88 Camus La Peste

7/25/2019 88 Camus La Peste

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Andr Durand prsente

La peste(1947)

roman dAlbert CAMUS

(320 pages)

pour lequel on trouve un rsum

puis successivement lexamen de :

la gense (page 4)

lintrt de laction (page 7)

lintrt littraire (page 0)

lintrt documentaire (page 3)

lintrt ps!c"ologique (page 7)

lintrt p"ilosop"ique (page 2#)

la destine de l$uvre (page 34)

Bonne lecture

1
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%remire partie

&e narrateur se propose de relater le plus 'idlement possile les curieux vnements* qui se sontproduits en 194.., Oran*+ en ,lgrie- .n /our davril+ le docteur 1ieux dcouvrit le cadavre dun ratsur son palier- &e concierge+ monsieur ic"el+ pensa que de mauvais plaisants samusaient dposerces cadavres de rats dans son immeule- midi+ 1ieux accompagna la gare son pouse qui+malade+ partait se soigner dans la montagne- 5e plus en plus de rats sortaient de leurs cac"ettes et

venaient mourir dans les lieux pulics- 6uelques /ours plus tard+ lagence de presse1ansdoc annona que plus de six mille rats avaient t ramasss le /our mme- &angoisse saccrutdans la ville- 6uelques personnes mirent des rcriminations contre la municipalit- %uis+soudainement+ le nomre de cadavres de rats diminua+ les rues retrouvrent leur propret+ la ville secrut sauve- ais monsieur ic"el+ le concierge de limmeule de 1ieux+ toma malade- &e mdecinessa!a de le soigner+ mais sa maladie saggrava rapidement et il ne put rien 'aire pour le sauver :ganglions distendus+ tac"es noir8tres sur les 'lancs+ il 'ut emport par une 'ivre 'oudro!ante+succomant un mal violent et m!strieux- 5autres "aitants 'urent 'rapps et moururent leur tour+en nomre croissant-1ieux 'ut sollicit par 9rand+ un modeste emplo! de la mairie+ qui venait dempc"er un certainottard de se suicider pour des raisons inconnues-1ieux consulta ses con'rres- &un deux+ le vieux astel con'irma ses soupons : il sagissait ien de

la peste- 1ieux rclama des pouvoir pulics une action nergique contre la contagion- ,prs quelquesatermoiements+ la mi;mai+ ltat de peste 'ut proclam- &a ville 'ut isole- 5es mesures svresrglrent la vie des "aitants+ peu peu assu/ettis aux privations+ lennui et langoisse-

5euxime partie

La peste fut notre affaire tous* note le narrateur- &a ville sinstalla peu peu dans lisolement qui+avec la peur+ modi'ia les comportements collecti's et individuels- &es "aitants prouvrent desdi''icults communiquer avec leurs parents ou leurs amis qui taient lextrieur-


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?roisime partie

,u c$ur de lt+ lpidmie redoula- ?arrou expliqua son attitude : il tait le 'ils dun avocat gnral qui avait osdemander la tte dun homme vivant* F cela avait 'ait de lui un rvolt qui avait dcid de ntre

/amais du cCt des meurtriers F qui+ du de la rvolution+ se voulait un saint la#$ue*- %uis ils seaignrent dans la mer-

,vec dcemre+ survinrent de grands 'roids sans que la peste rel8c"8t son treinte- GoHl+ 9rand+

qui stait puis mener sa vie pro'essionnelle+ son activit nvole et son laeur priv+ qui taitaussi tortur+ en dpit du temps coul+ par le souvenir de son on"eur perdu+ toma malade et on lecrut perdu- ais il gurit sous le''et dun nouveau srum- &a peste commena reculer et des ratsvivants apparurent-

inquime partie

,u mois de /anvier+ les statistiques des dcs commencrent aisser+ les cas de gurison semultiplirent- &e 2I+ les autorits purent considrer lpidmie comme termine et annoncerlouverture des portes pour une date proc"aine- &allgresse revint dans les c$urs-ais le 'lau 'it encore des victimes : le /uge @t"on puis ?arrou- &a mre de 1ieux proposa de legarder la maison sans tenir compte des rglements-


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@n apprend lidentit du narrateur : cest 1ieux qui a voulu relater ces vnements avec la plusgrande o/ectivit possile-


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qui prouvait un seul "omme devenant collecti'+ la r'rence la peste ne servit plus seulement pourlui voquer notre vulnrailit devant l"ostilit des c"oses F elle marqua aussi notre dsarroi devantleur inintelligiilit-


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,u mois de novemre+ les ,llis darqurent en ,lgrie et au aroc et+ du coup+ il se vit olig derester en =rance+ se trouva spar+ pour une priode ind'inie+ de sa 'amille+ vcut exil * - &es!mole de la peste lui permettait de gnraliser la porte dune exprience personnelle qui servit depoint de dpart ses r'lexions- 7n prati$ue+ crit;il dans ses carnets+ il n&y a $ue !es hommesseuls !ans le roman*+ et il songe un moment 'aire de la sparation le gran! th*me !u roman*-Ln /anvier M43 tait ac"ev un manuscrit o>+ les vnements vcus tant venus largir le dramevcu par Otp"an+ accentuer l"umour grinant qui naissait du contraste entre la cruaut du mal et

linconsquence des victimes+ le pdagogue sentimental disparut avec ses dats intimes- @u plutCtsa personnalit clata pour se rpartir en divers personnages : 9rand+ ?arrou+ 1ieux+ et mmeottard- ,pparaissait un personnage nouveau+ le /ournaliste 1amert+ qui empruntait plusieurs traitsp"!siques et quelques traits moraux au /ournaliste &e!naud+ avec qui amus avait nou &!on uneamiti 'raternelle F il se voulait daord tranger la ville endeuille+ mais ralliait ensuite le''ortcommun- &$uvre+ ainsi oriente+ c"angea de prsentation- %ar discrtion+ lauteur se''aait devantun narrateur* qui+ de son cCt+ sastenait de dire /e * et rvlait seulement la 'in du rcit quilest le personnage principal- &es analogies taient su''isamment videntes+ qui existaient entre lescirconstances cres dans la ville d@ran par la peste et celles cres par lenva"isseur dans les pa!soccups-

; la lecture+ en M4+ de K%oy 6ic8%%dTerman elville+ livre qui 'it une trs 'orte impression sur

amus et exera une in'luence sur la manire dont il a trait son su/et-


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; des ouvrages dimagination+ la peste+ allgorique ou vraie+ a!ant tou/ours "ant les pa!sageslittraires : la Pile F %Le !camron de Poccace+ ouvrage qui tait n de la peste de 34# =lorence F les deux K(apitoli satiriques de Perni qui+ sous couleur de c"anter les mrites de la peste+dnoncrent la l8c"et "umaine F la pice inac"eve de Qleist+ K%?oert Fuiscar!, !uc !es'orman!s%%+ dans laquelle la puissance dun c"e' arare est contrecarre par la puissance du 'lau FK%Le festin pen!ant la peste%%de %ouc"Rine qui voque la catastrop"e survenue &ondres en VVI FK%Les fiancs%% deanDoni o> svit la peste ilan- Ln revanc"e+ dautres rcits+ quil mentionna dans

ses notes+ comme ceux dTenr! de on'reid ou de SacR &ondon+ ne semlent pas lui avoir laissdimpressions vivaces- &"!pot"se+ avance par divers critiques+ dun emprunt important un livredun auteur italien+ aria;1aoul 5e ,ngelis+ paru en /uillet M43+ K %La peste a Arana%%+ ne trouve pas de

