies du nom sans article:

• être/ aller en France, en Roumanie, en Bolivie, en Iran, en Corse, en Sardigne, en Autriche, en Australie, en Argentine,…

• revenir de France, de Roumanie, de Bolivie, d’Iran, de Corse,…

(c) dans le cas des noms des petites îles (par rapport à la France), on emploie les préposition à et, respectivement, de, suivies de l’article défini:

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• être / aller à la Réunion, à la Martinique, à la Grenade, à la Jamaïque, à l’Ile Maurice.

• revenir de la Réunion, de la Martinique, de la Grenade, de la Jamaïque..

(d) dans le cas de noms des petites îles d’Europe et des noms masculins de grandes îles lointaines, on emploie les prépositions à et, respectivement, de suivies du noms sans article:

• être / aller à Jersey, à Bahrein, à Cuba, à Chypre, à Tahiti, à Porto Rico,…

• revenir de Jersey, de Bahrein, de Cuba, de Chypre,… (5) la localisation par rapport à une limite simple, la relation entre

l’objet/la personne à situer et le repère étant de type supériorité/ infériorité, antériorité / postériorité.

– le verbe a les traits [±déplacement]; – les prépositions sont: sur/ sous, devant/derrière: passer sur le pont / passer sous le pont attendre sur le pont / se cacher sous le pont passer devant l’église / passer derrière l’église être devant la porte / être derrière la porte (6) la localisation par rapport à une limite simple (qu’on peut

franchir), avec la prise en compte de l’espace du locuteur: – le verbe a les traits [±déplacement] – les locutions prépositionnelles sont: en deça de / au delà de:

se promener en deça de la rivière / se promener au delà de la rivière

être en deça de la rivière / être au delà de la rivière (7) la localisation par rapport à un repère et à visée accompagnante: – le verbe est marqué par le trait [+déplacement] – les prépositions et locutions prépositionnelles: le long de,

autour de, à travers: passer par la fenêtre se promener le long de la rivière aller à travers la forêt courir autour de la maison (8) la localisation avec la détermination du parcours; – le verbe est marqué par le trait [+déplacement] – les préposition et locutions prépositionnelles: de / depuis

.…jusqu’à/ à:

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aller de Bucarest à Brasov aller à bicyclette de chez soi jusqu’à l’université aller à pied depuis l’université jusqu’à la maison. (9) la localisation en rapport de coïncidence ou de non coïncidence

avec le repère: – le verbe est marqué par le trait [+statique]; – les prépositions sont: à, chez et respectivement près de, loin

de, à côté de, auprès de: être à la porte habiter chez ses parents habiter près de l’Université habiter à côté de l’Université rester auprès de ses parents Réalisateurs de la localisation spatiale (1) le groupe nominal (GN) de rection directe – dans l’expression de l’asdresse: habiter 12, rue de la Paix habiter Bucarest – auprès de certains verbes: gagner, atteindre, descendre,

monter, traverser, quitter: gagner la rivière

atteindre le sommet de la montagne descendre la pente monter l’escalier traverser la rue (2) Le groupe prépositionnel (GPrép); le choix de la préposition

est dicté: (a) par le type de relation spatiale; – à -limite finale – de -limite initiale – dans -limite double (b) par la nature inhérente du nominal – à, de, vers – N[-personne]

être / aller à l’Université être dans sa chambre venir de l’Université se diriger vers l’Université

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– chez, de chez, vers chez – N[+personne] être/ aller chez Marie venir de chez Marie se diriger vers chez Marie

(3) les substituts: (a) anaphoriques: y, en, devant, derrière, dessus, dessous

aller à l’Université y aller revenir de l’Université en revenir. monter au 1-er étage y monter descendre du 1-er étage en descendre Dans la voiture, les enfants n’ont pas la permission de

s’asseoir devant. Ils doivent s’asseoir derrière. Mettez le livre sur le dictionnaire. Mettez– le dessus.

(b) déictique: ici (renvoie à l’espace du locuteur), là (renvoie à l’espace du destinataire), là-bas, ailleurs, partout (renvoient à l’espace qui n’est ni celui du locuteur ni celui du destinataire).