/usti'ication : en dpit de certaines ressemlances (par exemple+ les conditions du dclenc"ement delpidmie et le rCle des rats)+ les deux rcits ont des orientations trs di''rentes-


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&a c"ronique rapporte les premires mani'estations+ les progrs et+ 'inalement+ la disparition de lapeste- 5u printemps l"iver+ laction oit une progression savamment calcule- .n examen tantsoit peu attenti' de la structure du livre nous rvle que amus a organis le compte rendu de cestrois tapes de lpidmie selon des proportions trs savamment dtermines- la ville est rendue la vie+nous vo!ons les esprits se dtendre+ les gens retourner linsouciance et la rec"erc"e des plaisirs'aciles : dtente dont nous comprenons sans peine leur esoin aprs la dure preuve+ mais que ledocteur 1ieux ne peut pas oserver sans un certain regret+ car il est seul en reconnaBtre le caractrencessairement provisoire-

ette structure en cinq parties qui sont autant dactes apparente le roman une tragdie classique+ce qui ne doit pas tonner puisque amus+ acteur+ metteur en scne+ dramaturge+ tait 'ru det"8tre- ette "istoire+ o> ltre "umain+ soumis un 'lau+ aandonn son destin+ est souslemprise de la terreur+ est ien une tragdie- &a ville en'erme devient un lieu tragique-&e dut est 'ascinant par sa rutalit- %uis le droulement devient monotone et le demeurelongtemps+ la lutte opini8tre contre la maladie ne donnant pas lieu des actions dclat : M cetgar!, le narrateur sait parfaitement comien il est regrettale !e ne pouvoir rien rapporter ici $ui soitvraiment spectaculaire, comme par exemple $uel$ue hros rconfortant ou $uel$ue action clatante,

pareils ceux $u%on trouve !ans les vieux rcits. (%est $ue rien n%est moins spectaculaire $u%un flauet, par leur !ure m"me, les gran!s malheurs sont monotones. 6ans le souvenir !e ceux $ui les ontvcues, les ournes terriles !e la peste n%apparaissent pas comme !e gran!es flammesinterminales et cruelles, mais plutNt comme un interminale pitinement $ui crasait tout sur son

passage-* (page VV)-


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contre le mal et la monotonie du mal lui;mme+ certains passages cependant ont un relie' particulier+certaines notations sont comiques (au su/et de 9rand) ou ironiques+ certaines scnes sontpoignantes :; lapparition et la mort des rats F; le rappel des grandes pestes de /adis ( pages 4;42) F; le pr"che vhment* du pre %aneloux qui impose la prsence de lange de la peste et celle du'lau (pages M;MI)+ ange nouveau voqu pour la mort de ?arou : (e !ur comat avec l%ange !e

la peste !evait !urer us$u% l%aue- * (page 2I7) F; la reprsentation d%Orphe et 7ury!ice%%au grand t"8tre d@ran qui est interrompue par lirruptionde la peste sur la scne+ lacteur qui /oue @rp"e ! mourant 'ace au pulic (pages #2;#3) F; la description des enterrements F; la mort de len'ant du /uge @t"on (pages MI;M#) F; la conversation et le ain de 1ieux et ?arrou qui c"appent un soir la peste- (pages 220; 232) F; la mort de ?arrou (pages 2IV;2V2) F; la vision unanimiste d@ran lir (pages 2V7;270) F; la crise de 'olie de ottard qui rappelle les dernires squences du 'ilm de arcel arn+ K %Le our sel*ve%%(M3M)-

,lors que le su/et lui o''rait la possiilit de scnes dc"irantes+ amus resta trs mesur+ unoservateur o/ecti' et 'roid comme lexigeait la c"ronique-

omme une tragdie+ le roman est soumis aux trois units de lieu+ de temps et daction- &e 'lau+lment central du drame+ surgit+ se dveloppe+ disparaBt dans une enceinte limite et dans lespacede quelques mois-&enceinte est la ville d@ran qui+ en'erme dans ses murs+ entoure de gardes+ tournant le dos lamer (qui o''re un re'uge contre la peste+ reprsente la communion de ltre "umain avec la nature) estcoupe du monde- Oes "aitants sont prisonniers !e la peste*+ et amus+ pour qui la perte de laliert est un des pires mal"eurs qui puissent 'rapper ltre "umain+ avait daord song ce titre- &asquestration de ses personnages permet un auteur de les tudier en vase clos *+ cest;;diresans que la moindre in'luence extrieure puisse se 'aire sentir (un peu comme un iologiste tudieraitune culture de micro;organismes)- Opars des tres qui leur sont c"ers+ ne pouvant plus c"apper leur situation+ dcouvrant que leur mmoire nest daucun secours+ les @ranais sont tout coup

placs dans un dnuement extrme qui les 'orce appr"ender lucidement leur existence- ,u;del+cette rclusion est s!molique de limpossiilit dc"apper la condition "umaine+ illustre le 'ait quenous sommes d'initivement en'erms dans notre existence- &a structure du roman paraBt donc treintimement lie une des principales intentions de lauteur : amener les @ranais+ et le lecteur lui;mme dans la mesure o> il sidenti'ie eux+ reconnaBtre que la peste+ dont une des signi'icationsest la notion dexistence en gnral+ est notre affaire tous* (page V7)+ nous concerne tous*(pages #4+ M0)+ est l%affaire !e chacun et chacun !evait faire son !evoir- * (page 4V) ou+ dans lestermes de ottard tout le mon!e est !ans le ain- * (page 7#)-

&a c"ronologie est tout 'ait linaire+ et simpose un temps !e la peste* dont la dure paraBt tre+ quelques semaines prs+ exactement dune anne (cest le V avril que le docteur 1ieux oserve lepremier rat et les portes de la ville se rouvrent l&aue !&une elle matine !e fvrier* : nous

sommes une vingtaine de pages de la 'in du roman)-

&e point de vue est tout 'ait o/ecti'+ amus a!ant non seulement voulu une c"ronique mais masqulidentit du narrateur qui sastient de dire /e *+ a ten!u l%oectivit* (page VV)+ se veut tmoin oectif* ('onction d'inie pages 273;274)- Oimple oservateur au langage neutre+ il livre auxlecteurs les vnements sous leur 'orme rute+ en rend compte sans c"erc"er les rorganiser+ sere'use /uger+ se''ace mme plusieurs 'ois pour reproduire une autre c"ronique+ celle des carnets de?arrou-