Restez-ici. Je reviens dans un quart d’heure. Attendez-moi là. J’arrive. Ne restons pas ici. Allons tous les deux là-bas. Cela ne s’est jamais passé ni ici ni ailleurs.

5. 2. Le circonstant de temps

La localisation temporelle est structurée à partir des coordonnées suivantes:

– le point de référence – la position par rapport au point de référence – l’orientation (limite et visée) Le point de référence est déterminant. Il permet de structurer les

deux systèmes de référence temporelle: le système centrique (organisé autour de l’espace/temps du locuteur) et le système allocentrique ou du récit / discours rapporté (organisé autour d’un espace/temps autre que celui du locuteur).

Aujourd’hui tout va bien. / A cette époque là tout allait bien. Cette année la récolte est bonne. / L’année passée la récolte a été

mauvaise. / L’année prochaine la récolte

sera meilleure.

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La position par rapport au poit de référence permet d’établir les relations de simultanéité ou de non simultanéité (antériorité ou postériorité) entre le procès et le repère.

Relations temporelles dans le système centrique Aujourd’hui Pierre est avec nous. – simultanéité avec le présent

(moment de la parole) Hier Pierre a été seul. Il était chez lui.– antériorité par rapport au

moment de la parole. Demain Pierre sera à Bucarest. – postériorité par rapport au

moment de la parole. Relations temporelles dans le système allocentrique – point de

référence dans le passé Ce jour-là Pierre était avec nous. -simultanéité avec un moment

dans le passé. Pendant le repas Pierre a été triste – simultanéité avec un

événement situé (par la forme verbale) dans le passé. La veille Pierre avait été à l’Université -antériorité par rapport

au repère dans le passé. Avant le départ, Pierre a visité ses parents -antériorité par rapport

à un événement situé dans le passé. Le lendemain Pierre serait avec ses amis – postériorité par rapport

au repère dans le passé. Après le repas, Pierre viendrait avec nous au stade. – postériorité

par rapport à un événement dans le passé. Relations temporelles dans le système allocentrique – point de

référence dans le futur Ce jour là Pierre sera avec nous. – simultanéité avec un moment

dans le futur. J’espère que pendant le voyage, Pierre ne sera plus triste. –

simultanéité avec un événement situé dans le futur. La veille Pierre sera seul – antériorité par rapport au repère dans

le futur. Avant le départ, Pierre visitera ses parents. -antériorité par

rapport à un événement situé dans le futur. Le lendemain Pierre sera avec ses amis – postériorité par rapport

au repère dans le futur. Après le départ, Pierre sera en sécurité – postériorité par rapport

au repère dans le futur.

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L’axe de l’orientation donne des indications sur la limite initiale et, respectivement, sur la limite finale de la durée occupée par le déroulement du proces:

La réunion a commencé à 10 heures. / La réunion a duré jusqu’à 14 heures.

Il a commencé à travailler dès (depuis) le matin. / Il a continué à travailler jusqu’au soir/

A partir de 10 heures les audiances ont été suspendues. / Les audiances ont été suspendues jusqu’à 14 heures.

Classes de réalisateurs du circonstant temporel Le circonstant temporel peut être réalisé par plusieurs classes de

mots: (1) le groupe nominal (GN): (a) GN de rection directe

Pierre part ce soir. Il reviendra le mois prochain.

(b) GN de rection indirecte: Pierre arrive à 6 heures. A cette époque– là Pierre était très jeune. Dans trois jours nous arriverons à destination.

(2) le substitut adverbial: Aujourd’hui il fait beau. Demain il fera encore plus beau.

(3) une proposition: Quand il arrivera, je serai déjà loin. Je finirai avant qu’il rentre.

(4) une forme verbale non personnelle: En écoutant cette chanson, il s’est rappelé son adolescence. Les vacances finies, il s’est mit à travailler.

Types de localisation temporelle La localisation temporelle peut indiquer le moment où a lieu

l’action, la durée de l’action, la relation de succession. (1) la localisation qui précise le moment peut être auto-definie

(1.1.) (l’expression de la date chiffrée complète) ou définie (1.2.) (par rapport à un point de référence).

(1.1.) L’expression de la date • La date explicite est exprimée par le jour, le mois, l’année:

Le lundi 20 mars 2007.