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somme ils n&taient pas forcs !e former- * ; Pour "tre un tmoin fi!*le, il !evait rapporter surtoutles actes, les !ocuments et les rumeurs. ais ce $ue personnellement, il avait !ire, son attente, sespreuves, il !evait les taire- * ; ue chacun, m!ecin ou non, se prononce selon ses capacits surles origines proales !e ce mal, sur les causes $ui ont pu occasionner une pareille perturation, eme contenterai !&en !crire les caract*res et les symptNmes capales !e faire !iagnosti$uer le mal aucas o il se repro!uirait- * il stait donn le rCle de tmoin-

5u 'ait de la soumission stricte au point de vue du narrateur+ nous ne pouvons+ mme sil estminutieux et disert+ prendre une connaissance panoramique de lensemle de la situation : de ce quila vu ou de ce quon lui a dit+ il ne retient que ce qui rpond ses desseins+ et cette sensiilit lectivedonne aux taleaux+ rcits et commentaires+ la 'aveur dune rare conomie de mo!ens+ uneremarquale unit de 'ond- @n peut sans doute dcouvrir plus de remarques ironiques au dut dulivre et plus de considrations p"ilosop"iques vers la 'in+ mais cette variation de tonalit correspond lvolution mme du narrateur et au c"angement datmosp"re dans la ville+ mesure que saccuse lapression du 'lau F elle introduit dans la composition un e''et de progression naturel et prenant-&e narrateur ne rvle qu la 'in quil est le personnage principal (do> auparavant des p"rases tellesque celle;ci : On permettra au narrateur !e ustifier l%incertitu!e et la surprise !u !octeur*+ page 40)+selon un procd utilis par 5ostoEevsR! dans K %Les poss!s%%(qui dutent ainsi : ,!ant entreprisde dcrire les vnements si tranges qui survinrent rcemment dans notre ville (o> rien de

remarquale ne stait pass /usqu ce /our--- *+ ce qui ressemle tout 'ait aux premires p"rasesde K%La peste)- e s!stme cr!ptograp"ique ne vise pas piquer la curiosit : il rpond au soucidlicat de rduire la part des lments personnels dans un tmoignage dont le mrite essentiel restecependant dtre direct-

&e grand soin que amus avait mis structurer le roman se retrouve en ce qui concerne lcriture-


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@n ! remarque des expressions originales : le vieil 7spagnol* ast"matique a un soufflecaillouteux * (page 7)-amus lance des traits dironie+ ce qui 'ait dailleurs que son roman+ plus dun endroit+ rappelle


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tran$uille et somre, les comats !e torches !ans la nuit crpitante !&tincelles et !&paisses vapeursempoisonnes montant vers le ciel attentif.* (pages 42;43)-; Le sentiment !e l%exil* impose ces fl*ches rJlantes !e la mmoire* (page 7)-; &es tres spars sont des omres errantes $ui n%auraient pu pren!re force $u%en acceptant !es%enraciner !ans la terre !e leur !ouleur* (page 72)-; &es @ranais suissent ces vacances insupportales* (page 72)-; @ran est soumise au couvre;'eu : La ville tait !e pierre. -ous les ciels !e lune, elle alignait ses

murs lanch+tres et ses rues rectilignes, amais taches par la masse noire !&un arre, amaistroules par le pas !&un promeneur ni le cri !&un chien. La gran!e cit silencieuse n&tait plus alors$u&un assemlage !e cues massifs et inertes, entre les$uels les effigies taciturnes !e ienfaiteursoulis ou !&anciens gran!s hommes touffs amais !ans le ron/e s&essayaient seules, avecleurs faux visages !e pierre ou !e fer, vo$uer une image !gra!e !e ce $ui avait t l&homme.(es i!oles m!iocres trNnaient sous un ciel pais, !ans les carrefours sans vie, rutes insensiles $uifiguraient asse/ ien le r*gne immoile o nous tions entrs ou !u moins son or!re ultime, celui!%une ncropole o la peste, la pierre et la nuit auraient fait taire enfin toute voix- * (page IM)-; Kl fau!rait !e nouveau vo$uer ces ternels soirs !ors et poussireux, $ui tomaient sur la citsans arres, pen!ant $u&hommes et femmes se !versaient !ans toutes les rues. (ar, trangement,ce $ui montait alors vers les terrasses encore ensoleilles, en l&asence !es ruits !e vhicules et !emachines $ui font !&or!inaire tout le langage !es villes, ce n&tait $u&une norme rumeur !e pas et !e

voix sour!es, le !ouloureux glissement !e milliers !e semelles rythm par le sifflement !u flau !ansle ciel alour!i, un pitinement interminale et touffant, enfin, $ui remplissait peu peu toute la ville et$ui, soir apr*s soir, !onnait sa voix la plus fi!*le et la plus morne l%ostination aveugle $ui, !ans noscIurs, remplaSait alors l&amour- * (page 70)-; &e 'ils du /uge @t"on resta creus ainsi pen!ant !e longues secon!es, secou !e frissons et !etremlements convulsifs, comme si sa fr"le carcasse pliait sous le vent furieux !e la peste et cra$uaitsous les souffles rpts !e la fi*vre. La ourras$ue passe, il se !ten!it un peu, la fi*vre semla seretirer et l%aan!onner, haletant, sur une gr*ve humi!e et empoisonne o le repos ressemlait ! la mort. uan! le flot rJlant l%atteignit nouveau pour la troisi*me fois et le souleva un peu, l%enfantse recro$uevilla, recula au fon! !u lit !ans l%pouvante !e la flamme $uui le rJlait- * (page MI)-; %aneloux malade sentit se lirer ses poignets et ses tempes les flots !chaTns !%une fi*vre$u%il couvait !epuis plusieurs ours- * (page 20M)-

; &agonie de ?arrou est ce !ur comat avec l%ange* (page 2I7) ; L%orage $ui secouait ce corps!e souresauts convulsifs l%illuminait !%clairs !e plus en plus rares et =arrou !rivait lentement aufon! !e cette temp"te- UYW (ette forme humaine $ui lui U1ieuxWavait t si proche, perce maintenant!e coups !%pieu, rJle par un mal surhumain, tor!ue par tous les vents haineux !u ciel,s%immergeait ses yeux !ans les eaux !e la peste et il ne pouvait rien contre ce naufrage. Kl !evaitrester sur le rivage- * (page 2V)-

5autres images spanouissent c"eD le littraire quest ?arrou : uan! l%innocence a les yeuxcrevs, un chrtien !oit per!re la foi ou accepter !%avoir les yeux crevs- * (page 20#) ; il voit son /ugede pre transform par sa roe rouge, ni onhomme ni affectueux, sa ouche grouillait !e phrasesimmenses, $ui, sans arr"t, en sortaient comme !es serpents. * (page 224)-


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; dplo!er cette vision 'antastique : :oye/0le, cet ange !e la peste, eau comme Lucifer et rillantcomme le mal lui0m"me, !ress au0!essus !e vos toits, la main !roite portant l&pieu rouge hauteur!e sa t"te, la main gauche !signant l&une !e vos maisons- * (page M3)-; personni'ier plus dramatiquement la peste : -i auour!%hui la peste vous regar!eY * (page M2) ; La peste entre che/ vous, s%assie! !ans votre chamre et atten! votre retour. 7lle est l, patiente etattentive, assure comme l%or!re m"me !u mon!e. (ette main $u%elle vous ten!raY * (page M3); lever la peste au rang du m!t"e par cette image ilique : 6ans l&immense grange !e l&univers, le

flau implacale attra le l humain us$u& ce $ue la paille soit spare !u grain. * (page M2)- &emot flau*+ qui dsigne daord la pice de ois randie dans lair (do> l%invisile flau $uirassait inlassalement l%air chau!*+ page M7 ; le sifflement !u flau* Upage VVW qui domine laville) puis aattue sur le l+ dsigne ensuite la calamit qui est+ selon la tradition+ linstrument de lacolre de 5ieu contre les "umains- &e l humain * reprsente l"umanit et en particulier les@ranais F la paille*+ les mc"ants+ les pc"eurs F le grain*+ les ons-; dicter des maximes pseudo;vangliques : La souffrance !es enfants tait notre pain amer, maissans ce pain, notre +me prirait !e sa faim spirituelle- * (page 20I) ; Kl fallait seulement commencer marcher en avant, !ans la tn*re, un peu l%aveuglette, et essayer !e faire !u ien - * (page 20V) ; Kl n%est pas !%Tle !ans la peste- * (page 207)-

amus aurait donc pu /ouer des mo!ens quo''re la posie+ se livrer lampli'ication pique- Oa

pudeur lui 'it repousser toute ostentation+ retrouver la sorit lgante des grandes proses quisavent dire peu pour signi'ier eaucoup-est dailleurs+ dans une large mesure+ gr8ce la 'orme+ laquelle il avait prt le plus grand soin+quil a russi exprimer dune manire co"rente et puissante certains aspects les plus inquitants delexprience "umaine- ,ussi allait;il stonner qu la parution du livre la critique ait trouv si peu dec"ose en dire-


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dans des arc"itectures uraines+ qui prtent lastraction- lui seul+ ce cadre strile est une varitde peste-&a analit de la ville permit amus une discrtion suggestive en ce qui concerne les extrieurs *-6uelques prcisions topograp"iques ( La place !%)rmes, les oulevar!s, la promena!e !u Eront0!e0er * Upage 22W+ la rue Eai!here* Upage 24W)+ quelques mentions de la vgtation ( les ranches!es ficus et !es palmiers pen!aient, immoiles, grises !e poussi*re* Upage #3W)+ quelques represaut"entiques dans un monde de cauc"emar+ 'ournissent un support vraisemlale lallgorie-

ependant+ rues+ gare+ cat"drale+ "Cpital+ port+ ces dcors tou/ours st!liss+ ont un caractre plusemlmatique que 'igurati'-@ran est encore une une ville or!inaire* (page ) o> slvent+ caractristiques des villesd,lgrie+ les o!eurs !e vian!e grille et !%alcool anis * (page 2VM) F une ville aune et grise,mo!rment anime cette heure, our!onnante plutNt $ue ruyante, heureuse en somme, s%il est

possile $u%on soit la fois heureux et morne- * (page 42) F une ville lai!e et neutre $ui vautprcisment par cette insignifiance UYW Kl y circule une foule anale, tout enti*re ete !ans uneexistence sans relief G travail, cinma, aigna!es, on n&y soupSonne gu*re $ue puissent exister!&autres valeurs $ue l&argent et l&agitation. :ille sans +me et sans recours, sans amour aussi U---WUref,une cit $ui a per!u le sens !e la vraie vie - * et amateur de plages qutait amus se plaisaitdailleurs a''irmer qu@ran avait prmdit son ddain de la mer pour mieux se consacrer sesa''aires-

&es @ranais sont montrs comme de purs "donistes qui ont !u goJt pour les oies simples, ilsaiment les femmes, le cinma et les ains !e mer * (page 2)+ ces derniers+ de /our comme de nuit+a!ant t lun des plaisirs 'avoris de amus lpoque de K'oces (voir notamment K%'oces =ipasa)- Lt on peut supposer que ce qui est voqu comme cette passion !e vivre $ui croTt au sein!es gran!s malheurs*+ une para!e !e eunes hommes et !e eunes femmes V a el et ien lieu+sans quil ! ait la moindre peste+ tous les ours, vers on/e heures, sur les art*res principales V(pages 3;4)-

@r un des premiers e''ets de la squestration quils suissent est limpossiilit de se aigner dans lamer : Le soleil !e la peste teignait toutes les couleurs et faisait fuir toute oie. (&tait l une !esgran!es rvolutions !e la mala!ie. =ous nos concitoyens accueillaient or!inairement l&t avecallgresse. La ville s&ouvrait alors vers la mer et !versait sa eunesse sur les plages. (et t0l, au

contraire, la mer proche tait inter!ite et le corps n&avait plus !roit ses oies- * (page 0#)-&es @ranais sont aussi matrialistes+ des tres inconsistants+ rduits aux automatismes lmentairespar des proccupations insigni'iantes+ des sil"ouettes Ra'RaEennes- Lst voque toute une

population au tlphone ou !ans les cafs $ui parle !e traites, !e connaissements et !%escompte*(page 3)+ activits du commerce+ du courtage maritime et de la anque que amus a connues quandil a dA gagner sa vie pendant ses tudes en 'acult-1ien ne semlait prdestiner @ran devenir le lieu dvnements aussi tragiques (mais lacontingence c"oisit ses lieux au "asard) sinon linsouciance et la soumission aux "aitudes de ses"aitants : (e $u&il fallait souligner, c&est l&aspect anal !e la ville et !e la vie. ais on passe ses

ournes sans !ifficults aussitNt $u&on a !es haitu!es. 6u moment $ue notre ville favorise ustementles haitu!es, on peut !ire $ue tout est pour le mieux- * (page 3)- 5u 'ait de ces "aitudes+ les@ranais sont incapales dimaginer la peste+ et cette incapacit rend impossile toute action rapide et

e''icace : Les flaux sont une chose commune, mais on croit !ifficilement aux flaux lors$u%ils voustoment sur la t"te. Kl y a eu !ans le mon!e autant !e pestes $ue !e guerres. 7t pourtant pestes etguerres trouvent les gens touours aussi !pourvus U---W'os concitoyens cet gar! taient commetout le mon!e, ils pensaient eux0m"mes, autrement !it ils taient humanistes G ils ne croyaient pasaux flaux. Le flau n&est pas la mesure !e l&homme, on se !it !onc $ue le flau est irrel- * (page40)- &tre "umain est tou/ours pris au dpourvu par les catastrop"es et il reste solidement en'erm+ limage des @ranais+ dans ses petites "aitudes- %uis le troupeau humain* allait vers les plaisirschaleureux $ui le !fen!aient contre le froi! !e la peste * pour une ouissance effrne * (page#0) non sans contradictions : 6ans le m"me temps o ils ressentent profon!ment le esoin !e

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chaleur $ui les rapproche, ils ne peuvent s%y aan!onner cepen!ant cause !e la mfiance $ui lesloigne les uns !es autres- * (page #)-&a religion 'ait partie de ces "aitudes-