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L’article n’est pas obligatoire devant la date si le jour est exprimé: Le lundi 20 mars 2007. ou Lundi 20 mars 2007.

L’article est supprimé si la date est en apposition à une autre expression du temps:

Ce jour-là, 20 mars 2007. L’article est obligatoire si le jour n’est pas exprimé:

Le 20 mars 2007. • Le jour de la semaine seul, employé sans article, indique un jour

proche du moment de la parole: Lundi, nous sommes allés au théâtre. (le dernier lundi)

Employé avec article, le jour de la semaine peut indiquer un jour éloigné du moment de la parole ou une action qui se répète:

Le lundi de cette semaine-là, nous sommes allés au théâtre. Le lundi nous allons au cinéma.

Devant les noms des mois on emploie soit la préposition en soit la préposition à:

En été, il fait très chaud dans cette région. En automne, il pleut souvent. En hiver, il fait très froid. Au printemps, le temps est capricieux.

(1.2.) L’expression du moment par raport à un point de référence est réalisée par des adverbes ou des substituts adverbiaux qui évoquent soit le moment, soit la période qui inclut ce moment ou qui en est antérieure ou postérieure.

A.Localisation par rapport au moment de la parole (moment du locuteur) – système centrique:

en antériorité en simultanéité en postériorité hier aujourd’hui demain hier matin ce matin demain matin hier à midi aujourd’hui à midi demain midi hier soir ce soir demain soir avant-hier après-demain il y a trois jours dans trois jours alors maintenant28 alors autrefois actuellement jadis à présent

28 Les substituts déictiques maintenant et à présent marquent la

simultanéité avec le moment de la parole lorsqu’ils sont employés dans le contexte d’une forme verbale au présent de l’indicatif.

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à ce moment(-là) en ce moment à ce moment(-là) la semaine dernière cette semaine la semaine prochaine B. Localisation qui situe le procès à un moment autre que celui du

locuteur. Il se peut que le repère coïncide chronologiquement avec un autre moment ou une période exprimés dans l’énoncé:

En mars 2007 il a neigé pour la dernière fois. À ce moment -là j’étais à la montagne.

J’irai en vacances en juin. À ce moment-là je serai à la mer. Localisation par rapport à un moment autre que le moment du

locuteur – système allocentrique: en antériorité en simultanéité en postériorité la veille alors le lendemain ce jour(-là) à ce moment (là)29 à cette époque(-là) l’avant-veille le surlendemain le jour d’avant le jour d’après le jour précédant le jour suivant il y avait trois jours trois jours après la semaine d’avant la semaine d’après la semaine précédante la semaine suivante deux jours plus tôt deux jours plus tard (2) La localisation précise la durée Ce type de localisation est réalisée par un groupe nominal à statut

de complément circonstanciel accompagné ou non d’une des prépositions pendant, dans et en.

– Lorsque la durée est chiffrée la préposition pendant n’est pas obligatoire:

Pierre a dormi deux heures / pendant deux heures. Pierre s’est absenté de Bucarest trois ans / pendant trois ans. – Lorsque la durée n’est pas chiffrée l’emploi de la préposition est

obligatoire:

29 Le substitut à ce moment(-là) indique, en opposition avec en ce

moment, un moment situé en antériorité par rapport au moment de la parole ou un moment sur l’axe du récit. La particule de distance là peut marquer l’idée de moment allocentrique

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Pierre a dormi pendant le voyage. (une ou deux heures) Pierre a dormi dans la matinée. (une ou deux heures dans la

matinée) Je vous téléphonerai dans la journée. (à un moment donné de

la journée) – La durée continue est exprimée à l’aide de l’indéfini de totalité

tout et ses variantes: Pierre a travaillé toute la matinée.

– La préposition en exprime le temps nécessaire à la réalisation d’une action:

Pierre a fait cette traduction en deux heures. – La préposition depuis introduit une certaine durée en insistant

sur le début de la période: Pierre est avec nous depuis le mois de mai. Pierre dort depuis une heure. Les relations temporelles peuvent être actualisées aussi par

d’autres constructions, à savoir: – une nominalisation

Vous allez préparer vos bagages avant mon arrivée. relation d’antériorité

Vous allez préparer vos bagages jusqu’à mon arrivée. relation d’antériorité

Après son départ, les enfants sont allés se coucher. relation de postériorité

– la forme de gérondif du verbe «attendre» + nominal Vous allez préparer vos bagages en attendant mon retour.

relation de simultaníté – un infinitif introduit par “ avant de…”, “en attendant de…”,

après… Pierre a répété plusieurs fois son discours avant de prendre la

parole. relation d’antériorité Pierre a répété plusieurs fois son discours en attendant de

prendre la parole. relation de simultaníté Après avoir fini sa traduction, Pierre s’est installé devant la

télé. relation de postériorité – un participe passé La traduction finie, Pierre a pu se reposer.