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la lumi*re, tourner sur eux0m"mes et mourir pr*s !es humains* (page 2) en poussant leurspetits cris !%agonie*+ tals m"me le ruiseauavec une petite fleur !e sang sur le museau pointu*(page 22)- ais personne ne veut reconnaBtre la gravit de la situation : on ne veut voir dans la mortdes rats quun prolme d"!gine-%uis les "umains sont attaqus+ le processus tant la stupeur et la prostration, les yeux rouges, laouche sale, les maux !e t"te, les uons, la soif terrile, le !lire, les taches sur le corps,l%cart*lement intrieur, et au out !e tout celaX )u out !e tout cela, une phrase revenait au !octeur

?ieux, une phrase $ui terminait ustement !ans son manuel l%numration !es symptNmes G H%Le pouls!evient filiforme et la mort survient l%occasion !%un mouvement insignifiant%%. * (page 42)- &esvariations de la maladie sont dcrites avec mt"ode et sur le ton gal du praticien- &es deux aspectsprincipaux sous lesquels elle se mani'este sont caractriss+ lun par une in'lammation des ganglions( la peste uoni$ue*)+ lautre par une in'ection de lappareil respiratoire ( la peste pulmonaire*)-&a premire apparaBt surtout lt+ la seconde surtout l"iver-ar la peste se dveloppe apparemment en suivant le droulement des saisons : elle commence auprintemps+ atteint son point culminant en t+ avec les c"aleurs et les vents secs+ et disparaBtsuitement en "iver+ du 'ait dun essou''lement naturel ( moins que+ dans le livre+ ce soit cause dusrum de astel+ ce que personne ne peut a''irmer)-&orsque 1ieux prononce pour la premire 'ois le mot peste* (page 4)+ tous les administrateurssont pris au dpourvu-


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ais ce sont 1ieux et ses amis qui mettent sur pied des formations sanitaires* tandis que ledocteur astel semploie produire un srum partir des cultures du microe qui in'este la ville+ danslespoir dopposer la maladie un remde spci'ique- Llle sattnue et disparaBt sans quon sac"ecependant si cest un e''et du srum ou un processus naturel-

&e mme ralisme domine lvocation des personnages-


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omme les protagonistes+ tout en prservant une part de m!stre+ incarnent c"acun une des attitudespossiles en 'ace du mal et du mal"eur+ il 'aut donc les examiner selon un ordre signi'icati'-5eux dentre eux+ pourtant aux antipodes lun de lautre+ sont des solitaires qui+ alors que tous lesautres personnages talissent ou essaient dtalir des relations avec autrui+ que ce soit traverslengagement+ la compr"ension+ lamiti ou lamour+ se tiennent lcart : ottard et %aneloux-

ottard

est un criminel (auteur dun crime+ dont nous ne savons rien+ mais qui nest pas un assassinat+ seulcrime que sans doute ni 1ieux+ ni ?arrou nauraient pu admettre) qui sidenti'ie+ semle;t;il+ aupersonnage du KProc*s de Qa'Ra : :oil un malheureux $u%on arr"te un matin, tout !%un coup. Ons%occupait !e lui et il n%en savait rien. On parlait !e lui !ans !es ureaux, on inscrivait son nom sur!es fiches. :ous trouve/ $ue c%est usteY :ous trouve/ $u%on a le !roit !e faire Sa un hommeY *(page I#)- %our c"apper la /ustice ou pour lancer un appel au secours (il a crit sur sa porte : 7ntre/, e suis pen!u*)+ il tente de se suicider-5evant le 'lau+ lui qui vit en de"ors de la collectivit+ semle prouver une malsaine satis'action dansle mal"eur de ses concito!ens+ se r/ouit dc"apper ainsi au c"8timent- svit la peste+ il prononce sonpremier sermon-


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entre la peste et les pc"s des @ranais auxquels il reproc"e leur mollesse+ leur indolence en matirede spiritualit+ leur con'iance en la piti de 5ieu quoi quils 'assent-


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les innocents+ comme dans le cas de len'ant du /uge : Kl n%y avait rien sur la terre !e plus important$ue la souffrance !%un enfant* (page 203)- e mart!re est un scandale que lesprit re'use daccepter-me lide consolante que l8me de cet en'ant connaBtra les dlices du paradis ne su''it pas comme

/usti'ication- Ln e''et+ peut;on /uger ce qui pse plus lourd dans la alanceJ ui pouvait affirmer eneffet $ue l%ternit !%une oie pouvait compenser un instant !e la !ouleur humaineY * (page 203)-5onc le doute pourrait germer dans lesprit du c"rtien- ais ce doute est inacceptale puisque+ selon%aneloux+ les desseins de 5ieu sont impntrales- &e cro!ant doit se soumettre ce quil ne peut

comprendre : Kl faut tout croire ou tout nier* (page 204) car la 'oi c"rtienne naccepte pas les demi;mesures+ elle naccepte que le tout ou le rien : ou ien nous acceptons 5ieu et sa cration+ ou iennous les re'usons- Oi nous les acceptons+ il 'aut vouloir tout ce qui existe parce que 5ieu a ien vouluque cela exist8t : 6ieu faisait auour!%hui ses cratures la faveur !e les mettre !ans un malheur tel$u%il leur fallait retrouver et assumer la plus gran!e vertu $ui est celle !u =out ou ?ien- * (page 204)-


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surprenantJ il a vu son pre+ qui tait avocatgnral+ demander la tte dun criminel+ ce qui lui 'ait dire : 2e souffrais ! !e la peste ien avant!e connaTtre cette ville et cette pi!mie- * (page 222)-@r son pre tait de naturel onhomme*+ menait une vie tout 'ait normale+ a!ant quelquesaventures amoureuses et une manie : le gran! in!icateur (haix tait son livre !e chevet* (page223)- ais il a+ avec un calme et une onne conscience in"umains+ prononc un rquisitoire contre unpetit "omme au poil roux et pauvre+ qui suait de peur+ rclam la mort !e cet homme au nom !e lasocit* : 2e sentais $u&on voulait tuer cet homme vivant et un instinct formi!ale comme unevague me portait ses cNts avec une sorte !&aveuglement ent"t. * (page 224)-


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!goJtante oucherie- * (page 22#)- 7t c&est pour$uoi &ai !ci! !e refuser tout ce $ui, !e pr*s ou!e loin, pour !e onnes ou !e mauvaises raisons, fait mourir ou ustifie $u&on fasse mourir. * (page22#)- + malgr le laeur $u%ilfournissait, il restait touours ienveillant et attentif- * (page 77)- ,lors que son re'us de toute actionqui puisse entraBner la mort dun tre "umain lui rend di''icile la vie en temps normal+ il apprcie toutce quil entreprend avec les 'ormations sanitaires pour comattre la peste puisque que cela ne peutquaider sauver des vies ou allger des sou''rances-

,!ant nou avec 1ieux une amiti virile+ il lui rvle que la peste lui o''re une situation exceptionnelle

pour devenir+ en suivant les rgles de sa morale qui sont la comprhension* (page 23) et la sympathie*+ un saint : Peut0on "tre un saint sans 6ieu+ demande;t;il son ami+ c&est le seulprol*me concret $ue e connaisse auour!&hui- * (page 230)+ ce qui est le contraire du propos de%ascal : %our 'aire dun "omme un saint+ il 'aut ien que ce soit la gr8ce+ et qui en doute ne sait ceque cest que saint et qu"omme (KPenses)- ,ussi ne veut;il pas devenir un saint tel que lNglisele d'init communment en raison du trs "aut degr de per'ection c"rtienne quil a atteint durant savie+ mais un saint la#$ue*+ car il ne croit pas en 5ieu- ette saintet sans 6ieu* correspond unensemle d"aitudes+ aux notions de perfection*+ de patience* et de vertu*+ au travail pour leien+ ou+ d'aut aux e''orts pour viter le mal+ la qute de la paix intrieure- Oi indi''rent quilveuille ltre lgard de la religion+ il propose son action une 'in qui dpasse ses o/ecti's "umains-


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des malades et de 'reiner la propagation de la peste avec les mo!ens dont c"acun dispose- &e casc"ant+ il ne 'aut pas craindre une volont do''ensive qui sac"e risquer pour une c"ance de gurisonune intervention douloureuse et peut;tre mortelle-


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grandeur d8me+ mais par "onntet- 1ien que la terre * pourrait tre sa devise-


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simplement ce $u&on appren! au milieu !es flaux, $u&il y a !ans les hommes plus !e choses a!mirer $ue !e choses mpriser. V (page 27M)-


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s!mole+ amus stant dailleurs donn la part elle en en 'aisant une maladie et de ses principaux"ros un mdecin et un in'irmier : pour qui a c"oisi de soigner ses semlales+ il est ais de ntre ni victime ni ourreau*+ tandis que le /uge et le soldat+ pour ne pas parler du politicien+ peuvent avoir condamner ou tuer-&a peste reprsente autre c"ose que la simple pidmie+ dautant plus que des lments du romanseraient inadquats sils ne se rapportaient qu une pidmie- &ouvrage doit se lire+ comme amuslui;mme la indiqu+ sur plusieurs portes*- @n peut donner du 'lau di''rentes interprtations-

&es lecteurs de M47 ne pouvaient manquer de voir dans le 'lau imaginaire le 'lau concret dont ilsvenaient de 'aire latroce exprience : le naDisme (quon a dailleurs appel la peste rune *)+ laOeconde 9uerre mondiale+ l@ccupation+ certains lments ne trouvant leur plein sens que dans unecorrespondance avec la ralit rcente des annes noires-&es ractions de la population d@ran devant la mort des rats+ la rticence et les "sitations deladministration dcrter des mesures dcisives+ son re'us dassumer ses responsailits+ 'ontpenser lincapacit des dmocraties occidentales comprendre le danger de la monte du naDismeet lattitude du gouvernement de Xic"!-&a sparation d@ran avec le monde extrieur est une image de celle qui sest impose entre la=rance et ses colonies (comme l,lgrie) F du manque de contacts dans la =rance domine par les

,llemands entre la Done lire et la Done occupe qui taient spares par une ligne de dmarcation+

le passage de lune lautre tant di''icile sinon impossile F de ltalissement par les ,llemands+pour des moti's de sgrgation raciale+ de g"ettos+ comme celui de Xarsovie qui tait isol du reste dela ville par une "aute muraille et qui 'ut le sige+ en M44+ dun soulvement cruellement rprim-@ran squestre+ cest la =rance occupe par les ,llemands- &es rglements dicts+ les tracasseriesadministratives+ les interdits de toute espce+ le couvre;'eu+ les restrictions+ le rationnement+ lesqueues devant les outiques approvisionnes de produits ersatD *+ le marc" noir+ sont semlalesaux situations de ce genre suies pendant la guerre- 5ailleurs+ certains aspects de la vie @ran 'ontpenser une ville occupe plutCt qu une ville en proie la peste F ainsi+ les cinmas restent ouverts-@n peut voir les camps de quarantaine (pages 2I;27) comme une allusion aux camps deconcentration- &incinrateur o> les cadavres sont rAls par mesure d"!gine lorsque la peste aatteint son parox!sme (pages V4;V7) 'ait penser aux 'ours crmatoires des camps dextermination+la peste la 'in tant rappele surtout par cette o!eur !e mort $ui stupfiait tous ceux $u%elle ne

tuait pasUYW ce peuple aasour!i !ont tous les ours une partie, entasse !ans la gueule !%un four,s%vaporait en fumes grasses, pen!ant $ue l%autre, charge !es chaTnes !e l%impuissance et !e lapeur, atten!ait son tour- * (page 2VM)-5es enterrements dans des 'osses communes (pages V;V4) les naDis en 'irent la suite de leursmassacres dans de nomreux pa!s dLurope-&a lutte de 1ieux et de ses compagnons contre le microe+ lorganisation des formations sanitaires*de volontaires+ sont une transposition de la 1sistance lennemi+ mais aussi du re'us plus gnralde pactiser avec la violence-&es 'tes dans les rues d@ran la 'in de la peste reproduisent la liesse populaire qui a d'erl aumoment de la &iration-amus+ qui avait travaill au roman pendant la Oeconde 9uerre mondiale+ 'ut le premier soulignerlintrt de cette interprtation : H%La peste%%, !ont &ai voulu $u&elle se lise sur plusieurs portes, a

cepen!ant comme contenu vi!ent la lutte !e la ?sistance europenne contre le na/isme. Lapreuve en est $ue cet ennemi, $ui n&est pas nomm, tout le mon!e l&a reconnu, et !ans tous les pays!&7urope. V

ais ce serait triquer sa signi'ication que de rduire l$uvre une condamnation du rgime "itlrien-&es mal'ices de la peste ne sont lapanage ni dune personne ni dune nation-5ans une perspective "istorique encore+ on peut considrer que K %La peste%%ne stigmatisait pas que lenaDisme : tait condamn aussi le communisme dans lequel on peut dailleurs voir une pesterouge *- 1oland Part"es qui+ alors proc"e du marxisme+ critiquait son roman+ amus rpondit en

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Ln'in+ le p"ilosop"e quest le vieil Lspagnol rvle : u%est0ce $ue Sa veut !ire, la pesteY (&est lavie, voil tout.* Gotre vie qui+ de toute 'aon+ est voue la mort- 6uelles que soient notre ric"esseou notre puissance+ elle met un terme d'initi' toutes nos activits et nos espoirs+ sans que nouspuissions prvoir le moment o> elle surviendra- 6uand il est question de la mort+ nous avons lesentiment que nous ne sommes pas concerns : ce sont tou/ours les autres qui meurent- Gous /ouonstous la comdie de la vie+ mais le dernier acte peut arriver tout instant+ de 'aon inattendue etdramatique- Gous sommes tous des condamns mort+ mais nous 'aisons tout pour en re'ouler la

pense+ pour la passer sous silence+ pour loulier+ lluder- %resque c"aque /our les quotidiensconsacrent la plus neutre de leurs grandes pages aux avis de dcs- ais nous les lisons peine dslors que nous ne connaissons pas les personnes+ que ce ne sont que des morts ordinaires *+ desmorts naturelles *-