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5.3. Les caractérisants du procès

(1) Le circonstant de quantité/La détermination quantitative du procès

La détermination quantitative du verbe (la quantification du procès) peut être explicite ou implicite.

Dans la quantification explicite, le rapport entre les unités considérées les unes par rapport aux autres est établi sur une échelle de gradation:

Pierre est plus sérieux que son ami. Pierre est aussi sérieux que son ami. Pierre est moins sérieux que son ami. Pierre et son ami sont les termes, les unités comparées l’une par

rapport à l’autre. Plus, aussi, moins (sérieux) représentent la quantification de la

qualité d’être sérieux. La quantification explicite est structurée linguistiquement dans

une phrase complexe (appelée aussi phrase moléculaire décrite sous l’étiquette de Comparaison.).

La quantification implicite comporte des degrés centrés autour des oppositions suivantes:

• grande quantité /vs./ petite quantité Pierre travaille beaucoup. / Pierre travaille peu.

• quantité suffisante /vs./ quantité insuffisante Pierre travaille assez (suffisamment). / Pierre ne travaille pas

assez (suffisamment) • limite quantitative supérieure /vs./ limite quantitative inférieure

Pierre travaille trop. / Pierre traville tout juste pour ne pas se faire renvoyer.

• quantité totale /vs./ quantité partielle Pierre a tout rangé. / Pierre n’a rangé qu’une partie des livres.

Les éléments quantifiés peuvent être des procès (des verbes) et des qualités / états (des adjectifs):

Pierre travaille beaucoup. Pierre souffre beaucoup. Pierre est très malade.

En termes de classe de mots, les réalisateurs de la détermination quantitative sont des adverbes et des structures adverbiales.

Répartis selon les types de quantification on identifie:

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(a) pour la grande quantité, les adverbiaux: • beaucoup (pour les verbes):

– travailler, manger, écrire, lire beaucoup; – s’amuser, danser, courir un peu; – dormir, manger, parler peu;

• très (dans les locutions verbales et auprès des adjectifs): – avoir très faim, soif, peur, mal, sommeil, envie, tort; – faire très attention, se faire très mal; – être très aimable, gentil, triste, malheureux, heureux, sensible

• tant, tellement (pour les verbes), dans les phrases exclamatives:

– souffrir, pleurer, maigrir tant, tellement • fort (pour les verbes et pour les adjectifs):

– parler, douter, souffler, tousser, serrer (très) fort; – être fort triste, riche, occupé, aimable;

• si, bien, extrêmement (pour les adjectifs): – être si, bien, tellement aimable, gentil, furieux, sévère, triste;

(b) pour la petite quantité: • peu (pour les verbes):

– manger, boire, parler, travailler peu; • peu à peu (pour les verbes):

– grandir, avancer, progresser peu à peu; • petit à petit (pour les verbes):

– s’adapter, s’accomoder, oublier, se rappeler petit à petit; Remarque: A ne pas confondre les quantitatifs peu et un peu. Peu exprime la quantité insuffisante:

Il travaille peu et a de mauvais résultats. Il lit peu, ça ne suffit pas.

Un peu exprime la petite quantité: Le malade a mangé un peu. C’est bien.