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&es solutions proposes

K%La peste%%nous invite regarder en 'ace les 'laux+ quels quils soient+ et c"erc"er patiemment+lucidement+ ce que nous pouvons 'aire contre le mal- &a vise t"ique du roman est indniale+ maiselle nest /amais rduite une prdication simpliste-

&e 'lau a daord un pouvoir didactique dans la mesure o> il nous 'ait dcouvrir lcart qui nous

spare du monde+ qui en spare tous les tres "umains+ nous 'ait donc dcouvrir un lien qui nousrattac"e l"umanit : Le premier progr*s !&un esprit saisi !&tranget+ nota amus dansK%?emar$ue sur la rvolte%% (M4I)+ est !onc !e reconnaTtre $u&il partage cette tranget avec tous les"tres humains et $ue la ralit humaine !ans sa totalit souffre !e cette !istance par rapport soi etau mon!e- * &e roman allait montrer la porte de cette initiation-Ln e''et+ dans K%La peste%%+ pour la premire 'ois+ amus ne se contenta pas dexprimer cetteasurdit+ il en proposa un dpassement+ il di'ia une morale- ,ussi put;on se poser la question dupessimisme ou de loptimisme du livre+ car+ si donne un taleau terri'iant dun 'lau+ il essaie deproposer des solutions-

&a premire est le on"eur- Pon"eur simple+ trs terre terre+ tel quil apparut d/ dans K L%trangermais surtout dans K'oces : se dorer au soleil+ prendre un ain de mer+ connaBtre lamiti+ serrer dans

ses ras une 'emme- Lt+ dans la terrile lutte contre la peste+ lauteur nous o''re deux moments derpit et de on"eur : le ain de lamiti que prennent 1ieux et ?arrou+ et en'in les retrouvailles desamants-&e goAt du on"eur dans lamour est dailleurs exacer+ rendu plus intense par lide de la mortomniprsente+ do>+ @ran+ tous les ours, vers on/e heures, sur les art*res principales, une

para!e !e eunes hommes et !e eunes femmes o l%on peut prouver cette passion !e vivre $ui croTtau sein !es gran!s malheurs- * (pages 3;4)-&e docteur 1ieux place le on"eur plus "aut que la saintet parce quil est lgitim par lamour- &tre"umain nest peut;tre pas "eureux+ mais+ gr8ce lamour+ il a une c"ance de le devenir- estpourquoi 1ieux nadresse aucun reproc"e 1amert qui veut quitter clandestinement la ville a'in dere/oindre son pouse : aucun moti' nest asseD 'ort pour tre oppos la rec"erc"e du on"eur-&e on"eur est un mo!en de lutte contre la peste+ contre loppression et contre lasurde- propos

des e''orts 'aits par 1amert et par dautres amants pour retrouver ltre aim+ 1ieux crit : (&tait lleur mani*re !e refuser l&asservissement $ui les menaSait U---W?amert luttait pour emp"cher $ue lapeste le recouvrTt- * (page 3)-&e t"me du on"eur est le leitmotiv de l$uvre de amus- ,insi ne 'aut;il pas voir en lui un auteurdsespr+ un moraliste du mal"eur- ette rec"erc"e du on"eur+ de la /oie+ de lamour+ ledi''rencient totalement de Oartre-


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&a seconde attitude prendre devant lasurdit de condition "umaine+ la vraie solution+ rside danslaction- ,u;del de la protestation sans rel8c"e+ de la rvolte conue sur un mode individuel+ l"eurede la littrature engage+ amus proposa une t"ique de la responsailit+ une morale collective etaltruiste+ la 'raternit dans le comat car il y a !ans les hommes plus !e choses a!mirer $ue !echoses mpriser.* est dans la rvolte partage que les personnages de ce livre dcouvrent la'raternit et un sens de la solidarit "umaine qui impose des limites la qute du on"eur individuel-Ntaient ainsi re/ets aussi ien le retrait dans la tour divoire que la rec"erc"e de le''icacit tout prix-

ette coopration 'raternelle est+ aux !eux de amus+ le t"me essentiel de louvrage- (ompare H%L%tranger%%+ crivit;il dans la K%Lettre ?olan! Uarthes+ H%La peste%% mar$ue sans !iscussion possilele passage !&une attitu!e !e rvolte solitaire la reconnaissance !&une communaut !ont il faut

partager les luttes. -&il y a volution !e H%L%tranger%% H%La peste%%, elle s&est faite !ans le sens !e lasoli!arit et !e la participation- * Kl tait ien vrai $ue les hommes ne pouvaient pas se passer !eshommes- * (pages 7V;77)omme nous ne sommes pas seuls sou''rir+ nous ne devrions pas tre seuls agir- &a volont d"tre un homme* de 1ieux est avant tout la volont de c"erc"er servir l"umanit- &a servir+ non lasauver+ ce qui serait c"imrique ou dangereux+ car les t!rans les plus meurtriers sont les t!ransmtap"!siciens-


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a''ecte notre conscience- est l son avatar de prdilection+ le plus pernicieux+ mais le plusrvlateur- ais son rCle est aussi doliger les gens quitter leurs "aitudes+ et de les 'orcer+ unr!t"me tou/ours croissant mesure quelle devient plus intense+ se rendre compte du 'ait que la vie+qui est leur plus grand ien+ leur est mesure- travers les entraBnements de la violence et lestentations de la l8c"et+ elle 'ournit des occasions dcisives de /uger les 8mes-&es rprouvs * sont ceux qui+ pour leur propre avantage+ consentent se ranger du cCt deladversaire+ cest;;dire+ dun univers asurde F ou ceux qui+ au nom de lamition+ de la /ustice+ de la

politique+ ou de la religion+ se montrent prts augmenter le mal"eur de leurs proc"ains en /usti'iantla sou''rance ou en d'endant le meurtre- &es lus * sont ceux qui sont du cCt de la vie et duon"eur+ qui+ sans aucun recours extrieur+ 'ace une communaut+ de prils+ talissent unecommunaut de responsailits+ se vouent lutter contre cette "orrile contagion+ qui donnentlexemple de la lucidit et de la maBtrise+ qui sont rsolus+ camps en 'ace dun monde qui se droe toute signi'ication rassurante+ qui re'usent au sentiment du nant le droit de dtruire en eux la notiondun univers "umain+ qui retrouvent+ au c$ur mme du dsespoir+ leur raison dtre dans la 'raternitdune rvolte contre la situation qui leur a t 'aite-&a morale explicitement anti;"roEque du livre sappuie sur une triple certitude : luniversalit du mal+qui rend drisoire lexaltation individuelle F limpuissance de lintelligence rendre compte du 'lau F etle sens de la 'raternit qui+ sous lin'luence du mal+ rend+ souvent malgr eux+ les "umains solidaires-

ependant+ quest;ce qui peut dcider si notre action est /usti'ialeJ Ge risquons;nous pas de nousengager pour le malJ e risque existe ien sAr et lindividu est totalement responsale du c"oix quilaura 'ait- ?arrou discute avec 1ieux de ce prolme- Oon engagement dans les mouvementsrvolutionnaires la!ant 'orc comattre le mal en 'aisant lui;mme le mal+ il en est arriv laconclusion quaucune action nest /usti'iale si elle entraBne la violence et la mort- ais amus na

/amais ni que+ dans certains cas exceptionnels+ la violence doive tre une arme+ mais il sest tou/oursre'us ce quelle puisse tre une politique---

1e'usant la transcendance+ ne mandatant pas le devoir de rsistance l"orreur par une volontsuprieure+ ne donnant pas sa morale une /usti'ication mtap"!sique+ 'aisant de la rdemption unea''aire strictement "umaine et non pas divine+ a''irmant une con'iance raisonne dans notre capacit introduire dans le monde plus de on"eur et plus de /ustice+ amus a ien propos un "umanisme

laEque et positi'- %ourtant+ le p"ilosop"e+ non sans un de ces curieuses arguties propres auxp"ilosop"es+ sest dissoci de l"umanisme- 5ans la pr'ace quil donna en MIM au livre de Sean9renier+ K%Les Tles+ il crivit : 2e lui !ois un !oute $ui n%en finira pas et $ui m%a emp"ch, parexemple, !%"tre un humaniste au sens o on l%enten! auour!%hui, e veux !ire un homme aveugl par!e courtes certitu!es- * Lt+ dans K%La peste%%mme+ il se moque : 'os concitoyens cet gar!taient comme tout le mon!e, ils pensaient eux0m"mes, autrement !it ils taient humanistes. *(page 40)-@n peut voir en lui un stoEcien+ mais sans tristesse et sans pdantisme+ un stoEcien sensile+ sensuel+gnreux-

5estine de loeuvre

&e livre parut le V /uin M47 et connut aussitCt un succs clatant- &e prix des ritiques+ qui tait alorsattriu pour la troisime 'ois+ lui 'ut dcern le 3 /uin et lempc"a de concourir lautomne pour le9oncourt-ette $uvre ne cessa dappeler sur elle des /ugements contradictoires- Llle irrita les uns+ comla lesautres+ veilla partout des rsistances ou des complicits- e 'ut surtout la porte p"ilosop"ique ; et+plus encore+ politique ; du roman qui occupa lattention de la critique 'ranaise au moment o> il parut-%ourtant+ amus avait prt le plus grand soin la 'orme de l$uvre+ et stonna que la critique eAttrouv si peu de c"ose en dire-Llle 'ut critique le plus svrement par Oartre et ses amis de la revue K&es temps modernes :

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=rancis Seanson (dans K&es temps modernes+ mai MI2) reproc"a amus lattitude dec"roniqueur+ de tmoin impassile+ que maintient 1ieux+ prtendit que les vnements de K %La peste%%sont vus par une su/ectivit "ors situation * qui ne les vit pas elle;mme et se orne lescontempler*- amus rtorqua : '&importe $uel lecteur, m"me !istrait, !e H%La peste%%, la seulecon!ition $u&il veuille ien lire le livre us$u&au out, sait pourtant $ue le narrateur est le !octeur ?ieux,hros !u livre et $ui est plutNt pay pour connaTtre ce !ont il parle. -ous la forme !&une chroni$ueoective crite la troisi*me personne, H%La peste%% est une confession et tout y est calcul pour $ue

cette confession soit !&autant plus enti*re $ue le rcit en est plus in!irect. 'aturellement on peutappeler !gagement cette pu!eur, mais ce serait supposer alors $ue l&oscnit est la seule preuve!e l&amour- * (&ettre au directeur des K %=emps mo!ernes%%+ date du 30 /uin MI2+ reprise dansK%)ctuelles KK%%sous le titre K%?volte et servitu!e%%)-@n contesta que tmoigner en faveur !e ces pestifrs, pour laisser !u moins le souvenir !el%inustice et !e la violence* (page 27M) soit un idal su''isant-@n considra que les remarques 'inales de 1ieux restent plutCt vagues et gnrales+ quil sagit dunappel une rsistance toute 'orme de mal+ quen tant que mdecin+ il se limite comattre le mal et soulager la douleur+ quil nessaie pas de les viter et den anal!ser les causes+ de dterminer lespossiilits de se prmunir contre lui+ que lauteur se droait laction politique proprement dite+ cequi seul est e''icace : un appel la lutte contre des causes prcises et nettement dsignes+ contreles structures ou les individus responsales de lexploitation et de la guerre (Xous tes inutile+

dmoilisateur ] *) F@n se demanda avec quelque ironie quelle est la porte de ce que =rancis Seanson appela une morale de roix;1ouge * qui+ au prix dune con'usion entre le mal "umain et le mal naturel+ porte soulager les victimes dun 'lau sans se proccuper des conditions "istoriques de celui;ci : XousaveD pu U---W 'aire tenir le rCle de l,llemagne par des microes+ sans que nul ne savis8t de lam!sti'ication *+ crivit Oartre-1oland Part"es se demanda 1ieux et ses quipiers seraient capales de lutter les armes la maincontre un 'lau qui ne viendrait pas des rats+ mais des "umains- amus lui rpondit et releva avecvivacit cette critique : La $uestion $ue vous pose/ U---W : ue feraient les comattants !e H%La

peste%% !evant le visage trop humain !u flauY V est inuste en ce sens $u&elle !oit "tre crite aupass et $u&alors elle a ! reSu sa rponse, $ui est positive. (e $ue ces comattants, !ont &aitra!uit un peu !e l&exprience, ont fait, ils l&ont fait ustement contre !es hommes, et un prix $ue

vous connaisse/. Kls le referont sans !oute, !evant toute terreur et $uel $ue soit son visage, car laterreur en a plusieurs, ce $ui ustifie encore $ue e n&en aie nomm prcisment aucun pour pouvoirmieux les frapper tous- *ic"el arrouges parla dune pure action de ien'aisance * et cita propos lap"orisme clred,ndr 9ide : est avec de eaux sentiments que lon 'ait de la mauvaise littrature- *amus rpondit ces reproc"es :; son premier ut tait que ZLa peste%%puisse servir toutes les rsistances contre toutes les t!ranniesF; il ne voulait pas dterminer qui est responsale du mal"eur ou des in/ustices F; il voulut montrer comment les comattre et comment vaincre les t!rannies+ quon ait pu lesempc"er ou non-K%La peste%%+ selon lui+ est un tmoignage !e ce $u&il avait fallu accomplir et $ue sans !oute Ules

"ommesW !evraient encore accomplir contre la terreur et son arme inlassale, malgr leurs!chirements personnels- *

%arue le V /uin M47+ K%La peste%%otint immdiatement un immense succs et se vit attriuer+ unesemaine plus tard+ le prix des ritiques- &e livre 'ut tir cent mille exemplaires avant la 'in de lanneet rapidement traduit en seiDe langues- Oelon un commentateur+


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il laissatomer demle le monologue+ parce quil naimait pas lide dun narrateur qui se distancie del"istoire quil raconte+ o> il aandonna le st!le neutre et lo/ectivit caractristiques de lcriture deamus+ et 'it le c"oix+ invitale au t"8tre+ de dvoiler ds le dpart lidentit du narrateur- Oon texte'ut crit du point de vue du docteur 1ieux+ qui revient sur les lieux aprs la peste pour enregistrer sessouvenirs sur magnto-


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88 Camus La Peste

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