(c) pour la quantité suffisante: • assez (pour les verbes et les adjectifs):

– parler, lire, travailler, attendre assez; – être assez triste, désorienté, mécontent, content, aimable;

• suffisamment (pour les verbes et les adjectifs); – parler, lire, travailler suffisamment; – être sufisamment fatigué pour s’arrêter; …informé pour

répondre à ces quesations;

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(d) pour la quantité totale: • tout (pour les verbes):

– faire, écrire, lire, comprendre tout; • totalement, complètement, entièrement (pour les adjectifs):

– être totalement, entièrement, complètement épuisé, édifié, vendu; (e) pour la quantité partielle: • en partie, partiellement, à moitié, à demi (pour les verbes et

pour les adjectifs): – résoudre, emballer, expédier, vendre, reconditionner,

reconstruire en partie, partiellement,… (2) Le circonstant de manière Le circonstant de manière ajoute à l’information transmise par le

couple sujet-verbe des informations sur la nature et les caractéristiques du procès dénoté par le verbe. On l’identifie en posant au verbe la question comment…?

Les informations introduites par le circonstant de manière portent sur:

– la qualité du procès: Pierre parle bien / mal – l’intensité du procès: Pierre parle fort / bas. – le rythme: Pierre parle vite/ lentement . – la manière de déroulement du procès:

Pierre parle en bégayant. Pierre marche à petits pas. Pierre marche en boîtant.

– l’attitude du locuteur pendant le déroulement du procès: Pierre marche les mains dans les poches. Pierre est entré en souriant. Pierre est parti mécontent. Classes de réalisateurs du circonstant de manière: (a) les adverbes primaires et les adverbes dérivés par le suffixe -

ment: – bien, mal, vite; – rapidement, lentement, sérieusement, etc. parler, travailler bien / mal marcher vite / lentement parler sérieusement réagir confusément se débrouiller difficilement

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(b) des adjectifs employés adverbialement: bas, bon, chaud, cher, clair, court, doux, droit, faux, froid, juste, net; certains de ces adjectifs sont doublés de la forme adverbiale en -ment, les deux formes étant sélectées préférentiellement par le verbe et/ ou ayant des sens différents:

parler bas (=à voix basse) / agir, se venger, penser bassement

(=d’une manière indigne) voler bas (= à faible hauteur) sentir bon (= de manière agréable)

/ avouer, dire (tout) bonnement qqch.(=avec simplicité)

avoir, faire (très) chaud / être vêtu chaudement (=de manière à conserver la chaleur) applaudir, féliciter chaudement (= avec chaleur, avec animation)

voir, parler clair (=sans réticence, sans détour) / voir, distinguer, expliquer, raconter clairement (= de manière claire)

(c) des groupes nominaux prépositionnels. Les prépositions les plus fréquemment emplyées sont: à, de, avec, sans, en, par:

– aller à pied – acheter à crédit – parler à voix basse – marcher à petits / à grands pas; – regarder d’un air triste – faire qqch. d’un air mécontent; – agir avec / sans courage, enthousiasme, intérêt – attendre en silence – travailler en équipe – obtenir qqch. par la force, par la douceur, par les négociations – envoyer une lettre, un colis par la poste – tenir le couteau par le manche

Certains groupes prépositionnels sont devenus des expressions figées et manifestent des restrictions de combinaison avec le nom déterminé:

– boire à petits coups – marcher à grand-peine, à pas de géant, à pas de tortue

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– parler à coeur ouvert – suer à grosses gouttes – regarder à la dérobée – travailler d’arrache-pied – juger d’un coup d’oeil

A côté des prépositions simples qui introduisent le groupe nominal à fonction de caractérisant, il y a des locutions prépositionnelles: à la manière, façon, mode de…, à l’insu de…, au gré de…, à l’envers de…

(d) le groupe nominal de rection directe. Ce réalisateur réalise le complément d’attitude:

– marcher la tête haute, les mains dans les poches – se tenir, manger, fumer les coudes sur la table (e) le gérondif; cette forme verbale réalise un circonstant qui

exprime soit la manière de déroulement du proces soit l’attitude du locuteur pendant la réalisation du procès:

– parler en criant – tromper qqn. en abusant de sa crédulité – fixer qqch. en posant des agrafes – s’adresser à qqn. en souriant – entrer en pleurant

– quitter la pièce en claquant la porte (f) l’infinitif introduit par la préposition sans; il s’agit, dans ce

cas, de la négation de la caractéristique introduite par le gérondif: – parler en articulant nettement toutes les syllabes des mots

/ parler sans articuler nettement toutes les syllabes des mots

– parler en criant /essayer de parler sans crier

– parler à qqn.en le regardant / parler à quelqu’un sans le regarder

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